17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 21:07

Comme les gens de goût le savent un évènement de grande importance s’est déroulé cette semaine (non, pas les résultats de mi-parcours des TM Golden Blog, seriously, revoyez vos priorités). Pour ceux qui ne verraient pas du tout de quoi il s’agit, je propose une petite rétrospective. Il n’est jamais trop tard pour découvrir un chef d’œuvre, pas vrai ?

 

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En 2001 un monsieur répondant au doux nom d’American McGee, développeur chez Electronic Arts, sortait son propre jeu, librement inspiré du célèbre conte de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles et de sa suite, Alice de l’autre côté du miroir. Mais voilà, ne vous attendez pas à une adaptation gentillette et ordinaire comme fut le film pourtant très attendu de Tim Burton. Non, là on joue dans un tout autre domaine. Car oui, le jeu est déconseillé aux moins de 16 ans si je me souviens bien. Devinez pourquoi  !

 

 

Notez l'utilisation de la comptine

Alice est une petite fille à l’imagination débordante qui aime voyager au Pays des Merveilles. Mais voilà qu’une nuit, un incendie ravage sa maison et la laisse seule survivante. Après avoir assisté à la mort de ses proches, elle plonge dans la folie et se fait internée à l’asile Rutlege pendant de nombreuses années. Allongée sur son lit d’hôpital, le regard vide, la pauvre Alice mène une existence guère enviable jusqu’au jour où son lapin en peluche prend vie et l’incite à le rejoindre au Pays des Merveilles. Après une longue chute dans son inconscient, elle retrouve finalement ce monde fantastique désormais dévasté et cauchemardesque que dirige d’une poigne de fer la terrible Reine de Cœur.

 

J’ai découvert American McGee’s Alice dans les années 2007 grâce à un ami de lycée qui, connaissant mon amour immodéré pour le conte de Lewis Carroll, eut la bonne idée de m’apprendre l’existence de ce jeu. Au départ il m’avait montré le manuel de jeu qui, en lui-même, est vraiment intéressant. En effet toute l’aventure d’Alice se déroule au Pays des Merveilles et le manuel s’en fait l’écho en racontant sous forme de journal, la vie de la jeune fille dans la réalité (qu’on ne voit jamais autrement en dehors des cinématiques), à travers le regard de son docteur. Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité. Dès le début j’ai su que ce jeu avait été fait pour moi et immédiatement j’étais fan.

 

 

 
American McGee’s Alice ne possède pas de gameplay extraordinaire et les graphismes, certainement très beaux à l’époque commencent à vraiment vieillir mais ce n’est pas ça le plus important. Le plus important c’est l’ambiance, l’histoire, les personnages qui font que ce n’est pas un jeu ordinaire. Pour commencer l’héroïne adopte un look qui flirte du côté du gothisme avec ses grandes bottes noires classes, son mascara prononcé, les taches de sang sur sa robe et cette fameuse tête de mort qui lui sert de nœud papillon (le détail qui tue). On est loin de la gentille blondinette de Disney, non cette Alice là est une adolescente brune aussi cynique que dérangée et elle n’hésite pas à massacrer ce qui se trouve sur son chemin. Elle possède une classe inouïe et la fragilité de sa santé mentale fait qu’à la base il est difficile de ne pas s’attacher à cette fille bizarre, brisée de l’intérieur et d’un aplomb incroyable à l’extérieur. Pour donner libre cours à ses instincts psychopathes elle a accès un certain nombre d’armes toutes inspirées de l’univers Lewis Carroll et toutes complètement perverties.
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Ainsi le premier soutien matériel d’Alice sera un couteau de boucher avec lequel elle peut trancher les têtes des cartes de cœur envoyées par la reine (vous voyez pourquoi c’est gore maintenant =D ?) mais ce ne sera pas le seul. Entre les cartes à jouer tranchantes comme des lames de rasoir, le maillet de croquet qui sert de massue, le diable en boîte qui fait office de bombe destructrice, les dés qui permettent d’invoquer des démons (démons qui n’hésitent pas à t’attaquer si tu utilises l’arme n’importe comment), les osselets à pics qui rebondissent contre les murs ou encore la montre qui stoppe le temps, il y a clairement de quoi s’amuser !

L’autre grand allié de cette nouvelle Alice, en dehors du couteau de boucher, est le chat du Chester qui a un peu maigri depuis le dessin animé Disney. Avec son corps squelettique, ses tatouages et ses percings, il a de quoi faire peur, c’est pourtant votre plus fidèle conseiller qui se complaît à apparaître de nulle part pour vous débiter des énigmes d’une voix doucereuse et disparaître comme il était venu avec un rictus plus maléfique que rassurant. Le chat du Chester respire le charisme à plein nez, c’est assez fou.

 

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A partir de ces quelques postulats de base vous êtes largués dans un pays qui n’a plus rien de merveilleux et il va falloir faire chauffer le couteau pour rejoindre le domaine de la Reine de Cœur et lui faire sa fête. D’ici là la route sera parsemée d’embûches : vous devrez, par exemple, traverser un échiquier où blancs et rouges se livrent une bataille sans merci (et assisterez en live à une décapitation =D), la vallée des larmes en étant toute petite (et les insectes ne sont pas très amicaux de ce côté-là), la terre de feu, le domaine du miroir et un labyrinthe avant d’enfin parvenir dans un palais qui semble organique et qui vous donnera la désagréable impression de marcher sur des morceaux de chair fraîche encore frémissants. Impression d’autant plus renforcée que la Reine de Cœur apprécie tout particulièrement l’usage des tentacules. Mais pour parvenir jusqu’à elle il faudra d’abord défaire ses acolytes dont le Chapelier Fou qui vit dans une antre mécanique remplie de rouages, d’horloges et de symboles sataniques ensanglantés ou pire, le Jabberwock, une créature aussi abominable que perfide.

 

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Je ne m’y connais pas assez pour juger des qualités techniques du jeu (même si certains l’ont trouvé un peu court) donc je m’attarderai surtout sur l’histoire. Car ce qui est intéressant dans American McGee’s Alice c’est que le Pays des Merveilles n’est qu’une métaphore représentant le monde imaginaire de l’héroïne. Il est, en somme, à son image et ses longues années d’internement en ont fait un pays de cauchemars et d’hallucinations morbides. Le but n’est alors pas juste de battre bêtement tous les monstres qui passent par là, c’est plus subtil : la Reine de Cœur est la personnification de la folie d’Alice, cette dernière ne peut donc espérer retrouver sa santé mentale qu’en la mettant en pièces. Tout repose donc plus ou moins sur sa volonté de s’en sortir malgré le terrible souvenir de l’incendie dont elle se sent responsable. Le jeu abonde de détails qui renvoient à cette folie omniprésente ou à la vie « réelle » d’Alice. Par exemple, l’omniprésence de petits gnomes qui ne peuvent s’exprimer qu’avec des bruits grotesques et qui sont tour à tour à l’air libre, cobayes des expériences du Chapelier ou enfermés dans des cellules capitonnées dont Tweedle-Dee et Tweedle-Dum sont les gardiens, ou encore le thème du temps qui est maltraité partout, sous toutes les formes possibles et imaginables.

 

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L’ambiance glauque d’American McGee’s Alice est accentuée par une bande-son superbe composée par Chris Vrenna qui a déclaré dans des interviews s’être largement servi d’instruments de musique « pour enfants » pour mieux les détourner et en extraire des sons inquiétants et déformés. Saupoudrez le tout de quelques chœurs féminins angoissants et de rythme très semblable à un compte à rebours et vous obtenez une assez belle réussite. Toutes les pistes sont vraiment chouettes mais je retiens tout particulièrement la très planante Flying on the Wings of Steam (qui paradoxalement est la moins en rapport avec le thème pays des merveilles), I’m Not Edible ou encore des thèmes qui ne se retrouvent malheureusement pas dans l’OST officielle comme celui du combat contre le Jabberwock et contre le boss final (celui-là donne des frissons).

 

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American McGee’s Alice est de loin mon jeu préféré et garde une place très particulière dans mon cœur. Je pense qu’il n’est clairement pas déplacé de le conseiller à tous les amateurs de jeux matures un peu gores, du livre original, aux gens qui ont été déçus par le film de Tim Burton ou plus globalement tous ceux qui aiment les expériences nouvelles. C’est vraiment un voyage intense dont on ne se remet pas.

 

Le rapport avec ces derniers jours ? Electronic Arts a annoncé il n’y a pas si longtemps qu’une suite était en préparation. Vous pensez bien que les fans ont commencé à saliver à cette annonce prometteuse. Un petit trailer est même sorti :

ATTENTION, déconseillé aux personnes sensibles (j’espère que vous n’êtes pas en train de manger)

 



Pour une amatrice comme moi, c’est clairement une excellente nouvelle. Dix ans après le jeu original, Alice : Madness Returns est enfin sorti sur PC, PS3 et Xbox, le 16 juin en France, le 14 aux USA. Et que dire sinon que ça l’air magnifique ? Le peu que j’en ai vu semble légèrement en dessous du premier Alice (pas de carte, ce qui est un peu dommage, certains lieux que j’aurais aimé revoir) mais ça a tout de même l’air d’un très bon titre. Donc oui, CECI est l’évènement le plus important de la semaine et rien, ni l’E3 ni la sortie de Duke Nukem Forever ou je ne sais quoi n’a pu faire monter mon enthousiasme au même point que Madness Returns. En plus j’ai cru comprendre qu’en achetant le nouveau jeu, on obtiendrait une version immatérielle d’American McGee’s Alice donc raison de plus pour se jeter sur ce produit et découvrir cet univers fascinant et profondément  morbide. Sur ce, vous m’excuserez, je suis tellement deg’ de ne pas avoir pu me procurer la version PC le jour de la sortie (visiblement on ne vend pas la version PC en magasin, grumbl) que je sens que je vais sortir dehors avec mon couteau de boucher pour me défouler un peu sur cette théière géante à œil de cyclope. Et après ça j’irai jouer au flipper avec une tête de bébé mort. Et je mettrais la robe à tentacules de la Reine de Cœur. Le sang va gicler dans les chaumières !

 


 
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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 16:18

[Je n’ai pas vraiment le temps de rédiger des articles en ce moment vu que je me concentre surtout sur le scénario du VN, sa réalisation et éventuellement quelques révisions pour mes rattrapages de juin, du coup faute de mieux je vous propose quelques unes des idées farfelues qui me sont venues à l’esprit ces derniers temps]

 

Si je venais un jour à diriger le monde, voilà ce que vous auriez comme liste de nouveaux animes :

 

Lucky Star – (Not) alone

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Le mec qui a conçu ce strip est un génie...


Univers alternatif de la célèbre série Kyoto Animation adaptée d’un yonkoma. Changement de design. Konata adore tout ce qui touche les animes, les jeux vidéos et la culture Internet, c’est une véritable otaku. Malheureusement peu de gens partagent cette étrange passion et elle n’est pas bien vu dans sa classe, notamment par les jumelles Hiiragi qui lui mènent la vie dure. Heureusement elle découvre un jour que l’élève la plus populaire de sa promotion, Miyuki, possède le même hobby qu’elle tente de garder secret. Commence alors une drôle d’amitié, mise à rude épreuve par le mépris des autres. Konata et Miyuki pourront-elles s’accepter telles qu’elles sont ? Ou finiront-elles par se renier ?

 

Recording

Dans la même lignée que REC, ce nouvel anime original vous propose d’entrer dans les coulisses du milieu du doublage. L’héroïne est une jeune fille fraichement sortie de l’école des seiyuus qui rêve de ressembler à ses idoles mais le chemin sera dur et semé d’embûches : rivalités, coups bas, conditions de travail parfois humiliantes (tel que devoir sucer les producteurs pour réussir ou du moins être incitée à), rôles dans des hentai ou des eroge qui forcent à abandonner une partie de sa dignité. Bienvenue du côté de la face cachée des animes…Cast composé et de vétérantes (Hashibara Megumi, Kotono Mitsuishi, Aya Hisakawa) et de nouvelles recrues.

 

Kara no Shoujo TV  (+18)

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Série de 26 épisodes à caractère mature. Reiji Tokisaka est un détective privé qui enquête sur demande d’un de ses anciens collègues sur une série de meurtres sanguinolents. Dans le même temps une jeune fille du nom de Touko Kuchiki lui demande de l’aider à trouver son véritable moi.

 

Denpateki na Kanojo OAV 3

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OAV tiré du dernier light novel non adapté de Katayama Kentaro.

 

Please save my earth – Alice in Dreamland

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Remake et séquelle des OAVs du même nom, cette série reprend le manga dans son intégralité. Alice est une jeune fille possédant le pouvoir de comprendre le langage des plantes. En dehors de cette étrange capacité, c’est une étudiante presque ordinaire. Un jour elle a un rêve, un rêve étrange se déroulant sur la lune. Bientôt elle découvre qu’elle n’est pas la seule à faire ce rêve et que d’autres lycéens vivent la même expérience. Seraient-ce leurs vies antérieures qui viennent les hanter ?

 

Ouran High School Host Club Saison 2

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Suite directe d’Ouran High School Host Club, cette nouvelle série reprend les péripéties d’Haruhi et compagnie dans leur richissime lycée pour toujours plus de rires.

 

Despera

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Le nouveau bébé des créateurs de Serial Experiments Lain se dévoile enfin !

 

Densha Otoko - Net Hatsu, Kakueki Teisha no Love Story

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Série d’OAVs mettant en scène un geek qui rencontre une belle jeune fille dans un train et la sauve d’un alcoolique un peu menaçant. Leur histoire paraît impossible et pourtant il va tout tenter pour saisir sa chance…avec le soutien de nombreux anonymes qui suivent l’avancée de son récit via Internet.

 

Ludwig Revolution TV

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Ludwig est un prince qui n’a de charmant que l’apparence : il aime les jolies filles mais uniquement quand elles sont mortes. Ce nécrophile cynique collectionne en effet toutes sortes de cadavres. Malheureusement son père le roi est lassé de ce hobby et le pousse à se marier. C’est ainsi que Ludwig part à l’aventure avec son fidèle serviteur Wilhem en quête d’une épouse qui lui conviendrait. Sur leur chemin les deux compères rencontreront des personnages des contes de fée des frères Grimm, tous plus dérangés les uns que les autres…Yoshita Fujinori dans le rôle d’un des deux protagonistes principaux (ce mec a besoin de plus d’opportunités, bordel).

 

Alien Nine ~Nightmare

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Remake et séquelle des OAVs du même nom, cette série reprend le manga dans son intégralité ainsi que sa suite Emulators. Yuri Ootani a la phobie des aliens. Pas de chance pour elle, ses petits camarades l’ont désigné pour faire partie du comité de chasse à l’alien de son école. Kumi et Kasumi Remake et séquelle des OAVs du même nom, cette série reprend le manga dans son intégralité, ses partenaires, semblent parfaitement à l’aise dans cette dure tâche mais Yuri n’arrive décidément pas à s’y faire et passe son temps à pleurnicher dans un coin. Et si c’était elle la moins fragile du lot finalement ?

 

Kanjou Kyouiku ~ Education sentimentale

Adaptation libre du roman de Flaubert. Le héros est une loque d’une passivité irritante, il ne fait rien de sa vie, n’a aucun talent, aucune personnalité jusqu’au jour où il rencontre une femme mariée dont il tombe amoureux. Dès lors il va tout tenter pour l’impressionner et se lance dans l’art, participe à des dîners mondains. Cependant sa médiocrité ne cesse de le rattraper : cloîtré dans sa propre oisiveté dans une époque blasée et décadente, il contre l’ennui par des ambitions d’ascension sociale. Mais quoi qu’il fasse, il ne cesse d’échouer lamentablement et par égoïsme détruit ses proches. Je veux le doubleur de Makoto pour celui-là =D.

 

Doubt : Rabbit’s Blood

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Adaptation libre du manga du même nom, cet anime nous présente un détective du nom d’Hajime qui tente de résoudre les mystérieuses disparitions ayant lieu en ville, dont celle de sa petite amie. Aurait-ce un lien avec le jeu à la mode, Rabbit Doubt ? Risquant sa vie pour découvrir la vérité, il se fait volontairement prendre au piège et rejoint un groupe de lycéens enfermés dans un bâtiment désaffecté qui s’entredéchirent lors d’un jeu macabre. Il n’a que quelques heures pour sauver sa peau et démasquer le coupable. Opening chanté par Yousei Teigoku. Kamiya Hiroshi dans le rôle d’Hajime. Musique : Ozawa Takumi.

 

Skip Beat Saison 2

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Suite directe de Skip Beat, cette nouvelle série reprend les péripéties de Kyoko Mogami, actrice en devenir en quête de revanche, dans le monde du show buisness.

 

Vitamin (Film)

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D’après l’œuvre de Suenobu Keiko : Sawako est une lycéenne banale qui essaye de s’intégrer le mieux possible dans la société jusqu’au jour où elle est aperçue dans une situation compromettante avec son petit ami. Elle devient alors la risée de son établissement et se fait brimée par tous ses camarades. Commence alors une lente descente aux enfers. Seul refuge face à l’ijime : le dessin. Sawako pourra-t-elle renouer avec ses rêves ? Insert song par Chiaki Ishikawa.

 

El Cazador de la Bruja ~Magia

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Où l'on découvre que même cette gourde de Nadie peut être classe, si, si...


Refonte alternative de l’univers El Cazador de la Bruja. Nadie est chasseuse de primes. Des missions elle en a accompli de tous types, des types elle en a flingué par centaines (sous-entendu : elle sait se servir de son pistolet cette fois, même que c’est un vrai, pas en plastique), rien ne lui fait peur. Aussi lorsque Blue Eyes, sa patronne lui demande de servir de garde du corps à Ellis, une jeune fille en fuite pour la protéger d’une organisation secrète, Nadie croit à une mauvaise blague. A contrecœur, elle accepte ce rôle mais les dirigeants de Leviathan ne l’entendent pas de cette oreille et envoient leur propre agent, L.A, pour mener à bien le projet Wiñay Marka « Ville Eternelle ». Studio : BeeTrain. Yuki Kajiura compose quelques nouveaux thèmes. FictionJunction Yuuka et Kalafina chargées des génériques.

 

Houkago Hokenshitsu TV

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Mashiro Ichijo a un secret : il n’est ni tout à fait homme, ni tout à fait femme, ou plutôt il est les deux à la fois. Jusqu’à présent il a toujours choisi de vivre en tant que garçon mais il est un jour convié à une séance mystique dans l’infirmerie de son lycée. Il y a plusieurs participants, tous endormis, qui se retrouvent dans un monde rêvé en quête d’une clé qui change d’emplacement à chaque fois. Cette clé est le seul moyen d’être diplômé. Or lors de cette séance Mashiro apparaît dans son rêve habillé en fille. Qu’est-ce que cela veut bien dire ? Qui sont les autres participants de ce cauchemar étrange ? Quel est son véritable but ? Musique : Kenji Kawai. Opening par Masami Okui ?

 

Boogiepop Intégrale

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Adaptation des light novels de Kadono Kouhei en 26 épisodes découpés en différents arcs. Le premier, « Boogipop Never Laughs », nous présente une ville en proie à des phénomènes étranges à travers les yeux de différents personnages. Selon la rumeur, un shinigami rôderait dans les parages la nuit. Mais n’est-ce qu’une rumeur ? Shimizu Kaori, Asakawa Yuu et Fukuyama Jun ont déjà annoncé reprendre leurs rôles respectifs (Boogiepop, Kirima Nagi et Masami Saotome). Même staff que pour Boogiepop Phantom.

 

God save the queen (Film)

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Après une adaptation en manga, l’histoire de Hiroshi Mori paraît enfin sur grand écran pour un trip plus psychédélique que jamais. Michiru Saeba et son robot Roidy sont perdus au milieu d’un désert lorsqu’ils tombent sur une cité entièrement coupée du monde extérieur qui les accueille à bras ouverts. Tout semble différent là-bas, une véritable petite utopie. Pourtant, peu de temps après leur arrivée, un homme est retrouvé mort…Même équipe que pour Le Portrait de petite Cosette. Maaya Sakamoto dans le rôle de Michiru Saeba ?

 

Kämpfer Wiedergeburt

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Univers alternatif de la série fanservice de 2009. Au programme des références otak’, de l’humour et surtout de la baston et du drame. Cette fois-ci le timide Senou Natsuru est bel et bien intégré de force au combat des Kämpfers par une peluche gore mais au lieu de se transformer en fille moe à gros seins il hérite d’une nouvelle persona complètement badass. Après avoir rejoint la tribu des bleus, il apprend de sa partenaire qu’il a été convié à un combat sans merci monté de toutes pièces par trois divinités du nom d’Héra, Athéna et Aphrodite qui se disputent une pomme d’or. Les Kämpfers devront se battre à leur place pour déterminer la déesse gagnante. Mais voilà Natsuru n’a pas très envie d’être un vulgaire pion dans la chamaillerie de trois greluches prétentieuses et il ne tarde pas à monter une alliance avec les deux rouges (deux filles) et les deux blancs (deux garçons) pour faire capoter le système. Mais les trois déesses n’ont pas données leur dernier mot et voilà qu’elles s’incarnent sur Terre dans le corps de trois mortelles (dont Kaede, le fille dont est tombé amoureux Natsuru) pour forcer les Kämpfers à leur obéir… Musique : Taku Iwasaki

 

Kiken na Kankei ~Liaisons Dangereuses

France, XVIIIe siècle. La jeune et naïve Cécile de Volanges sort du couvent par ordre de sa mère qui prévoit de la marier au compte de Gercourt. Or la nouvelle parvient aux oreilles de la marquise de Merteuil, autrefois sa maîtresse, qui avait juré de se venger. Aussi fait-elle appel au vicomte de Valmont pour comploter. Le but ? Déshonorer Gercourt en débauchant Cécile de Volanges avant son mariage. Mais voilà, Valmont est un libertin averti et le défi lui paraît bien trop facile, il préfère se lancer dans une entreprise beaucoup plus grandiose en tentant de séduire la dévote madame de Tourvel. Qu’à cela ne tienne, les deux compagnons mèneront ces deux projets simultanément. Au programme : des coups de putes à n’en plus finir. Miyano Mamoru dans le rôle de Valmont.

 

Sinon j’aurais bien exigé un second OAV pour Yurumates mais figurez-vous qu’il sort déjà en juin. Magique, non ? Alors, quelqu’un veut bien me prêter quelques milliards que je réalise tout ça ?

(D’ailleurs je suis sûre que vous avez tous plus ou moins une wishlist de la saison d’animes de vos rêves)

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 23:05

 

Je sais que ça risque de paraître ironique d’évoquer un anime dont je suis lassée d’entendre parler depuis des mois au moment même où je pourrais enfin être tranquille mais techniquement je compte surtout faire quelques réflexions en filigrane d’un autre anime que j’apprécie bien plus : Le portrait de petit Cossette (ou petite Cosette vu que je suis française et que le « franponais » me pique un peu les yeux), une courte série d’OAVs sortis en 2004.

 

Kurahashi Eiri est un jeune artiste qui travaille dans le magasin d’antiquités de son oncle sur son temps libre. Il passe son temps à dessiner et à rêver mais ces derniers temps il semble encore plus dans la lune que d’habitude, il se fait distant, voit de moins en moins ses amis qui s’inquiètent de sa santé. Pour eux il n’y a qu’une explication à cette soudaine mélancolie : Eiri est amoureux. Pourtant le concerné évite le sujet et reste étonnamment vague tant et si bien que tous se demandent qui est cette fille mystérieuse qui lui fait perdre la tête et si elle existe vraiment. Oui, Eiri est amoureux mais il ne peut pas le dire puisque l’élue de son cœur n’est autre que le spectre d’une jeune femme qui vit dans un verre vénitien. Cette dernière, du nom de Cosette, l’intrigue au plus haut point. Quelle est son histoire ? Et pourquoi a-t-elle des yeux si tristes ?

 

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Un parallèle pas tout à fait incongru

Si j’évoque Cosette et Madoka ensemble c’est qu’il y a une bonne raison. Comme beaucoup de personnes j’ai suivi cette année la série magical girl mais je dois avouer que mes impressions sont assez différentes des éloges incessantes que j’entends sur l’anime car depuis le début Mahou Shoujo Madoka Magica ne m’a jamais surprise. Je ne savais pas que Gen Urobuchi, créateur de Saya no Uta, était au scénario et le chara-design mignon ne me dupait pas non plus. Depuis le début j’étais persuadée d’avoir à faire à un anime qui présenterait le genre magical girl sous un jour un peu plus original que d’habitude sans toutefois pousser au chef-d’œuvre. Le 3e épisode, qui a choqué tant d’autres, m’a juste conforté dans mes convictions. Aussi n’ai-je jamais vraiment été d’un enthousiasme débordant à ce sujet. Pour moi ce n’était qu’un anime sympathique avec des éléments de scénarios intéressants. Avec le recul je me suis rendue compte que mes attentes de base étaient complètement étranges. Comment aurais-je pu savoir exactement en quoi consistait Madoka alors même que l’équipe de Shaft faisait tout pour ménager la surprise ? En fouillant un peu dans mon inconscient je crois que je tiens la réponse et la réponse la voilà : Le portait de petite Cosette.

 

En effet Madoka est la seconde collaboration de ma compositrice fétiche, Yuki Kajiura, avec Ayuki Shinbo et le parallèle n’est pas innocent : les deux animes possèdent une ambiance sombre, des partis-pris graphiques parfois surprenants et cette origine musicale commune. Madoka fait même clairement référence à Cosette puisque la maison d’Akemi Homura est une réplique de la boutique d’antiquités d’Eiri. Il y a aussi une odeur de subversion dans l’air (subversion d’une histoire d’amour / subversion des magical girls) mais la différence majeure qui sépare ces séries « sœurs » tient surtout à leur accessibilité. Madoka se voulait être dès le départ choquante et simple à suivre pour frapper un large public. Preuve en est que désormais bon nombre de ses fans considèrent que toute déconstruction un peu gore et audacieuse « a un air de Madoka », n’en ayant probablement pas expérimenté beaucoup d’autres avant (ce qui est profondément dommage). En gros le but de Shinbo était de toucher la masse, alors que c’est radicalement l’inverse avec un anime aussi complexe que Cosette que seule une poignée de gens pourront véritablement apprécier. On peut donc voir une certaine progression dans ses travaux, notamment avec un autre outil de compréhension que j’utiliserai plus tard (et plus modérément, n’ayant vu que le 1e épisode), qui est The Soul Taker. Avec ces considérations en tête il est temps de revenir à ce qui nous intéresse vraiment, c’est-à-dire Le portrait de petite Cosette.

 

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Star-crossed lovers

Cette série assez particulière nous dépeint donc la descente aux enfers de ce brave Eiri (doublé par Saiga Mitsuki, qui est connue pour ses nombreux rôles masculins comme Rossiu dans Gurren Lagann) qui plonge lentement mais sûrement dans la folie et l’hallucination à cause de son amour pour Cosette d’Auvergne (c’était le premier rôle de Marina Inoue si je ne m’abuse). Les autres personnages ont relativement peu d’importance, toute l’intrigue est véritablement concentrée entre eux. Eiri est un type tout ce qu’il y a de normal, excepté son talent d’artiste, et on s’identifie pas mal à lui en ce qu’il est vite complètement dépassé par ce qui lui arrive. Ce fantôme d’une beauté éblouissante, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, le hante en permanence et il ne sait au fond plus s’il a vraiment envie de s’en défaire. Tantôt il est heureux de dessiner sa muse, tantôt le voilà forcé de boire un verre rempli de sang ou enchaîné dans un paysage absurde et repoussant dans une sorte de séance d’exorcisme macabre lors de laquelle il se fait arracher les tripes. Eiri ne comprend plus rien, il souffre, il a mal, mais il ne peut pas s’empêcher de songer à la jolie Cosette toujours vêtue en gothic lolita, toujours si triste. Et cet amour l’entraîne aux confins de la mort. Il subit pourtant ces scènes extrêmement douloureuses et accepte ce sort juste pour pouvoir s’approcher davantage de sa bien-aimée. Oui il est complètement fou mais je crois que tous ceux qui ont été amoureux un jour doivent reconnaître dans cet aveuglement quelque chose de familier.

 

Or ce que la voix de Cosette nous indique dès le début c’est que leur histoire est bien entendu impossible. Elle est morte depuis des siècles, enfermée pour l’éternité dans les objets qui ont assistés à son trépas et ne peut retourner à la vie qu’avec le sacrifice de celui qui l’aimerait suffisamment pour consentir à cet effroyable marché. Mais si elle ressuscite, elle se retrouvera seule à pleurer la mort de cette personne puisqu’il ne sera plus. Autrement dit tout l’anime se concentre sur ce combat à la fois intérieur et extérieur de ce drôle de couple pour rendre leur amour possible malgré tout. Si Cosette a au début surtout l’air de considérer Eiri comme un simple outil, très vite leurs relations se complexifient, car comment rester insensible à la vue d’un homme qui accepte une souffrance intolérable juste pour vos beaux yeux ?

 

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Bienvenue en enfer

Ce qui marque le plus dans le visionnage de cette série c’est l’ambiance qui s’en dégage et l’alliance graphique et sonore effectuée. Je suppose que je n’ai pas besoin de louer le travail de Yuki Kajiura une fois de plus mais je vais le faire quand même. L’OST est majoritairement orienté autour d’un mélange violon/piano du plus bel effet. S’il y a bien entendu quelques thèmes mélancoliques et tristes (comme Somwehere I belong), l’essentiel reste tout de même tourné vers l’idée de violence, d’angoisse et d’étrange (comme Love Pain). Et justement Shinbo a choisi de faire du Portrait de petite Cosette une expérience essentiellement dénuée de mots. Je ne sais vraiment pas comment je pourrais vous décrire ça. L’ambiance visuelle comporte une très large imagerie à base de sang, de chaînes, de croix, de squelettes, de vieux objets, de pleine lune, d'yeux, de lumière vacillante et d’ombres. On bascule souvent dans le fantastique pur sans savoir quelle est l’hallucination et quelle est la réalité (mais pas du tout à la manière d’un Perfect Blue) et surtout on en prend pleins les yeux en permanence, c’est beau et déconcertant à la fois. Beaucoup de scènes sont là pour renforcer cette « imagerie », comme lorsqu’Eiri peint un tableau avec son propre sang (c’est purement épique et totalement impossible à la fois), quand il dessine Cosette en haut d’une tour qui a sa forme et éclairée par des centaines de chandelles partout et dont l’intérieur semble emprunté au corps humain, ou même quand Cosette se jette dans le vide et que le ciel est rouge. C’est réellement spécial alors ça plus la musique, il y a de quoi être assez confus.

 



Par rapport aux différents travaux de Shinbo je crois qu’à mes yeux Cosette représente une sorte d’équilibre. The Soul Taker possédait un premier épisode totalement « invisionnable » justement à cause de la confusion graphique : on ne sait plus très bien ce qui se passe ni ce que l’on regarde. Madoka s’oriente vers un autre style où les ajouts graphiques ne font finalement plus partie que d’un décor sans cesse enrichi. Cosette possède quelques plans qui font penser à Madoka, essentiellement dans l’opening, et d’autres à The Soul Taker dans l’utilisation des vitraux et la transformation du héros (les deux se ressemblent beaucoup d’ailleurs), mais penche plus du côté de ce dernier. C’est difficile d’entrer dans cet univers mais en même temps il comporte tellement plus d’éléments intéressants que dans les séries récentes de Shinbo. Analyser de fond en comble Le Portrait de petite Cosette est juste impossible tant il y a de symboles un peu partout, certains plus importants que d’autres bien sûr.

 

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Cosette et son portrait

Le scénario en lui-même possède deux aspects : le premier est l’histoire d’amour impossible qui vire au cauchemar le plus total, à mi-chemin entre l’obsession et la folie, mais il y en a un second légèrement effleuré dans le deuxième OAV et plus largement exploité dans le troisième qui est la question de l’art. Et là je suis obligée de spoiler pour vous parler du cœur de ce qui rend Le Portrait de petite Cosette intéressant.

 

\!/ Attention, spoilers \!/

 

Il convient de se pencher sur la véritable signification du titre de l’anime. Pas tant sur le fait que ce soit en français (Cosette d’Auvergne est censée être née en France dans le XVIIIe siècle) que sur la référence qu’il comporte. Quand je lis « le portrait de », je pense immédiatement au Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde qui comporte certaines similitudes. Là aussi le héros est en quelques sortes maudit par sa propre beauté, comme Cosette, et finit par faire une sorte de pacte involontaire avec le « diable », comme Eiri. L’argument principal de Dorian Gray qui le conduit à effectuer cet acte lourd de conséquence est sa soudaine prise de conscience que son portrait resterait éternellement jeune là où lui vieillirait. Il désire alors inverser les choses. Il en va de même pour Cosette qui est à l’aube de la puberté : elle est incroyablement belle et obsède son fiancé, le peintre Marcello (doublé par Ebara Masashi aka Friday Monday dans Madlax, ce qui veut tout dire), à tel point qu’il produit un nombre incalculable de tableaux à son effigie. Mais voilà Cosette va grandir, elle va devenir une femme et perdre cette moue innocente (de son vivant Cosette croyait que le monde était fait de bonheur et de sucreries), et cela lui est intolérable. Aussi décide-t-il de stopper son temps…et donc de l’assassiner !

 

Un peu plus tard Cosette, réalisant la cruauté de ses actes, décide de laisser Eiri vivre et de dormir pour l’éternité dans sa prison. Or elle ne l’avertit pas de cette décision soudaine, ce qui laisse l’occasion à un imposteur, et pas des moindres, de prendre sa place auprès de lui : son portrait. Car oui, l’intrigue déjà inutilement compliquée s’épaissit encore avec la présence de deux Cosette (heureusement la fausse garde toujours les mêmes vêtements donc on peut l’identifier…véritablement ?) et c’est là que ça devient réellement pertinent. Car le portrait de Cosette représente l’idéal de Marcello qui est la perfection, la beauté éternelle, là où son modèle est imparfait puisque la jeune fille désire vivre, vieillir et mourir. On assiste là à une sorte de duel entre 2D et 3D (si je puis m’exprimer ainsi), entre la perfection inaccessible et la réalité, l’immortalité et l’éphémère.

 

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Certains détails aiguillent d’ailleurs le spectateur vers cette révélation de l’existence d’une fausse Cosette lorsque cette dernière monte les marches de la tour avec un chandelier à la main (alors que depuis le début elle ne tenait qu’une seule bougie) le tout sur fond d'une musique nommée Fake Jewel. Un bref instant nous dévoile soudain une des trois branches étrangement éloignée des deux autres avant que l’illusion ne reprenne droit, comme pour signaler dès le départ qu’il y a trois personnages en jeu. Et les dernières paroles d’Eiri seront justement que « tout doit redevenir un » (repasser du chandelier à la bougie originelle) lorsqu’il brise l’illusion en opposant à l’idéal de perfection de Marcello son propre idéal de l’art qui est d’élever l’humanité. Contrairement à son prédécesseur il est prêt à se sacrifier pour l’art (représenté par Cosette) et non à sacrifier l’art pour ses propres fins et préfère la véritable demoiselle dans ce qu’elle avait de fugitif et d’éphémère au portrait froid et figé.

 

On peut donc se demander à travers cette série de réflexions quel est le but de l’art, quelle serait sa définition et s’il faut lui sacrifier la réalité. En ce sens, la fin un peu cryptique de l’anime prend soudain sens : Eiri abandonne Cosette à son sommeil et retourne (on le suppose d’après le rêve de son amie Shouko) à la réalité pour dessiner plus. Or les dernières secondes de l’OAV nous montre Cosette ouvrir soudain les yeux. C’est un peu comme si l’idéal qu’elle représentait ne pouvait tout à fait quitter l’art que revendique Eiri. Cosette comme parabole de l'artiste possédé par son propre génie ?

 

\ !/ Fin spoilers \ !/


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Design du manga

 

En conclusion, le Portrait de petite Cosette est une œuvre assez inhabituelle dans le paysage japonais en ce qu’elle se rapproche plus d’un roman anglais à la Oscar Wilde (dont elle serait inspirée ?) qu’à un anime traditionnel. Malgré une intrigue difficile à suivre (le pourquoi du comment des objets antiques tueurs est davantage abordé dans le manga, ce qui est un chouilla dommage) et sinueuse, on y retrouve une ambiance psychédélique et envoûtante que les aficionados apprécieront et les graphismes très expérimentaux servent bien le propos qui est une mise en question de l’art. Pour les autres ce voyage au pays de la folie risque d’être plus difficile à apprécier et donc bien moins accessible que Madoka Magica. Je ne suis pourtant pas sûre que la direction que suit actuellement Shinbo soit la meilleure possible et finalement je crois qu’on est en train de perdre au change…

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 14:10

J’avais dis que Boogiepop Phantom était un sujet d’article difficile ? Je retire ces paroles frivoles, j’ai trouvé un obstacle encore plus ardu à gravir ! Mais que voulez-vous, je crois que j’aime bien les petits défis personnels au fond…

 

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Le sujet du jour est Reign The Conqueror ou Alexander Senki qui, comme son nom l’indique, est une série retraçant la vie d’Alexandre le Grand telle qu’elle est dépeinte dans le roman d’un certain Hiroshi Aramata. Mais ne vous attendez pas à un cours d’Histoire Antique, loin de là, car Reign The Conqueror est en réalité…une œuvre de science-fiction très particulière.

 

Alexandre, fils de Philippe II, roi de Macédoine, va bientôt être en âge de succéder à son père et de prendre en charge des commandements importants. Aussi ce dernier le fait-il chercher partout pour le pousser à assister aux réunions de guerre et l’inciter à assumer davantage de responsabilités. Mais Alexandre est introuvable, têtu et obstiné. Pour lui, il n’y a que la vitesse qui compte et il est persuadé de n’avoir besoin d’aucun conseil pour gagner ses premières batailles. Son inconscience et son indépendance inquiètent beaucoup le roi. En effet, avant même que celui-ci ne vienne au monde, sa mère la reine Olympia prophétisa qu’il détruirait le monde un jour. La prophétie aura-t-elle raison ?

 

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Science-fiction ça commence par un s…comme string

La première remarque à laquelle on ne peut échapper en jetant un coup d’œil à Reign The Conqueror est bien entendu la question des graphismes. Même pour une série datant de 1999, on ne peut franchement pas dire que cela ressemble à quelque chose. Les designs de Peter Chung font bien plus penser à de la bande dessinée occidentale qu’à du manga, les personnages héritent de traits anguleux, de visages féminins (alors que les héros sont tous des hommes, un comble), autant de détails qui sont très désagréables à mes yeux. Je suppose qu’il y aura toujours des amateurs mais pour moi c’est juste…terriblement moche.

 

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Hunhun, on ne t'a pas vu venir toi alors ! Offrir une call-girl au roi c'est pas très fair-play ça.

 

Les graphismes sont un sérieux frein à l’appréciation d’une histoire déjà pas toujours facile à suivre. Car oui, cette drôle d’adaptation suit globalement la vie qui a été celle d’Alexandre le Grand mais de loin. Les machinations politiques et les bassesses du pouvoir sont concentrées au début de la série dans un petit arc concernant le roi Philippe II et une fois ce cap passé, tout cet aspect est complètement effacé au profit d’éléments fantastiques parfois déboussolant. Les Macédoniens possèdent donc, par exemple, un robot géant de combat (WTF), se battent en fonçant dans le tas (la stratégie c’est pour les nuls) contre des sortes de soldats-ninjas-scarabées, des éléphants cracheurs de feu ou des hélices géantes. Le prince lui-même se bat en montant un cheval surnaturel mangeur d’hommes. Souvent il ne gagne ses batailles qu’en se changeant soudainement en super-saiyan et en défonçant 500 000 adversaires d’un coup d’une décharge électrique digne de Pikachu (non, je n’invente pas ce chiffre).

 

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Pff la stratégie c'est pour les taffioles. Tremblez devant ma puissance, j'ai un cache-sexe bitches !

 

Tout ceci est d’autant plus perturbant qu’AUCUN PUTAIN DE PERSONNAGE NE PORTE DE PANTALON. Car oui, chez les Macédoniens steampunk du futur, on a des masques, des vêtements en haut, mais en bas c’est string obligatoire ou cache-sexe, au choix. Genre le roi a une armure en or balèze sur toute la première moitié de son corps, après c’est slip assorti (doré donc). Quand tu le vois en gros plan, ça fait classe mais déjà que la « caméra » s’éloigne un peu, arg, au secours quoi. Je vous vois venir, bande de pervers, vous pensez que c’est pratique pour se rincer l’œil ? Sauf qu’avec un design pareil et le fait que 99% des protagonistes sont des hommes, il va falloir se lever de bonne heure pour faire plaisir à ses yeux. Sans compter qu’il est très délicat de s’y habituer : on a beau regarder les épisodes à la suite, c’est juste impossible de ne pas tilter au moins une fois sur ces merveilleux cache-sexes. Ce qui fait que même s’il se passe quelque chose d’important à l’écran le spectateur sera le plus souvent déconcentré par cette affusion de slips.

 

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Oh mon Dieu, mais...il y a des filles dans cette série !

 

Les philosophes sont tous des ninjas

Mais voilà, ce n’est pas fini. Reign The Conqueror aime à balancer des réflexions métaphysiques obscures, généralement à propos des mathématiques, comme pour nous perdre encore davantage. La plupart des actions qui se déroulent sous nos yeux sont inexpliquées et incompréhensibles, alors à force on n’essaye même plus de poser des questions, on acquiesce gentiment, même si quelques fois les scénaristes abusent légèrement (le coup du bonhomme qui est pris d’une hallucination et se retrouve, sans aucune explication, 50 ans dans le futur, je cherche toujours comment il a fait son compte…). Des fois la série est quand même intéressante à suivre, il y a des tas de combats, une intrigue qui nous donne envie de voir si oui ou non Alexandre va détruire le monde, mais il faut accepter d’être noyé régulièrement.

 

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Olala, il me saoûle celui-là. Bon, pour la peine je vais faire un voyage dans le futur, ça me divertira tiens...

 

Les personnages en eux-mêmes ne sont pas particulièrement transcendants. Il y a bien le héros éponyme, qui porte en lui tout le mystère et le charisme nécessaire (avec le coup des slips, ça se discute…) et dont on ne sait jamais vraiment ce qu’il pense, sinon ils sont tous assez interchangeables, ce sont tous des officiers qui se battent super bien (sauf Ptolémée qui est un lâche de la pire espèce et qu’on doit sauver tout le temps). Dans le lot il y a Héphaestion, le barde/ninja/gigolo/garde du corps du roi (il est multitâches, c’est dingue), Cleitus qui a les tétons à l’air, Philotas et Cassandra, la seule fille qui se bat (doublé par Atsuko Tanaka, Motoko dans GITS). Sinon on peut aussi compter le clan des philosophes (car dans Reign The Conqueror les philosophes sont badass) avec le fantôme de Platon qui aime à traîner dans le coin, cette pute d’Aristote et ses plans foireux, Diogène le Cynique (si, si, souvenez-vous, le mec qui vit dans un tonneau et qui pisse sur les boutiques des commerçants qui l’emmerdent) et les disciples de tout un tas de sectes, dont celle de Pythagore, qui sont tous des monstres-ninjas. Oui, c’est ça la philosophie, la vraie : c’est l’art ancestral du shuriken à coup de cubes géométriques. Comprenne qui pourra.

 

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Les héros

 

It’s a nice sssssssssssssssssssssssssnake you have here

Là le lecteur attentif se dit que le titre de l’article était « Des slips et des serpents » et qu’il n’a encore vu que les premiers. Et bien justement, j’en viens à la partie la plus traumatisante de cette histoire… Reign of The Conqueror n’a peur de rien en ce qui concerne la censure et il n’est pas inhabituel de voir des tétons féminins ou masculins traîner ça et là, et comme il n’a pas peur, il se permet de luxe d’aller encore plus loin en dépeignant, quasiment à chaque épisode, une petit scène de sexe entre cette psycho bitch d’Olympia (qui est la plus grande tarée que j’ai jamais vu dans un anime) et deux gros pythons. Les gens qui, comme moi, ont la phobie des serpents ou ne supportent pas ce gentil animal, doivent donc être prévenus s’ils veulent éviter une nausée aussi soudaine que violente. Mettez-vous à ma place : vous êtes confortablement installé devant votre écran, un paquet de chips à la main, vous vous sentez bien et là, inspiré par le démon vous démarrez un épisode de Reign The Conqueror. Moins de 2min plus tard vous lâchez déjà votre paquet de chips à la vue d’un baiser tout sauf platonique entre Olympia et son animal de compagnie. 10min plus tard vous portez les mains à votre bouche quand surgit la fameuse scène d’orgie générale à base de serpents ; quelques épisodes plus tard celle du sacrifice lors d’une cérémonie occulte vous arrachera probablement des larmes quand cette chère tarée lancera des rayons laser à partir de son vagin…Not Safe For Mind donc.

 

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Aaaaaaaaaaaaaaah, ne me touche pas toi !

 

En conclusion, j’avoue que je n’ai pas grand-chose à dire. Alexander Senki est tellement insaisissable qu’on ne peut ni le considérer comme une bonne série ni comme une daube immonde. C’est juste impossible à décrire, il faut le vivre pour le comprendre. Ce qui est dommage c’est qu’au final, après visionnage des 13 épisodes que comporte l’anime, on ne retiendra que deux choses : tout le monde est tout le temps en string/slip et WOW PUTAIN NON, MES YEUX, PAS LES SERPENTS ! Si vous êtes en manque de sensations fortes pour égayer votre morne existence je vous conseille d’au moins jeter un coup d’œil au premier épisode, ça devrait faire son petit effet…

 

L'opening anglais
 

P.S : Ce qui est assez ironique dans cette histoire c’est que je suis tombée sur Reign The Conqueror en cherchant sur My Anime List le « worst anime ever » dont parlait Exelen il y a des années de ça.

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 22:59

Cela faisait un moment que j’avais envie d’en parler et que je retardais un peu l’échéance, d’abord, d’un point de vue personnel, par manque de motivation mais aussi parce qu’écrire sur la série Boogiepop Phantom est extrêmement délicat. S’il existait une Ecole Normale Supérieure du blogging, faire un article sur le sujet serait à coup sûr une des épreuves d’admission !

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Comme très souvent, mon premier contact avec Boogiepop Phantom a été via un trailer d’un de mes DVDs (un moyen souvent très efficace de dénicher de vieilles perles). Je me souviens ne pas y avoir compris grand-chose, même après avoir fait des recherches. Il y a avait des meurtres, des gens qui devenaient fous et puis une sorte de présence fantomatique. A chaque fois que je recherchais un synopsis, on disait qu’il était impossible de résumer l’intrigue ou qui étaient les personnages, ce qui augmentait ma frustration. Et aujourd’hui, enfin, je SAIS, je sais ce qui se cache derrière ce titre, j'ai la solution de l'énigme (roulement de tambours s’il vous plaît). Je sais mais je suis réduite au silence, la moindre tentative de présenter l’univers Boogiepop représentant un danger majeur de spoilers. D’où la difficulté de l’exercice auquel je vais m’atteler.

 

La scène se situe dans une métropole japonaise dont on ne précise pas le nom, une métropole plongée dans la nuit. Tout est calme lorsque, soudain, un pilier de lumière s’élève vers le ciel. Depuis le champ magnétique s’est emballé et enveloppe la ville d’une sorte d’étrange aurore boréale qui semble être à l’origine de phénomènes curieux. Des adolescents disparaissent petit à petit. Partout on souffle que c’est l’œuvre de l’ange de la mort, Boogiepop, sans vraiment y croire. Mais si Boogiepop existait vraiment ?

 

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Boogiepop wa Warawanai (Boogiepop Doesn't Laugh) est en réalité une immense saga de light novels, écrits par Kadono Kouhei et illustrés par Ogata Kouji, qui a eu un succès retentissant au Japon à la fin des années 90, ce qui a contribué à l’émergence de plusieurs adaptations en manga, film et anime ainsi qu’à la naissance de plusieurs spin-offs, séquelles et préquelles, sans compter le drama CD. Bref, autant vous dire que c’est du costaud. L’anime dont je vais vous parler maintenant n’est donc qu’un fragment de la saga porté sur petit écran, un peu comme la partie émergée d’un iceberg. Une fois qu’on entre dans l’univers Boogiepop (et qu’on y accroche bien entendu), on ne peut plus en sortir, ce qui est d’autant plus rageant que les livres ont très peu passés la frontière japonaise, condamnant du même coup un fan étranger de la franchise à rester perpétuellement sur sa faim… Mais revenons à nos moutons.

 

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Boogiepop Phantom, anime sorti en 2000 par Mad House, est une expérience assez unique à vivre à commencer par le plan visuel. Car durant les onze premiers épisodes les graphismes sont volontairement ternis, comme des clichés sépia. On distingue des couleurs tout en restant très proche du noir et blanc. Ce procédé est créateur d’un certain malaise, d’autant plus que passé et présent ont souvent tendance à se croiser, à se chevaucher, voire à se mêler. Quoi qu’il arrive les décors restent sombres, fantomatiques, presque étouffants. Visuellement c’est un anime « claustrophobique ». Ce n’est que lors de l’épisode final que la lumière sera finalement rendue à la ville. Ensuite, étouffante la série l’est aussi sur le plan sonore. On pourrait dédier un article entier au traitement du son dans Boogiepop Phantom mais je vais essayer de condenser le plus possible (et il y a beaucoup à dire). Lors des épisodes il y a en réalité très peu de musique. Tout comme Serial Experiments Lain (la comparaison va revenir souvent) Boogiepop Phantom mise beaucoup sur son ambiance sonore, sur des bruitages oppressants. Par exemple on entend très régulièrement un tintement étrange annonciateur de mauvaise fortune, des crissements électriques ou même un sifflement dès que Boogiepop doit apparaître (ce farceur aime siffler du Wagner figurez-vous). Tout ceci accentuant bien sûr la sensation de malaise déjà omniprésente, mais il y a plus encore.

 

  Une petite musique d'ambiance calme. Pas ma préférée mais elle illustre plutôt bien l'anime...
 

Par curiosité j’ai voulu tester l’OST une fois la série achevée car il y avait une piste qui m’avait frappée. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre étant donné que je ne me souvenais pas avoir réellement entendu de musique tout au long de l’anime. Et surprise, si, si, Boogiepop Phantom a bien une OST, elle est même excellente. Malgré la qualité évidente du produit, chaque piste (composée par une personne différente) n’est utilisée qu’une poignée de secondes…quand elle est utilisée ! Ainsi le petit air qu’on entend à la moitié d’un épisode (vous savez pour la coupure pub) à raison de 10 secondes est en réalité une chouette piste de 4 minutes, pareil pour ce que j’avais pris au départ pour un bête bruitage (5 minutes de crissements électroniques saccadés, assez spécial on dira). C’est parfois à se demander si j’ai bien regardé la série dans sa totalité tant il m’est impossible de me souvenir avoir entendu 95% des pistes de l’album. C’est la première fois que je rencontre un anime à la bande-son aussi bipolaire…invisible lors du visionnage, unique lors de l’écoute. J'évoque à peine l'opening qui est à l'opposé du climat de terreur avec son rythme doux et tranquille (ce qui est déjà moins le cas de l'ending).

 

  Getaway <3
 

Maintenant qu’on a dépassé les considérations techniques, on en arrive à la partie la plus casse-gueule et vient une question : Que puis-je vous dire ? Il n’y a pas de héros à proprement parlé dans Boogiepop en ce que chaque épisode est perçu à travers un personnage différent, voire plusieurs. Ainsi un figurant qui avait une ligne à un moment donné peut devenir important un peu plus tard avant de retomber dans l’anonymat. A l’inverse on n’a jamais l’occasion de vraiment vivre à travers les personnages qui paraissent importants (désignés par l’opening) et qui sont pourtant les plus récurrents. Cette narration non-linéaire peut déboussoler au premier abord mais on s’y fait très vite, d’autant plus que c’est de cette manière que se résout peu à peu le gigantesque puzzle de l’intrigue : chaque personnage est relié de manière plus ou moins évidente aux phénomènes étranges qui se produisent en ville, donc chacun apporte des réponses et des questions. Chaque personnage possède sa propre histoire et quelle que soit la longueur de son « arc », force est de constater que celle-ci se montre souvent marquante et pousse à la réflexion. A travers ces adolescents pas tout à fait ordinaires se dévoile la société, ses vices, ses travers. La série aborde aussi bien les relations entre parents et enfants, la négation de la réalité, la désillusion, le refus de grandir que le complexe messianique ou la folie. Chaque personnage est un gros poing dans notre gueule qui vient remettre en cause tout ce que nous estimions solide et assuré. C’est sans aucun doute ce qui rend Boogiepop aussi fort, ces réflexions philosophiques sur le sens de la vie : les différents protagonistes qui se croisent, parfois sans le savoir, sont les reflets de nos faiblesses ; ce sont rarement des gens exceptionnels aux destins trépidants (enfin au début).

 

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Au premier plan l'héroïne du premier épisode, doublée par Mamiko Noto

 

Comme Baccano le fera après lui, Boogiepop Phantom multiplie les focalisations et ce de manière cohérente. Si quelque chose peut paraître obscur au début, on se rend bien compte que tout est lié, voire deviner qui sera le prochain protagoniste principal. Il y a parfois des jeux d’échos : une scène qui semblait inutile à un moment est repassée sous une nouvelle perspective et prend un sens différent. Les flashbacks sont monnaie courante en ce que la série jongle perpétuellement entre passé lointain, passé proche et présent. Le tout est heureusement clairement annoncé. Reste cette sensation de malaise omniprésente. Car s’il y a violence dans Boogiepop c’est d’abord une violence psychologique (même s’il y a un ou deux démembrements au programme) très poussée.

 

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"Oh Manticore, comme tu as de belles dents"

 

Je pourrais vous décrire plus en détails ce qu’il se passe mais il y aurait tellement de choses à dire…D’un côté on a Kirima Nagi (Yuu Asakawa), une jeune femme au caractère fort qui enquête seule sur ce qui se trame en ville, de l’autre Boogiepop (Kaori Shimuzu, mais si, Lain <3) entité mystérieuse qui apparaît on ne sait trop pourquoi et qu’il est facile de confondre avec son spectre Boogiepop Phantom (Mayumi Asano) tout aussi énigmatique. Il y a Masami Saotome (Jun Fukuyama <3), un étudiant ordinaire disparu depuis peu qui semble mêlé au trafic de drogue qui dérange la ville. Il y a Manaka (Sanae Kobayashi), petite fille qui envoie des papillons de lumière tout autour d’elle et qui ne peut que répéter ce qu’elle entend, tel un écho. Il y a Poom Poom (Rakuto Tochihara), garçonnet habillé en Joueur de Flûte de Hamelin qui, comme lui, semble charmer « les enfants ». Il y a Jounouchi qui croit être capable de percevoir les regrets des gens sous forme d’insectes, Yoji otaku timide qui tente d’échapper à un père autoritaire en se constituant une petite amie virtuelle, il y a Akane qui renonce à ses rêves pour se fondre dans le monde des adultes. Il y a une immense toile qui relie chacun d’entre eux autour de ce fameux pilier de lumière, autour de l’évolution de l’humanité.

 

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En dire plus m’est malheureusement impossible alors je vais en rester là, j’ai déjà l’impression d’en avoir trop dit. Tout ce que vous avez à savoir sur Boogiepop Phantom c’est que c’est le résultat qu’aurait probablement donné Serial Experiments Lain sans Lain, une fable dérangeante sur la société moderne, une ambiance visuelle et sonore étouffante à souhait et une intrigue qui entraîne pas mal de réflexions philosophiques. Un véritable bijou pour qui n’a pas peur de l’inconnu. Le seul défaut de la série est précisément ce que j’ai évoqué au tout début de l’article : elle n’adapte qu’un fragment de cet univers immensément riche et complexe qu’est celui de Boogiepop, ce qui fait qu’il demeure un certain nombre de questions après visionnage. Et c’est là qu’entre en scène le second sujet de ce billet.

 

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La même année que Boogiepop Phantom, à quelques mois ou semaines près, sortait Boogiepop and Others, un film adaptant le premier roman de la saga, donc tout ce qui précède immédiatement l’anime. En fait les deux sont parfaitement complémentaires, le générique de fin du film étant même l’opening de l’anime. Il a visiblement très mal vieilli avec le temps vu qu’on en parle très peu mais pour tout fan de l’univers, c’est un must.

 

Quelques mois avant les évènements de Boogiepop Phantom d’étranges disparitions ont lieu en ville. Des étudiantes du lycée Shinyo fuguent sans raison. On suit donc l’intrigue à travers les yeux de différents protagonistes (bien moins nombreux que pour l’anime) jusqu’à enfin démêler le mystère conduisant au pilier de lumière.

 

L’avantage du film est donc de combler un grand trou et d’apporter énormément d’informations sur des points nébuleux que la série ne faisait que survoler. Evidemment tout n’est pas dit non plus : on n’en apprendra pas vraiment plus sur l’organisation mystérieuse ni sur le docteur Kisugi qui avait l’air de jouer un rôle important dans l’intrigue de l’anime (mais qu’on ne voyait jamais assez), ni sur le tueur en série d’il y a cinq ans ou sur les origines de Boogiepop. Mais au moins on sait qui est véritablement Manticore, on découvre Echo et on apprend à connaître beaucoup plus Saotome. On a même un bel approfondissement à la relation qui unit Kirima Nagi à Suema Kazuko (ça virait presque yuri d’ailleurs ^ç^). Il y a aussi des nouveaux personnages dont on n’avait pas encore entendu parler et qui se révèlent fort intéressants.

 

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Depuis que j'ai vu le film je suis fan du duo Saotome / Minako, c'est encore mieux que Merteuil et Valmont :3

 

La bande-son du film est d’ailleurs sublime puisque, oh bah ça alors, c’est Yuki Kajiura qui s’en est chargée. Il n’y a qu’une dizaine de morceaux et on est loin de ce que sera Noir un an plus tard mais ça se laisse fichtrement bien écouter. D'ailleurs, petite parenthèse de fangirl outrée, quelques pistes dédiées à Boogiepop ont parus récemment dans The Works for Soundtrack, censée être une compilation des travaux de Kajiura jamais publiés. Je t'aime beaucoup Yuki mais désolée Boogiepop Kimi ni Tsutaetai Koto Music Album Inspired by Boogiepop and Others (un nom aussi long ça ne s'invente pas) est sorti début 2000 et toutes les pistes étaient là ! Donc c'est pas gentil de faire du remplissage en foutant un peu de Boogiepop par-ci par-là dans ta compilation alors qu'il y a des tas de BGMs des animes auxquels tu as participé qui n'existent nulle part ! 

 

 
Le problème c’est que Boogiepop and Others n’est…pas si bon que ça. Disons que l’histoire est chouette mais que les acteurs ne sont franchement pas à la hauteur. Déjà ils ne ressemblent pas vraiment aux illustrations officielles donc il y a un petit temps d’adaptation et en plus ils sont assez moyens (sauf la fille qui fait Nagi, je la trouve charmante avec son blouson en cuir et sa coupe à la garçonne). En plus de ça la mise en scène est vraiment bateau ce qui ôte tout le suspens qu’il devrait y avoir et les effets spéciaux sont pourris. Je ne parle même pas du costume du pauvre Boogiepop qui a perdu toute sa classe et ne ressemble plus à grand-chose. Personnellement j’ai plutôt bien supporté tous ces défauts mais ça dépendra de votre seuil de tolérance.

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Oui c'est à ça que ressemble l'ange de la mort dans le film...

 

Pour tous ceux qui seraient intéressés par l’univers Boogiepop je vous conseille de tester d’abord l’anime, de préférence en le marathonant (vu la complexité de l’intrigue ça vous simplifiera la vie), deux ou trois fois s’il vous faut digérer ce que vous venez de voir, et ensuite le film même si chronologiquement ça devrait être la première chose à regarder. Si vous avez aimé Serial Experiments Lain (et pas qu’à cause de son héroïne) et que vous appréciez les séries psychologiquement intenses, je pense que ça devrait vous plaire…

 

 In Heaven <3
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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 16:30

Depuis que mon ordinateur refuse obstinément de me laisser jouer à des VNs japonais, ça commence diablement à me manquer. Pour compenser voilà une petite présentation de quelques jeux amateurs gratuits sortis plus ou moins récemment.

 

Digital : A love Story

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  Digital se déroule en 1988 alors que vous venez d’acheter une « Amie Workbench » et que, tout heureux de cette acquisition, vous visitez différents BBS (l’ancêtre du forum) pour discuter science-fiction ou tout simplement faire connaissance. Afin de rendre l’expérience la plus convaincante possible, le visual novel copie l’interface d’ « Amie » le plus fidèlement possible et nous offre donc une sorte de voyage dans le passé, à la découverte des débuts du net.

 

Digital n’a donc rien d’un jeu ordinaire : ici vous jouez votre propre rôle et les autres personnages sont réduits à des pseudonymes à qui vous pouvez parler via des PMs. Son point fort est avant tout l’immersion. Le fait de donner notre nom en début de partie et d’être contacté sous cette forme donne vraiment l’impression d’être retourné en 1988. Les quelques musiques que l’on peut écouter vont dans ce sens et la liberté accordée par la narration achève l’illusion. Si tant est qu’on veuille se prêter au jeu, il est facile de vite se prendre pour un génie de l’informatique lorsqu’on se retrouve à hacker un BBS nommé Gibson (Edit : visiblement une référence au film Hackers qui fait lui-même hommage à un écrivain de science-fiction) ou à taper tout un tas de c0dez pour détourner les limites de notre connexion et accéder à davantage d’options. Des exploits qui seront bien évidemment remarqués et félicités par d’autres utilisateurs virtuels mais qui possèdent aussi un revers de médaille puisque le joueur mettra vite le doigt sur une grande menace qui pèse sur le net et devra bien évidemment jouer les héros grâce à ses compétences de folie.

 

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Pratique ce logiciel pour forcer les sécurités...même ARPANET ne peut me résister !

 

Au-delà du délire personnel (regardez moi, chuis un hackeur ! je tape des tas de chiffres bizarres et je viole les mots de passe ! trololol 1!1), il y a un certain défi dans le déroulement de Digital puisque le jeu ne nous dit jamais quoi faire pour accéder à la suite de l’histoire. Il n’est donc pas rare d’arpenter tous les BBS débloqués jusqu’alors en quête d’indices, voire de spammer ses contacts de messages (ce qui est exactement la chose à faire en cas de pépin en fait). Il suffit d’avoir oublié de répondre à une personne ou de ne pas lui avoir envoyé de PM à un moment donné pour se retrouver complètement paumé. Dans ce genre de situations, il ne faut pas hésiter à retourner sur un BBS pour flooder ses gentils contacts. Rien d’insurmontable heureusement, mais jeter un coup d’œil sur un walkthrough pourrait vous sortir d’une impasse particulièrement frustrante.

 

Si l’immersion est très bien foutue, la soi-disant romance promise par Digital est à jeter. J’ai beau être archi-sensible à ce genre de thème et pleurer facilement, l’histoire entre ma personne et cette inconnue rencontrée sur le net ne m’a fait ni chaud ni froid. N’en attendez donc pas grand-chose tellement c’est sous-exploité et poussif : j’ai à peine eu le temps de la connaître que hop, c’est trop tard, le visual est terminé, je ne peux donc pas m’attacher décemment au « personnage » et mesurer l’ampleur de la tragédie censée se dérouler sous mes yeux.

 

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Mais carrément vieux, je suis trop une H4CK3U53 de ouf et je...hacke des forums pour pouvoir parler science-fiction ? Wait, what ?

 

Si vous avez envie de tester quelque chose d’original et de sympa avec une heure ou deux de libre, Digital est ce qu’il vous faut, d’autant plus si le récit des débuts du net vous intéresse.

 

Par contre il y a un dernier point que je voudrais aborder et qui pourrait être utile. A un moment, vous devez infiltrer un BBS protégé dont l’administrateur ne cesse de vous envoyer des messages de menace. Un bon conseil : sauvegardez AVANT de lire son PM nommé « You were warned », car il y a un bug (qui se déclenche une fois sur deux chez moi) qui peut survenir quand on l’ouvre. Le problème c’est que, comme le dit message vous déclare « You are blind », vous pouvez penser que les bandes blanches qui vous pourrissent l’écran sont intentionnelles, ce qui n’est pas le cas. Un bug marrant mais dont il faut être au courant parce que les bandes blanches c’est quand même bien casse-pieds.

 

 

My Magical Cosplay Café

 

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Maintenant quelques mots sur le dernier visual novel de Sakevisual sorti à l’occasion du NaNoRenO (le concours organisé par Ren’Py tous les ans au mois de mars) en tant que poisson d’avril. J’étais déjà très reluctante à tester ce jeu pour trois bonnes raisons : 1) le titre, 2) le pitch de départ et 3) les illustrations. Et après avoir glané toutes les fins et les CGs en moins d’une heure, je ne peux que confirmer ce que je pensais déjà.

 

Les graphismes sont bel et bien difficiles à digérer. Pour le background, assez sommaire, ça se comprend et ça se tolère parfaitement, mais pour le design des différents personnages, je suis désolée mais moi je ne peux pas. L’artiste en charge sait visiblement bien dessiner (comme l’atteste sa galerie DeviantArt) mais il n’a clairement pas mis tout son talent à profit. Les personnages ont un côté terriblement plastique : ils ont l’air « plats », comme des poupées de cire, ils ne transpirent en rien la vie. Les musiques sont à peu près correctes et à part une ou deux pas trop moches et la chanson du breakdance, tout est oubliable.

 

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Mais le pire réside sans doute dans le « scénario » et le rôle des protagonistes. Ayu Sakata a beau rappeler sur son blog que rien n’est à prendre au sérieux, il est honnêtement délicat de vraiment apprécier son travail. J’avais déjà tiré de mon visionnage de certains animes ecchis cette conclusion : prétendre parodier le fanservice en exagérant à mort la dose de fanservice d’un anime ne l’a jamais rendu drôle. Dans le cas de My Magical Cosplay Cafe, c’est la même chose. Les jeux de mots dans les prénoms sont bien vus et il y a certaines blagues pas trop mal, mais le reste du jeu (heureusement très court) est plombé par le fait qu’on ne fait que suivre bêtement des clichés d’animes vus et revus et…c’est tout.

 

Il faudra bien souvent attendre la vraie fin de chaque héroïne (car il y en a deux disponibles dont une qui n’est qu’une non-fin et qui ne sert strictement à rien) pour sourire un peu et découvrir la vérité sur nos amies cosplayeuses. La « true end », déblocable une fois toutes les autres atteintes, arrachera également un sourire, mais il n’y a vraiment que la « breakdance end » qui soit marrante, les commentaires métatextuels du héros tombants la plupart du temps à plat.

 

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Elle fait peur Kurokage quand même...

 

My Magical Cosplay Cafe part donc d’une idée louable mais à part quelques moments de bravoure, il n’y a pas grand-chose à sauver. A peine fini, à peine désinstallé… Si les futures productions de Sakevisual sont aussi décevantes que [text]Summer Story et ce poisson d’avril noyé, je crois que je vais arrêter de suivre leurs projets.

 

 

Don’t take it personally, babe, it just ain’t your story

 

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Une galerie CGs, ça manque vraiment par contre...

 

On en vient au jeu dont je voulais vraiment parler. Derrière ce nom à rallonge assez bizarre  se cache le dernier visual novel en date de Christine Love, l’auteur de Digital que j’évoque quelques lignes plus haut. Inutile de dire que pas mal de fans l’attendaient au carrefour. Le résultat est vraiment très surprenant et mérite qu’on s’y attarde.

 

Vous êtes John Rook, trentenaire désabusé et divorcé en pleine crise existentielle. Par une lubie assez inexplicable vous décidez de changer de métier et vous lancez dans le professorat. Le jeu commence dans les années 2027 alors que vous vous apprêtez à prendre en charge votre première classe dans l’établissement de Lake City. La grande nouveauté par rapport à aujourd’hui est que dans ce futur pas si lointain tous les élèves possèdent une tablette Amie, une sorte d’Ipad qui fait office de Facebook et de messagerie. Les professeurs en ont une aussi mais disposent en plus d’un pouvoir considérable : ils peuvent avoir accès à toutes les données de leurs élèves et ce, en vue de limiter les brimades et les possibles débordements. On comprend donc très vite que Rook n’est pas tant le personnage principal de l’histoire qu’un avatar du joueur qui vit les drames de ses élèves par procuration…

 

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Qu'ils sont mignons ces enfoirés...

 

Immersion à fond

Pour un jeu conçu en à peine quelques semaines pour le NaNoRenO, force est de reconnaitre que Don’t take it personally, babe, it just ain’t your story (que j’abrégerai en DTP pour plus de facilité) est visuellement super beau. Le background n’a rien des clichés photoshopés tout moches que certains utilisent, non, il est coloré, soigné, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Le character design est tout aussi nickel, vraiment du bon boulot. A première vue, c’est même du travail de pro ! La bande-son ne casse pas trois pattes à un canard, cependant elle colle parfaitement à l’ambiance (sauf le thème de Taylor qui me paraît un peu hors contexte mais bon pourquoi pas) et reste très écoutable alors qu’il s’agit majoritairement de boucles très courtes, ce qui est généralement assez irritant pour les oreilles mais passe plutôt bien ici. Le petit souci est que les photos de profil « Facebook » des différents étudiants ne ressemble pas vraiment à leur design, puisque c’est un artiste différent qui s’en charge et s’occupe également des rares event CGs présentes (j’en reparlerai).

Ndla : En fait les sprites sont des personnages libres de droit, ce qui explique pourquoi ils étaient prêts si rapidement et pourquoi ça semble être du pro. C'est aussi le cas des décors et de la musique.

 

Si le scénario de départ semble assez bateau (un prof entouré de jeunes filles en fleurs c’est un thème courant dans les eroges donc rien de neuf sous le soleil), il gagne très vite en intérêt quand on s’aperçoit que le héros n’en est pas un : l’intrigue est en effet centrée sur sept de ses élèves, une intrigue qu’on peut suivre « IRL » en laissant traîner ses oreilles, mais surtout sur Amie grâce à la tablette magique. Vous passerez donc votre temps à alterner entre ce qui se passe sous vos yeux et ce qui se dit sur ce réseau social. Aucun état d’âme ne vous sera épargné, au grand dam de Rook qui se reproche régulièrement sa curiosité malsaine (et la votre ?)  sans pouvoir s’empêcher de jouer à Big Brother ; dans tous les sens du terme d’ailleurs puisque chaque étudiant finira invariablement par venir vous voir pour quémander vos sages conseils. Sur les 7 chapitres que compte le VN, 6 sont dédiés à une personne en particulier et le septième à Rook (l’étudiant sur le carreau n’est pas pour autant lésé : on parle de lui tout le temps). Vous aurez donc pas moins de 6 crises existentielles à gérer en plus de la votre, ce qui fait beaucoup pour le même homme et vous ravale souvent au rang d’assistante sociale, voire de paquet de mouchoirs ambulant.

 

Le point fort de DTP est sans aucun doute l’immersion. Le système « facebookien » d’Amie est bien foutu et aiguise sans arrêt notre curiosité. En effet, comment résister à l’envie de découvrir ce que vos élèves pensent de vous (majoritairement que vous êtes « hot » mais chiantissime) ? L’ambiance réaliste fait que les personnages paraissent vivants, que vous vous sentez vraiment responsables d’eux à leurs petits drames quotidiens mais l’auteur joue surtout sur cet aspect voyeur poussé à l’extrême (j’y reviendrai aussi). S’il n’y avait que cela, DTP serait probablement un jeu excellent, or ce visual novel se conclut dans un des plus épouvantables fatras que j’ai jamais vu. Ce n’est même pas une fin incompréhensible ou en queue de poisson, non c’est pire que ça, c’est un sabotage. Comme si Christine Love avait soudain décidé de creuser sous ses pieds pour emporter tous les bons côtés dans un tourbillon ravageur qui laisse coi.

 

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Zéro sur vingt d’office…

Le premier gros problème de DTP est ce qui résulte de vos choix. Il y a trois fins dans le jeu et je parierai gros que 90% des gens tombent toujours sur la même puisque, que vous décidiez de laisser Rook le plus neutre possible ou que vous le poussiez à se mêler de la vie intime de ses élèves, le bilan final sonnera toujours comme injuste : vous êtes un mauvais prof. Pas parce que vous n’êtes pas assez professionnel, comme pourrait penser le joueur, mais parce que vous l’êtes trop ! A mes yeux, c’est une aberration totale qui me laisse un arrière-goût amer.

 

Des parents qui revendiquent être copains avec leurs enfants on n’en voit le plus possible et ça me dégoûte au plus haut point. Lorsqu’une maman ne refuse rien à son chérubin d’amour (faudrait pas le traumatiser, rendez-vous compte), elle ne le fait pas pour le bien du gosse mais pour son bien à elle : elle a peur de ne pas être aimée, elle est obsédée par l’idée d’être aimée. Le rôle d’un parent est de veiller au bonheur de son enfant, quitte à ce que celui-ci vous déteste sur le moment et vous remercie plus tard d’avoir fait le bon choix. Si celui-ci devient « copain » avec le gamin, alors qui va l’éduquer ? La télévision ? Brillante idée… La fin du visual novel entre parfaitement dans ce fantasme, or un prof, tout comme un parent dont il est la continuation, a un rôle à jouer. Il peut évidemment sympathiser avec ses élèves, être à l’écoute (c’est même conseillé) mais il ne doit en aucun cas faire copain-copain avec eux juste pour se faire aimer. Rook a envie de se faire aimer mais en même temps il a peur de se montrer mauvais professeur. Il veut être parfait en somme. Christine Love a précisé sur son blog (à lire une fois le jeu fini pour plus amples informations) qu’il était censé représenter un modèle à ne pas suivre. Le problème c’est qu’il est pointé du doigt quoique vous fassiez !

 

Dans ma première partie j’ai essayé de maintenir une certaine distance tout en étant à l’écoute. Résultat : vous êtes mauvais. Deuxième partie, c’est la fête du slip, je me mêle de ce qui ne me regarde pas en poussant les deux lesbiennes à se remettre ensemble (comme si c’était à moi de le faire, franchement, c’est pas mes oignons bordel !), je leur achète de l’alcool en douce pour leur soirée romantique et je traite Taylor de biatch. Résultat : vous êtes mauvais. Okayyyy, et quand est-ce que j’ai la possibilité de devenir un bon prof moi alors ? Si Christine Love nous obligeait à faire succomber Rook dans cette dérive que j’ai exposée juste au dessus, le verdict me semblerait plus ou moins normal. Plus ou moins puisque vos élèves vous déclarent que vous êtes trop coincé du slip et qu’ils veulent que vous soyez potes…Comment savoir quoi penser avec une fin aussi subversive ?

 

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Acheter de l'alcool à la délurée de la classe, c'est quand même un peu la loose John...

 

Les hommes sont de dégoûtants animaux qu’il paraît…

Face à ce final frustrant, il n’y a qu’une alternative tout aussi dégueulasse : sortir avec une de ses élèves. Car, et je n’en ai pas encore parlé (et pour cause), le premier chapitre nous présente la crise existentielle d’une certaine Arianna Bell-Essai qui…essaye de se taper son prof. Oui, la douce demoiselle ne cesse de répéter sur Amie que vous êtes « hot » et qu’accessoirement elle aimerait bien vous sucer (je ne déconne pas, elle le dit vraiment !) tout en se rapprochant dangereusement de vous sous des prétextes futiles. John Rook est mal à l’aise (qui ne le serait pas ?) mais le plus étrange c’est la tournure que prennent les choses. Vous oubliez votre parapluie et il tombe des cordes. Elle vous propose donc ingénument de venir sous le sien. Si vous acceptez, la mort dans l’âme ou pas, vous vous retrouvez inévitablement à subir sa déclaration tandis qu’elle vous tient la main. Et là vous commencez à avoir une érection… Rassurez-moi les gars et dites moi que vous sauriez vous maîtriser dans ce genre de situation, pitié. Le sentiment de malaise qui émane des scènes avec Arianna est juste insupportable et les event CGs liés à votre relation avec elle sont tout simplement écœurantes. On en vient à se demander si c’est l’artiste qui dessine mal ou si la personne a consciemment représenté les personnages de manière à nous donner la nausée. Le souci majeur est qu’on ne sait plus très bien si on est toujours dans le cadre réaliste du départ ou si on a basculé dans le fantasme (parce que des histoires comme ça j’en vois à la truelle dans les eroges, ça ne me traumatise pas plus que ça). Le discours même de Rook est ambigu : il ne peut pas s’empêcher de monologuer sur combien ce qu’il fait est mal. C’est terriblement déconcertant.

 

Les deux autres fins du jeu sont directement liées à votre relation avec Arianna et déblocables si vous acceptez d’emblée de l’embrasser à pleine bouche et si vous la repoussez mais finissez par la consoler quelques chapitres plus loin. On nage donc dans une confusion assez énorme puisque, même si elle vous raconte pas mal de conneries la petite et que Christine Love affirme que la route de la jeune fille est censée être malsaine, les fins avec elles sont les seules qui semblent heureuses ! Donc coucher avec son élève c’est pas bien mais comme John a besoin de baiser un coup pour se détendre ça devient acceptable ? Euh…WTF ?

 

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Mon Dieu, on dirait qu'Arianna a été droguée par son professeur...je...ce regard rempli de luxure ne me dit rien qui vaille 0.o

 

 

Suicide, intimité et réseaux sociaux

\!/ Attention Major Spoilers \!/


On en vient au cœur du véritable problème qui fait de DTP une expérience éminemment traumatisante (en tout cas pour moi).

 

Le chapitre 7 nous présente une énorme révélation complètement téléphoné. Dans son chapitre Isabella avait disparu sans laisser de traces avec juste un message d’adieu sur son mur Amie. Tous ses camarades avaient répondus sur le même support en indiquant qu’elle s’était suicidée (passage émouvant) mais continuaient à vivre normalement IRL. Et là surprise ! C’était une blague monsieur =D ! En fait Isabella n’est pas morte, elle a juste déménagé en catastrophe sans laisser de nouvelles ni d’adresse à son école (moui, mais bien sûr). Les messages de menace et la folle qu’on a engagé pour qu’elle vienne vous harceler dans la rue et vous faire croire que tout était de votre faute c’était aussi nous ! Et pourquoi ces charmants chérubins vous ont-ils ainsi pourris la vie ? Mais pour vous sortir de votre dépression, m’sieur !

PARDON ? C’est le foutage de gueule le plus incroyable que j’ai jamais subi de toute mon existence. Que quelqu’un m’explique en quoi s’acharner sur un pauvre homme déjà pas très stable en termes de confiance en soi est censé l’aider à remonter la pente. Sur ce coup là, je trouve que Christine Love a absolument merdé. Elle aurait dû se rappeler du message de Digital qui dit « La science-fiction ne provoque pas juste pour provoquer, elle va beaucoup plus loin ». Choquer pour choquer est totalement vide de sens et me ramène à ma lassitude concernant l’utilisation de plus en plus poussive de cliffhangers (par exemple les auteurs de séries semblent désormais obligés d’inclure des passages à suspens à tout bout de champs, quitte à joyeusement piétiner le scénario au passage). 

 

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Mais le pire, ce qui m’a cloué au fond de mon lit (oui je travaille dans mon lit quasi en permanence), c’est le speech final d’Ichigo sur l’intimité. Selon ses dires, c’est un concept périmé qui n’a plus aucune raison d’être dans le présent de 2027 et que les jeunes ne comprennent même plus. Son argument de choc étant Akira (« C’est quoi l’intimité ? ») et le fait que les jeunes contrôlent parfaitement ce qu’ils font sur les réseaux sociaux. Rook, qui venait s’excuser pour son voyeurisme, se retrouve donc traité de vieux plouc et apprend que tout le monde dans la classe était au courant qu’il pouvait lire les messages, ce qui en soi est bardé d’incohérences. Le message du proviseur au tout début du jeu est clair à ce sujet : il faut éviter que les élèves sachent que le personnel administratif les espionne. En outre, nos chères têtes blondes ne se lassent pas de venir demander à Rook des entrevues personnelles dans son bureau. Si les étudiants n’ont vraiment plus aucun sens d’intimité, alors toute l’histoire flanche. Arianna avoue à la fin vouloir que le prof lise ses messages privés. Oh, vraiment ? Ceux qui disent que tu kifferais grave de lui sucer la bite ? Bonne pioche, miss, je suis sûreeee qu’il a dû apprécier. Et elle dit aussi qu’elle a bien gardé le secret (elle a donc une notion d’intimité ?) mais a en réalité tout déballé à la bitch de la classe, aka Taylor, qui en a profité pour faire du chantage quand elle était en mauvaise position. On nage donc dans un torrent de contradictions. Certes les élèves sont plutôt ouverts quant à leur vie intime et n’hésitent pas à balancer des anecdotes saugrenues en classe, mais de là à affirmer qu’ils contrôlent tout est totalement illusoire. Ichigo semble passer à côté du fait que l’on peut très facilement oublier être dans un endroit « public » et se laisser aller à quelques confessions sans penser qu’un tiers nous lira. L’intimité comme concept « obsolète » ne passe donc pas, d’autant plus que Charlotte, la lesbienne intello, a bien mis un mot de passe lorsqu’elle a envoyé ses photos de camwhores à sa copine (photos que vous pouvez regarder en visitant le blog de Christine Love qui indique le-dit mot de passe aux curieux) : n’est-ce pas la preuve qu’elle a conscience qu’il serait malsain que quelqu’un d’autre que Kendall y ait accès ?

 

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Allez Charlotte montre nous tes seins, allez Charlotte montre nous tes seins !

 

Un speech qui m’a hautement traumatisé quand je me suis rendu compte que la plupart des jeunes joueurs se rangeaient du côté de l’auteur (qui doit avoir 21 ou 22 ans) et ne voyaient aucun problème à cette disparition. J’ai eu comme l’impression d’avoir pris un millénaire d’un coup en me rendant compte que j’étais bien plus proche de John Rook et ses 38 balais (mais si, vous savez, le mauvais prof, le vieux plouc) que des véritables héros de l’histoire (mais si, vous savez, les jeun’s trop cools et trop drôles et quasiment tous homosexuels pour une raison que je ne m’explique pas). Merci jeu, tu viens gentiment de me faire comprendre qu’à l’ère Facebook mes valeurs sont totalement archaïques et qu’à même pas 20 ans je suis déjà grand-mère dans ma tête…Tu sais quoi jeu…JE T’EMMERDE.

 

\!/ Fin Spoilers \!/

 


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Merci Arianna, genre j'avais pas assez d'excuses pour te larguer...

 

We are the Internet

DTP possède quelques défauts subsidiaires comme le fait qu’on soit forcé de lire les posts de 12chan à certains moments clés (posts qui se font l’écho de l’intrigue mais n’apportent rien de véritablement intéressant) ou l’abus de langage internet. C’est bien simple, on bouffe du « bro », du « u mad ? » et du « lol » à tous les râteliers. Kendall et Akira en particulier, sont des otakus pur souche, et font pas mal de références mais toujours sur le mode du « Hey bro, tu sais quoi ? » « Non, lololol », ce qui devient vraiment lassant au bout d’un moment.

 

A part ça, le visual novel est quand même très intéressant et s’offre le luxe de nous présenter le quotidien de jeunes homosexuels de manière attendrissante (c’est bien la première fois que je supporte un couple « yaoi » tiens), même si cela s’effectue au détriment des autres personnages : sur sept élèves seuls 3 sont hétéro dont une qui disparaît assez vite de l’histoire. Je soupçonne Christine Love d’être bien plus à l’aise sur ce terrain, ce qui expliquerait pourquoi la relation de Rook avec Arianna est aussi difficile à accepter.

 

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C'est un jour ordinaire sur 12chan...et pour une fois on ne parle pas de bondage

 

Si Digital était plutôt un jeu original sans grande prétention, Don’t take it personally, babe, it just ain’t your story fait véritablement figure d’OVNI dans le milieu des VNs amateurs. D’un côté il serait d’une sacrée mauvaise foi de nier ses qualités évidentes et l’atmosphère géniale qui s’en dégage, mais de l’autre il est presque impossible de cerner tout à fait cette œuvre. Bon nombre de réflexions se bousculent une fois la première partie achevée, qui dure facilement trois heures je crois (c’est donc un jeu plutôt costaud par rapport aux autres productions du NaNoRenO qui dépassent rarement la demi-heure) et on a très vite envie de recommencer pour voir comment on peut influer sur l’avenir de nos élèves, en remettant ou non ensemble Charlotte et Kendall par exemple (le chapitre de cette dernière étant dédié à Akira le cas échéant). Mais la frustration demeure et une seule question se révèle persistante : Que voulait vraiment nous faire partager Christine Love ?

 

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Argh, dites moi que c'est un fanart raté je vous en prie é__è

 

Au final, je crois que le contexte joue beaucoup. Pour nous français, l'éducation est en périls. Aussi est-il difficile de ne pas compatir au sort de John Rook lâché devant une classe de gros branleurs qui ne l'écoutent jamais, passent leur temps à s'envoyer des messages en cours ou à causer crûment de leur sexualité, voire juste causer crûment tout court (pas le moindre respect pour le prof donc). En plus il se fait harcelé par une dingue, une de ses élèves en a après son cul et la meilleure élève de la classe est trop occupée à faire sa camwhore pour bosser (c'est aussi pour ça que j'ai pas envie que Charlotte se remette avec Kendall), ce qui fait que le niveau global est assez désastreux. A tel point que Rook se sent obligé de donner les questions de l'examen à l'avance pour pas qu'ils ne se plantent, c'est dire si le pauvre vieux est dépressif. Moi je veux bien admettre que c'est un mauvais prof mais alors il faut ajouter que les étudiants sont  de mauvais élèves aussi ! A vous dégoûter de l'éducation nationale X).

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 23:49

Ces dernières semaines m’ayant usée jusqu’à la trogne, je me suis un peu laissée aller en terme de blogging, faute d’énergie. Heureusement, après moult remises en questions, j’ai trouvé un remontant sous la forme d’un film d’animation dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, sorti en 2003 : Interstella 5555.

 

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Cette œuvre a ceci de particulier qu’elle est en réalité l’illustration d’un album de Daft Punk, Discovery, donc ne comporte aucun dialogue et très peu d’effets sonores. Un peu comme un gigantesque clip d’une heure. Un drôle de projet en collaboration avec Matsumoto Leiji (papa de Galaxy Express 999 ou Captain Harlock par exemple) qui apporte au design des personnages et à l’ambiance générale une petite touche qui fleure bon les années 80-90. La question est : Le film a-t-il une valeur intrinsèque ou se contente-t-il d’être une sorte de bonus visuel à l’album Discovery ?

 

Sur une lointaine planète, à l’autre bout de la galaxie, se déroule une grande célébration. Un groupe d’extraterrestres donne un concert retransmis en direct un peu partout dans la région. L’humeur générale est donc à la fête jusqu’à ce qu’un mystérieux vaisseau pénètre dans l’espace aérien au nez et à la barbe des personnes chargées de la surveillance spatiale, trop occupées à regarder la prestation. Très vite des hommes portant des masques à gaz s’infiltrent sur scène et kidnappent les musiciens pour les emmener sur Terre. Un courageux pilote situé non loin de là entend alors le signal d’alarme et fonce à leur rescousse…

 

Je n’ai jamais trop été fan de Daft Punk. Je me souviens avoir maudit ma mère lorsqu’elle passait Around the World dans la voiture lors des longs trajets tellement ça m’était insupportable. Je me souviens aussi avoir été parfaitement indifférente à Human After All dès la première et dernière écoute tant et si bien que je suis incapable de décrire une seule piste. Discovery, je m’en souviens déjà un peu plus en ce que j’ai autrefois eu l’album (et l’ai encore) et que je l’ai écouté un peu plus, mais globalement je n’appréciais que quelques pistes par ci par là, et ça ne me faisait pas grand-chose non plus. Par contre je me souviens très bien avoir été intriguée par les clips de One More Time et Harder, Better, Faster, Stronger qui représentaient des aliens bleus sur le point d’être transformés en êtres humains. J’ai toujours voulus avoir qui étaient ces personnages, leur histoire. Et, il y a quelques jours, miracle, j’apprends par hasard qu’un film a été crée pour raconter tout ça. Une œuvre expérimentale, ça vaut toujours le coup d’essayer !

 

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Esthétisme du champ de fleurs

Je ne m’attendais donc pas à grand-chose avec Interstella 5555 mais force est de constater que oui, il possède une valeur intrinsèque. La patte de Matsumoto Leiji a un petit quelque chose d’atemporel et de nostalgique très plaisant qui situe l’action dans un ailleurs lointain et fabuleux. L’esthétisme est un aspect très important du film car bon nombre de scènes dépassent la narration simple pour faire plaisir à nos yeux : que ce soit la beauté de la planète extraterrestre, les scènes de rêve sublimes, celles de concerts rythmées et chaleureuses au niveau des couleurs, la tombe sous l’arbre, le côté fantastique est toujours largement transcendé par une imagerie, une mise en scène colorée. Or cette dernière a aussi la lourde tâche de pallier le manque de dialogues qui nuit un peu à la caractérisation des personnages, ce qui n’est pas une mince affaire. Personnellement, ayant été habituée à des œuvres un peu contemplatives comme Noir, lire dans les expressions des protagonistes me paraît rajouter à la fluidité de l’histoire et participer à l’esthétisme, je n’ai aucun problème de compréhension tant que je me laisse porter. En revanche il est clair que ça ne plaira pas à tout le monde, en particulier ceux qui aiment bien qu’on les prenne par la main pour tout leur expliquer de A jusqu’à Z.

 

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De gauche à droite : Octave, Stella, Baryl et Arpegius

 

Disco-very

L’autre moyen de transmettre les émotions et de raconter une histoire sans paroles, en plus de la mise en scène, est bien entendu la musique. Et sur ce point j’ai été agréablement surprise de constater combien Interstella 5555 transcendait les pistes de Discovery. Le mélange m’a parut très convainquant. Globalement le film n’est pas un patchwork composé de petits clips mal collés, il parvient à garder sa continuité malgré la contrainte initiale. Le découpage est également très bien foutu en ce qu’une même chanson peut très facilement englober plusieurs évènements sans qu’il y ait de dissonance : on passe ainsi d’une scène de concert à une scène d’action puis à une scène de course-poursuite tout en conservant une cohérence et un parallèle entre ce que l’on voit et ce que l’on entend (un riff peut correspondre à un plan où l’on voit les personnages courir ;  la déformation de la fin de Short Circuit avec la perte de conscience d’un personnage par exemple). Sans compter que les rares paroles coïncident plutôt bien avec les situations et se font l’écho de ce que devraient dire les personnages même si on ne les voit pas toujours ouvrir la bouche (je pense à Something About Us notamment).

 

 


 

Un conte pour grands enfants ?

Passons maintenant à l’intrigue en elle-même. Ce qui est intéressant avec Interstella 5555 c’est que c’est un film qui affiche plutôt la volonté d’être une sorte de fable, de métaphore (je reviendrais sur ce qu’elle est sensée représenter) et entre donc de plein pied dans l’univers du conte avec ce qu’il a de simple, de manichéen mais aussi de fantastique : il y a le grand méchant qui capture les extraterrestres à des fins mégalomanes et clichés, les gentils transformés en automates dénués  de volonté et forcés d’obéir à ce dernier et enfin le héros ( ?) qui vient les sauver à bord de son vaisseau-guitare et qui est amoureux de la bassiste du groupe. Qu’on ne s’attende donc pas à une complexité infinie, à des cliffhangers de folie, non rien de tout cela. Interstella 5555 peut facilement se lire comme un conte de fées muet et la mise en abime finale achève de lui conférer cet aspect un peu enfantin, comme si tout n’avait été qu’une histoire inventée par un enfant à l’aide de petites figurines, une histoire irréelle et purement fantasmagorique. Les personnages ne peuvent pas être réellement développés en prenant en compte cet angle là, ce sont davantage des représentations mythifiées et sympathiques, des rôles (le petit rigolo, la jeune fille douce et fragile, le jeune homme impétueux, le leader charismatique et raisonné), que de vraies personnes et l’absence de voix va dans ce sens : ils possèdent tous la même, la voix de l’enfant qui s’imagine dans ces petits bouts de plastiques, notre voix qui nous projetons en eux lors du visionnage du film.

 

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Stella et Shep

 

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Cependant, comme l’indique les quatre 5 présents dans le titre, Interstella a quelque chose qui dépasse le simple conte : la critique relativement subtile du star system. Subtile parce qu’à aucun moment vous ne verrez de parodie exagérée ou de satire explicite. On peut considérer que tout commence avec Harder, Better, Faster, Stronger lorsque nos quatre protagonistes, inconscients, sont sujets à une vaste entreprise de lobotomie. Alors qu’ils étaient tous vêtus pareils avec une même peau bleue sur leur planète, Earl de Darkwood (le méchant) entreprend de les classer dans des catégories après avoir soigneusement modifié leur mémoire pour les faire passer pour des êtres humains. Chacun est donc « déguisé » à partir d’un style vestimentaire bien précis : Arpegius emprunte un look rock, Stella un look country, Baryl un look metal et Octave, qu’on teint en noir pour l’occasion, un look disco. Ils entrent donc désormais dans des étiquettes, ils sont classifiables, c’est la seconde perte de leur identité. Le fait même qu’Octave ait une couleur de peau différente (alors qu’à l’origine il était bleu comme tout le monde) me paraît être un signe assez intéressant de la puissance du processus d’aliénation encore plus amplifié lorsque les Crescendolls (le nouveau nom du groupe) deviennent des stars et que l’on affiche leurs « goûts » personnels. Chaque membre est désormais une caricature de lui-même. Ainsi la fiche de Stella indique qu’elle aime ce qui est fashion, le shopping et déteste qu’on tue des animaux. Comme si toute star qui se respectait se devait de faire parti d’une association ou de défendre une noble cause (genre « Protégeons les dauphins » ou « A bas la fourrure »). Un détail aussi ridicule que grinçant à mes yeux. Mais encore une fois on est dans la critique légère. La descente aux enfers des Crescendolls se poursuit lorsque, répétant à l’infini leurs chansons telles des marionnettes privées de vie, leur célébrité les use physiquement, les force à multiplier les tournées et les autographes sans répit. Leur destinée aurait pu être funeste si Shep, le valeureux pilote extraterrestre, n’était pas venu dans le but de les libérer de l’emprise d’Earl de Darkwood.

 

 


 

Un message envers les fans ?

Ce que je me demande à présent c’est : n’y aurait-il pas encore autre chose dans Interstella 5555 ? En effet, le groupe d’aliens musiciens faisant office de métaphore du star system, il ne serait pas tout à fait déplacé d’élargir cette critique à un cadre plus large. Tout au début du film, les Crescendolls respirent la joie de vivre et dansent devant une foule en délire. Par la suite ils se retrouvent sur Terre ravalés au rang de machine pour un public, certes toujours très enthousiasme, mais « étranger ». Les terriens passent pour les véritables extraterrestres de l’histoire et si la musique sonne encore pour eux, pour les membres du groupe elle a déjà perdu son sens. Le fait que les terriens copient leur style, justement artificiel, n’aide pas à faciliter une communication déjà impossible. Lorsqu’en séance d’autographes Stella serre la main d’un adorateur et qu’elle contemple sa paume d’un air dubitatif, on a vraiment l’impression qu’elle vient de vivre une rencontre du 3e type. Et qui vient la sauver de cette situation ? Shep. Et Shep n’est pas n’importe qui, c’est un fan des Crescendolls, son plus grand fan même. Son vaisseau est tapissé de posters et il a des sentiments envers Stella, ce qui n’est pas anodin. On pourrait même voir dans Interstella 5555 une structure assez intéressante que l’on constate d’emblée lors des deux scènes de rêve (la première avec Shep, solitaire, la seconde avec Stella, partagée) qui soutiennent son développement.

 

L’introduction met en scène le groupe dans leur monde d’origine, or comme on l’apprend un peu plus tard les extraterrestres sont associés à l’idée de génie créatif, leur public est donc de la même trempe qu’eux, c’est une sorte de public idéal et idéalisé. Intervient l’enlèvement, le conditionnement pour entrer dans des cases prédéfinies, la morne vie de star qui contraste avec le paradis perdu. L’élément qui va sortir les quatre héros de leur mélancolie est donc le fan à cheval entre les deux mondes mais très proche du premier de par l’emplacement de son vaisseau et sa nature même. Le rôle du fan serait donc de soutenir ses artistes préférés, de les aider à surmonter les épreuves pour leur permettre de retrouver cet idéal de l’art pour l’art tout en gardant à l’esprit le public terrien, jamais méchant (cf Face to Face qui montre un aspect assez optimiste du genre humain) mais loin du public originel, tout en jouant pour eux. La conciliation de l’idéal avec la réalité si l’on veut (cf le concert finalement retransmis sur les deux planètes). Interstella serait donc la représentation de cette conciliation uniquement possible grâce au soutien du fan avisé.

 

Ce n’est peut-être que pure extrapolation de ma part mais la narration très libre du film laisse le loisir à de nombreuses hypothèses.

 

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Conclusion

Interstella 5555 réussit le pari de transcender un album en lui offrant une illustration tout en sortant largement de ce contexte de base. Daft Punk n’oublie toutefois pas qui sera le destinataire privilégié du film et le saupoudre d’un voile de fanservice (caméo des deux robots à plusieurs reprises, la fin) qui fera sans doute plaisir aux admirateurs du groupe. Pour les autres restera une œuvre atypique et divertissante tant qu’on ne lui demande pas d’être autre chose (il faut être prêt à écouter du Daft Punk aussi). Un bel encouragement à la collaboration entre Orient et Occident (symbolisé par le petit clin d’œil lorsque les gardiens regardent un match de foot entre la France et le Japon) qui n’a malheureusement pas eu beaucoup de descendants mais qui sait, peut-être que cela viendra un jour...

 


P.S : Je n’ai que très peu accès à Internet là où je suis en ce moment, vous m’excuserez donc si mes posts se font rares durant les vacances de Pâques.

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 15:35

 


 

Il faut sauver la blogosphère il paraît. C’est une formule qu’on entend un peu partout, prononcée souvent de manière ironique. J’ai envie de déclarer : S’il y a quelque chose à sauver, ce n’est sûrement pas les blogs mais les comportements. Parce que si on y réfléchit bien, la « décadence » elle existe à toutes les époques. A chaque siècle des auteurs se sont insurgés face au déclin de l’homme, à chaque siècle ils se pensaient les derniers, et puis deux millénaires et quelques plus tard rien n’a changé : on se croit toujours en plein déclin. Qui veut parier sur ce que penseront nos descendants ? Probablement la même chose. Tout ça pour dire que le « déclin » de la blogosphère ou de la japanimation est à mettre au même rang que le déclin de la littérature, de l’humanité et compagnie : les choses évoluent vers quelque chose de nouveau, d’inconnu et donc qui nous fait un peu peur, qu’on a du mal à l’accepter. C’est la magie du « c’était mieux avant », une illusion entretenue par le fonctionnement même de la mémoire qui veut qu’on retienne plutôt les moments heureux du passé (Car qui aurait envie de se rappeler ses humiliations d’enfance ? Personne). Et à cause de cette nostalgie douce-amère un peu trompeuse on s’enferme dans des préjugés, dans cet « âge d’or » imaginaire où tout était bien. Du coup c’est tellement plus facile de s’enterrer sous les illusions et de blâmer les autres qu’on se demande bien par quel miracle on en viendrait à se remettre en question.

 

Et s’il était temps de prendre conscience de notre propre hypocrisie ?

 

 

Autour de moi, que ce soit dans des forums de discussions ou sur Twitter, je vois souvent des otakus exposer ce qu’ils regardent dans les nouveautés saisonnières et à mon grand ébahissement, certains suivent en même temps une douzaine de séries (sur une trentaine ou quarantaine) qu’ils abandonnent parfois allégrement au bout d’un ou deux épisodes. D’un point de vue personnel, je suis assez effarée parce que c’est une attitude qui me rappelle une sorte de zapping, un engloutissement d’animes sur le mode du fast-food, et qui va un peu contre mon habitude de « marathon » d’une série à la fois en une semaine ou deux qui me paraît (enfin je le crois) de mieux pénétrer l’ambiance et l’histoire comme étant un tout. Mais surtout c’est la globalisation de ce type de comportement qui m’effare.

 

Aujourd’hui les gens ne veulent plus attendre : il leur faut leur « dose » de la semaine maintenant, il leur faut ripper les pistes d’un anime plutôt que d’attendre quelques mois la sortie de l’OST officielle, il leur faut critiquer et juger tout de suite un anime qui va sortir et déterminer s’il est bien avant même de l’avoir vu. De même pour les jeux-vidéos lorsque des joueurs impatients commandent la version japonaise ou anglaise d’un titre qui s’apprête à sortir en France et se retrouvent parfois avec plusieurs versions du même jeu. A l’ère d’Internet où tout se sait tout de suite, la patience devient un luxe.

 

Cette ingurgitation en masse est aussi assez traîtresse ; elle peut donner l’impression à celui qui suit directement les nouvelles séries d’être plus ou moins dans la « légalité » (puisque la majorité des nouveautés ne peut pas être licenciée aussi vite en France même avec le phénomène grandissant du Simulcast), mais aussi d’une « décadence » puisque sur le lot de sorties saisonnières il n’y aura bien sûr pas que de la qualité (c’est d’ailleurs impossible de voir 35 chef d’œuvres sur 40 séries comme ça, d’un seul coup). D’où un possible désintérêt avec le temps.

 

Ce qui découle de ce comportement peut être ensuite assimilé à un cercle vicieux. L’otaku lambda va parler de la nouvelle série qu’il vient de voir, ce qui peut aiguiser la curiosité de son voisin qui va tester à son tour et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une petite communauté de gens se mettent à en discuter, augmentant encore d’avantage la tentation parce que, dans le fonctionnement même de l’être humain, on a tous envie d’être inclus dans un groupe, et que pour se sentir intégré on va naturellement avoir envie de participer à la discussion de la communauté qui nous intéresse. Au final, un quidam inexpérimenté va plutôt vouloir tester l’anime dont tout le monde parle au moment même où il cherche des conseils. Un phénomène qui peut vite tourner au « hype » avec Twitter et les critiques de blogs disponibles (surtout si les blogs en question sont un tant soit peu influents). D’ailleurs ça peut marcher dans les deux sens : on n’est pas obligé de dire du bien d’une série pour pousser les gens à la regarder et le fait même qu’elle soit conspuée peut-être tout aussi efficace.

 

Au final il ne s’agit plus que d’un effet de mode qui laisse tout un pan de la japanimation en rade, d’où un certain ras-le-bol. Mais là où ça devient vicieux c’est que nous baignons tous dans l’hypocrisie. C'est-à-dire que les blasés vont te répéter non-stop combien c’était mieux avant et combien c’est la décadence aujourd’hui mais très peu d’entre eux essayeront vraiment de partager leurs trésors personnels pour contrer l’effet de mode, mieux encore, on ne les verra apparaître que là où il y a du « drama » potentiel. Autrement dit, tous les procrastinateurs qui se plaignent (parce que généralement ce sont les gens qui ont abandonnés leur blog ou qui ne font rien de particulier qui râlent) sont tellement pris dans leur paresse qu’ils ne vont que rarement tenter de lire les articles de blogs qui se veulent être des rédactions construites sur un anime qui mériterait attention. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas assez intéressant bien sûr. Un blogueur lambda qui veut présenter un titre méconnu indiffère le procrastinateur moyen qui lui est surtout sur le net pour oublier sa journée pourrie et souffler un peu, alors faire des efforts d’intellect et de motivation il n’en a pas très envie. Par contre, le moindre billet un peu croustillant avec, au choix, du cul ou du drama, là ça réveille sa curiosité.

 

Nous sommes tous comme cela. Pourquoi croyez-vous que la téléréalité existe toujours ? Parce qu’il y a des gens pour la regarder et que ces gens ne prennent pas, comme on pourrait le croire, l’émission au premier degré (ça existe quand même), non, c’est justement sa médiocrité qui les attire. Ils ont besoin de booster leur ego en admirant des spécimens caricaturaux aligner connerie sur connerie (au point même où l’on pourrait très justement se demander si tout n’est pas qu’une gigantesque fumisterie). Ce cynisme, cette curiosité malsaine, on l’a tous. Dès qu’on entend parler d’un concept glauque et graveleux, on a envie d’en savoir plus, c’est presque instinctif. Je suis pareil. Il suffit d’un titre aguicheur pour m’appâter et je tombe dans le panneau. J’ai beau savoir que c’est un piège à cons, je ne peux pas m’en empêcher. Il en va de même pour certains animes. Je regarde des daubes dégoulinantes d’ecchi parce que je sais que je vais détester, c’est de la pure mauvaise foi et j’en suis parfaitement consciente.

 

Il en va de même dans la blogosphère : il suffit d’une pincée de polémique et tous les procrastinateurs du coin sortent le pop-corn et viennent « débattre » alors que ça n’a plus rien d’un débat en ce qu’ils ne viennent pas pour mettre en doute leurs opinions, mais bien pour les affirmer. Un gus parle de moe ? Faites péter le champagne les gars, ça va être lolilol ! Sus à l’ennemi ! Voilà, nous sommes tous des chacals, des charognes qui nous repaissons de chair fraîche, il nous faut notre dose de croustillant, de sensationnel, de drama, il nous faut regarder des reportages sur les otakus et les geeks en se foutant de leur gueule pour se mettre à distance de soi-même (parce qu’à la minute où l’on réalise que les personnes dont on se moque ne sont que des caricatures de nous-mêmes, on prend conscience de la puérilité de notre comportement). Je pense que c’est un peu pour ça aussi que Raton Laveur a eu autant de succès sur son site, il n’y a qu’à voir son récent billet sur Gameblog pour s’en rendre compte, il sait rester juste à la limite de ce qu’il faut dire et ne pas dire tout en évoquant des sujets brûlants qui ne peuvent qu’attirer les charognes en manque de drama.

 

 

Si les gens désirent réellement « sauver » la blogosphère, alors ils doivent se sauver eux-mêmes avant tout, se sauver de cette spirale de la procrastination qui les mène aux confins de l’ennui et du sensationnalisme (je crois que l’article de Concombre Masqué sur la rule 36 explique assez bien qu’au fond on est rapidement blasé par tout et qu’on finit par vouloir aller toujours plus loin dans l’horreur, quitte à de désensibiliser de tout).

 

Il n’y a jamais eu de déclin de la blogosphère, juste une évolution qu’il faut savoir accepter. Des tas de petits sites essayent tant bien que mal de faire entendre leur voix dans le tumulte mais ils sont bien vite masqués par le chahut du lulz, du drama et des boobs à volonté et il n’est pas étonnant que certains d’entre eux perdent toute motivation lorsqu’ils constatent qu’ils ne seront jamais lus que quand ils écriront de la merde. Personnellement je suis souvent fatiguée et excédée par ce phénomène et je pense que je le répète assez souvent comme ça. J’ai l’espoir assez désabusé d’effectuer un nivellement par le haut et de ne pas tout à fait vendre mon âme en alternant entre les billets qui attireront forcément l’attention (Parler de Boku no Pico, de sexe ou de daube atroce éveille automatiquement la curiosité malsaine) et ceux qui se voudront appartenir à un registre plus élevé. A mes yeux il n’y a qu’en montrant l’exemple qu’on parviendra à s’imposer en tant que tel. Alors je fais de mon mieux pour inciter les gens à tester des œuvres dont on ne parle pas. Les procrastinateurs peuvent-ils en dire autant ? Peuvent-ils si justement se plaindre de la décadence s’ils en sont les plus gros catalyseurs ?

 

C’est là, à mon sens, la faille majeure de la PASSION que prônait kyouray il n’y a pas si longtemps déjà. La passion ça va, ça vient. La passion s’accompagne nécessairement de hauts et de bas, le bas étant la procrastination, le manque de passion. La passion c’est quelque chose que l’on subit, dont on ne peut se détacher. Le passionné est donc l’aveugle par excellence et la passion seule est insuffisante sans une bonne dose de lucidité. C’est, je pense, une des qualités que doit posséder un blogueur. Savoir évoquer ce qui le fait vibrer sans être aveuglé par sa passion, par sa personne, donc plus ouvert sur les autres.

 

La blogosphère n’a pas besoin de sang neuf, elle a besoin d’esprits neufs (ce qui est une grande nuance). Autrement dit de qualité plus que de quantité. Alors soit on se complaît dans sa médiocrité et on accepte ce soi-disant « déclin » sans hypocrisie, soit on désire vraiment faire bouger les choses et dans ce cas c’est par soi-même que doit débuter le changement. On n’est pas forcés d’agir après tout : personnellement je me sens très bien dans l’oisiveté, j’aime profiter de mon temps libre pour lire, pour jouer aux jeux vidéos ou pour regarder les animes qu’il me plaît de regarder au rythme qui me plaît (donc en faisant le tri dans ce que l’on me propose). J’aime bien zoner sur le net à ne rien faire aussi. Mais dans ce cas, je ne me plains pas, ma mauvaise foi est totalement assumée.

 

En attendant j’ai toujours essayé de limiter ma procrastination car j’ai toujours eu la hantise du temps perdu. Et à choisir, même si c’est beaucoup plus fatiguant, même si ça me vole une partie de mon temps libre, je crois que je préfère agir à ma façon, c'est-à-dire en écrivant. Pas nécessairement sur le blog, même si c’est un support que j’aime beaucoup (ou plutôt que j’apprends à aimer), puisque je suis avant tout une littéraire avant d’être une otaku. Je pense notamment à mon projet de visual novel qui me dévore énormément d’énergie mais en même temps qui me tient vraiment à cœur. Entre la procrastination et l’action, je crois que j’ai choisi, j’ai choisi le chemin le plus difficile mais aussi le plus gratifiant.

 

J’aimerai dire que je ne le regrette pas. Le souci est que ma motivation (comme toute motivation j’ai envie de dire) est fragile et que des incidents comme celui du dernier article me remettent en question. J’en viens à me demander si je ne devrais pas abandonner le format du blog pour me concentrer sur l’écriture du VN. Après tout, pourquoi se fatiguer à viser un idéal de qualité si c’est la merde qui attire les charognards ? Je me le demande souvent. Mais si j’abandonne, ce sera leur victoire, alors je me dis qu’il faut tenir bon et garder espoir, que le nivellement par le haut peut avoir des résultats. Serait-ce une utopie ?

 

 



P. S : Pour la première fois sur le blog, je ferme les commentaires. Déjà parce que je sais pertinemment que ça va partir en vrille, et aussi parce que je juge que vous empêcher de commenter vous évite une perte de temps incroyable. Vous avez bien mieux à faire que de venir chercher du drama ici, j'en suis sûre. Quant à moi j'ai du travail sur le feu alors rendons-nous mutuellement service =). Il fallait juste que ça sorte, voilà, voilà.

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 21:30

 

Ouch, ça fait un moment que je n’ai pas blogué. J’étais quand même prête à m’y remettre, j’avais presque fini toutes les disserts à rendre et puis, surprise, j’en ai écopé d’une nouvelle en bonus et mes examens approchent à grand pas. Cela va donc faire plus d’un mois que je suis archi-occupée par les études et que je ne suis plus très présente par ici (voire totalement absente pour ceux qui attendent toujours une réponse à leur mail, pardoooooooon). Comme ça fait un bail que je ne peux pas trop souffler, et ben je commence à être fatiguée, très fatiguée, et donc de surcroît extrêmement blasée (oui ça va avec). On va dire que c’est la phase obscure de la mélancolie.

Je vais essayer de reprendre le rythme mais il va falloir un peu de patience. En attendant mon apathie va être dur à supporter, je te plains d’avance courageux lecteur…Parce que quand je suis comme ça je n’aime rien.

 

 

NET                        

J’aime pas les blogs qui veulent faire partager leur passion pour un anime, un manga, un jeu vidéo et dont l’argumentation se limite à deux paragraphes (un pour résumer l’histoire, l’autre pour une argumentation binaire en J’aime/J’aime pas), voire trois quand ils sont en forme…

 

Evidemment j’ai bien conscience que tout le monde n’a pas une formation littéraire comme moi qui m’oblige à disserter régulièrement et me rend l’exercice beaucoup plus naturel (encore que, c’est à débattre), l’envie ou le temps de tartiner des pages et des pages sur un sujet (enfin pas trop non plus sinon c’est dur à engloutir d’un coup) mais voir des billets aussi minces, moi ça me rend triiiiiiiiiiste (écoutez le sanglot de la littéraire). Globalement le synopsis d’une série, on peut le trouver partout, donc ce qui fait tout l’intérêt de l’article c’est bel et bien ce que vous ajoutez par-dessus votre visionnage, et là en l’occurrence vous ajoutez pas grand-chose alors qu’au fond vous avez ptet des tas de trucs épatants à raconter.

 

Et si vraiment vous avez du mal à écrire, que c’est trop contraignant, que vous avez du mal à laisser sortir les mots, eh bien ce n’est pas grave. Il existe des tas de manières de partager son avis sur tel ou tel anime, à travers les forums ou des sites comme Anime-Kun, vous n’êtes pas obligés de vous forcer à tenir un blog a priori, surtout si vous ne tirez pas grand profit de l’expérience.

 

Z09

 

J’aime pas les fans totalement aveugles. Regardons la vérité en face : les sites qui durent arrivent à se construire une certaine autorité dans le milieu mais au fil du temps, n’ayant plus rien à prouver à personne, ils n’ont parfois finalement même plus besoin de s’appliquer. Ils peuvent écrire n’importe quoi et la foule en délire les acclame déjà. Et là c’est un peu le début de la fin. Très vite les commentaires se résument à « prem’s » (genre c’est une course automobile : le premier qui repère le nouveau billet a gagné) et à « tro bien ». Un tel manque de sens critique ne donne clairement pas envie d’être célèbre (sinon pour un boost d’ego j’imagine).

Sauf que souvent le site qui est acclamé par ces groupies dénigre ces mêmes personnes de manière directe. Avouez que c’est quand même putain d’ironique de voir un blogueur cracher sur les kikoolols (ces figures emblématiques du net) et recevoir plus de 150 commentaires positifs rédigés en langage sms d’authentiques kikoolols qui disent « ololol t’a kro raison a mor lé kikoo ».

Alors soit c’est moi qui n’ai pas bien compris quelque chose, soit certaines personnes ont de la merde dans les yeux…

 

J’aime pas les gens qui parlent pour ne rien dire mais qui sont adulés parce que, parce que, parce que je cherche encore ! Personnellement j’ai toujours eu pour éthique de ne parler que quand j’avais des trucs un minimum pertinents à dire. A chaque fois qu’à mes yeux ça ne l’était pas vraiment, je me mordais les doigts de honte d’avoir osé écrire pour dire si peu. Et puis je me rendais compte qu’en fait la majorité des gens sont bien moins exigeants que moi (de l’autre côté c’est pas bien difficile) et qu’un rien peut faire leur bonheur. C’est plutôt cool mais en même temps…pas vraiment.

J’aimerais parfois comprendre en quoi prendre des photos de ce que l’on vient d’acheter, genre le dernier coffret collector de telle série ou la deux-cent-vingtième figurine de fille d’anime à moitié à poil (…bande de riches va !) voire de son étagère à mangas, peut être aussi passionnant. Pour les collectionneurs je ne dis pas, il doit bien y avoir une valeur intrinsèque, mais pour le mec lambda je nage dans le mystère…

 

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J'enferme les gens dans des boîtes mais les transformer en télé ça serait pas mal non plus

 

J’aime pas le poids de plus en plus débordant de l’humour. Ce point là concerne surtout les vidéos commentées mais pas que. J’ai souvent remarqué que le net était un vilain toxicomane en manque d’humour. Il veut sa dose, il la veut maintenant, il la veut tout de suite, à un tel point que ça en devient parfois un peu étrange.

Souvent quand je me balade (pas IRL, j’entends), je découvre des vidéos commentées sympas. Le mec (car souvent c’est un mec, désolée les filles, vous êtes clairement minoritaires) présente son jeu de manière totalement traditionnelle, y a aucune blague, aucune ironie, rien, juste une ptite vidéo sans prétention. Et il a 75 commentaires qui lui disent « Ouah trop drôle, j’suis mort de rire ». Euh, what ? Les gens sont donc tellement en manque d’humour qu’un rien les plie de rire ?

Je parle des vidéos commentées parce que c’est extrêmement répandu sur le net (et LA manière d’être célèbre très rapidement) et que généralement les instigateurs sont ébahis de leur propre succès, mais c’est aussi comme ça sur les blogs et je le constate d’une certaine manière à ma propre échelle.

Les gens n’ont pas envie de réfléchir, ils veulent oublier leur journée de merde ou les factures à payer pour demain, ils veulent rire un bon coup. D’accord mais c’est un peu triste si l’humour devient la seule manière de se détendre, voire de communiquer sur le net. Et puis se gaver de lolilol pour un rien ça rend aussi vulnérable. On a souvent vu des romans décrivant des contre-utopies/dystopies manipulant le peuple par des moyens crapuleux (perte totale de l’intimité dans 1984, impossibilité d’accès à la culture dans Fahrenheit 451, embrigadement total dès la naissance dans Le meilleur des mondes) mais après tout, l’humour pourrait aussi être utilisé comme arme.

Moi j’serais dictateur j’occuperais mon peuple avec du lol, des tas de loisirs superficiels et j’interdirais d’être triste (du pain et des jeux comme dirait César, sauf que là je mise un max sur les jeux), comme ça, je peux les contrôler sans même qu’ils s’en aperçoivent et je brise toute résistance. Je fais comme dans Sora Kake Girl, j’enferme les citoyens dans des boîtes avec un net sécurisé et je leur fais croire qu’il n’y a qu’en restant là dedans mater des photos de lolcats qu’ils seront heureux. Je détruis la réalité. Personne veut me prêter un petit pays pour tester, voire ?

 

 

ANIME

J’aime pas les mechas. Parce les robots déjà, étant un être désintéressé par la mécanique, ça ne me passionne pas du tout, et en plus ces trucs sont généralement beaucoup trop gros ! Je sais bien que combattre dans l’espace ou en écrasant des gratte-ciels ça fait classe mais moi je préfère l’échelle humaine. Sauver l’univers j’en ai pas très envie non plus. Un robot normalement ça ne fait pas d’acrobatie spectaculaire non plus. Et puis surtout il y a bien moins de mérite à être le héros si c’est le véhicule qui a les super pouvoirs. On aura beau me dire « Tu conduis comme une déesse », « Tu es l’élue », je me sens remplaçable par le premier quidam venu parce qu’au fond c’est toujours la voiture géante qui fait le boulot, sans elle je ne suis rien. Et ça c’est frustrant. Du coup je préfère le genre…

 

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…Mahou Shoujo / Magical Girl parce que là même si tu as un coup de pouce pour éveiller ton potentiel, tu sais que c’est vraiment toi qui fait tout. Et puis il y a les scènes de transformation qui sont d’une inutilité ahurissante dans l’unique but de te rendre cool et de te laisser le temps de prendre la pose. Mais en même temps j’aime pas trop les magicals girls parce qu’elles utilisent souvent leurs pouvoirs (quelques fois géniaux, quelques fois ridicules) pour des broutilles. Je me souviens d’un épisode de Lilpri par exemple où les mascottes kawaii mangent toutes les tartes aux pommes. Dans le même registre, Sakura (de Card Captor Sakura of course) se retrouve bien confrontée à…des salles de classe pas rangées qui apparaissent aléatoirement. Nom de Dieu, vite, appelons les pompiers !

C’est ça que j’aime beaucoup moins avec les magicals girls, c’est généralement beaucoup trop mignon…

 

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Oui mais là c'est une exception...

 

J’aime pas les histoires d’amour type « shoujo » non plus d’ailleurs. Que le couple soit hétérosexuel ou homosexuel, c’est pareil, ça m’ennuie toutes ces avalanches de sentiments dégoulinants de rose. Tu sens bien que tout est terriblement déconnecté de la réalité, terriblement idéalisé. Trop idéalisé pour moi.

Les histoires d’amour sous l’angle de l’homosexualité c’est souvent encore pire, encore plus idéalisé (ce qui veut tout dire). On ne trouve pas facilement de vrai shoujo ai / yuri parce qu’il y en a partout mais juste pour exciter les fantasmes des garçons et les quelques titres véritablement centrés sur le sujet ne sont pas des plus intéressants. J’ai testé Yuri Hime Wildrose une fois. Certaines histoires étaient sympas mais globalement on tourne toujours en rond. Le shounen ai / yaoi, n’en parlons pas, c’est de loin le genre que je trouve le plus guimauve. Il a au moins le mérite de me remettre en question vu que TOUTES les filles semblent avoir un petit faible pour le yaoi. Serais-je secrètement un garçon ? Ou alors juste tristement réaliste ?

(Si Gen le veut bien je parlerai peut-être un peu de cette attirance pour  l’idéal le plus pur en rapport avec un dossier spécial contes de fées si ce n'est pas déjà fais)

Ce qui est sûr c’est que je ne supporte pas les histoires d’amour (j’ai pas aimé Titanic et Roméo + Juliette n’a pour lui que l’esthétique de la scène de rencontre et le parti-pris moyennement culotté de la scène finale) s’il n’y a rien d’autre pour l’accompagner. Comme par exemple…

 

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…la comédie. Sauf que j’ai bien envie de dire aussi « J’aime pas la comédie ». Disons que je suis d’une rare exigence en ce qui concerne l’humour et il faut se lever de bonne heure pour me faire rire. Ajouter à cela une franche méfiance envers « l’humour japonais » et ça restreint considérablement les possibilités. Mis à part Ouran High School Host Club je ne me rappelle pas avoir véritablement éclaté de rire devant un seul animes tout le long des épisodes. Au mieux je souris.

 

Ce qui fait que bizarrement je préfère le drame. Je pleure très facilement, alors pour peu qu’il y ait de la matière, je me transforme vite en fontaine. En revanche je n’aime pas l’exagération dramatique à outrance genre « Je suis née dans un sac à dos abandonné par mes parents dans la forêt parce qu’ils ne pouvaient pas me nourrir, j’ai été élevée par une licorne à trois têtes qui s’est faite tuée par les chasseurs quand j’avais cinq ans, chasseurs qui m’ont violée dans une tournante qui incluait aussi les chiens et quand j’ai finalement retrouvé ma famille, un tsunami a dévasté la maison et les a tué sous mes yeux. Oh et je suis à présent aveugle et paralysée à vie, snif, snif ». C’est quand même mieux avec davantage de subtilité. Les filles malades sur le point de mourir d’un cancer / d’une malédiction / whatever et les gens dont la famille a été massacrée sont monnaie courante, ça deviendrait presque lassant…

 

J’aime pas le shounen parce qu’il y a trop de tomes / épisodes à rattraper…oui je suis une feignasse, c’est ma seule excuse.

 

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J’aime pas l’ecchi pur et dur, malgré ma perversion naturelle (enfin il paraît), parce que ça m’explose les yeux toutes ces plans sulfureux en permanence. Mais étant une habituée du fait, ça ne m’empêche pas de regarder quand même. Il est tellement délicieux ce doux son du nerf optique qui se déchire dans un hurlement effroyable, je crois que je ne m’en lasserai jamais. Oh et je n’ai pas besoin de mentionner l’absence de scénario habituelle, je pense.

 

J’aime pas le hentai parce qu’une fois qu’on en a découvert un ou deux pas trop mal, on se rend vite compte qu’on a tout vu. C’est toujours la même chose, toujours, toujours, toujours. A tel point que j’ai parfois envie d’aller voir les studios et de les conseiller pour faire de vraies bonnes histoires érotiques (et je suis pourtant loin d’être douée en la matière). Déjà vous m’ôtez la traditionnelle scène de sexe directe d’ouverture qu’on ne peut placer nulle part dans l’histoire et vous me foutez quelque chose de plus suggestif. Ensuite vous allez me lire les Liaisons Dangereuses et je vais vous expliquer c’est quoi l’intérêt de l’attirance-répulsion qu’on arrête de plaquer toutes les nanas dans les bras du héros sans challenge. Je sais que le spectateur a débranché son cerveau mais faut jouer avec les tensions sexuelles un peu sinon c’est plus du hentai, c’est un distributeur de boisson (haute teneur en fluides) automatique.

Et je ne testerai pas les trucs hardcores, mes yeux ont quand même un seuil de résistance.

 

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Le tranche de vie, ce paradis terrestre retrouvé...

 

Mais pire que tout, je ne supporte pas la tranche de vie. S’il y a un type de série que je fuis, c’est bien celui-là. On pourrait considérer Haibane Renmei comme un tranche de vie je suppose, mais à mes yeux ce quotidien qui nous est présenté a quelque chose d’onirique et de surnaturel qui fait qu’on ne s’ennuie jamais, il y a toujours quelque chose à découvrir. Donc du moment qu’il y a un semblant de scénario, ça peut aller. Si ce n’est pas le cas, je n’essayerai même pas de regarder, je sais que je n’aimerai pas.

C’est instinctif, viscéral. J’ai érigé ma vie comme une aventure perpétuelle parce que je ne supportais pas l’idée d’un quotidien morne et triste à la base de « métro boulot dodo », alors quand je cherche du divertissement, un niveau supérieur d’extraordinaire (dans le sens de pas ordinaire du tout donc), et qu’on me propose justement ce même quotidien de petits riens que j’ai banni, forcément il y a comme une réaction d’allergie. C’est pour cela que face à K-ON (ou Nichijou maintenant) par exemple, j’aurais naturellement tendance à me placer du côté de ceux qui n’aiment pas, non par volonté de troll, mais toujours par « allergie ».

 

Je crois que je comprends les adorateurs du tranche de vie. Le tranche de vie c’est quoi ? Une petite vie toute tranquille, toute douce, toute rigolote. Y a des éléments de votre quotidien mais en mieux, vous vous reconnaissez dedans, les personnages sont trop chous à faire des grimaces trognonnes en permanence, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Quand t’as un problème, tes copines sont toujours là pour te remonter le moral. L’idéal en somme. L’idéal rose bonbon. Le monde des Bisounours mais pour les adultes. Jamais tu vois de crachats sur les trottoirs, jamais les héroïnes elles ont de l’acné, jamais les gens sont des connards, jamais on se fait racketter dans la rue. Le tranche de vie c’est probablement l’état le plus proche du stade ultime de l’idéal. Et l’idéal moi je peux pas ou alors je le découpe à coups de tronçonneuse.

 

Quand j’étais petite mes parents me disaient que je n’aimais rien. Ils ont peut-être raison après tout. Je n’aime jamais rien. Ou alors c’est une preuve de lucidité de ma part de savoir discerner les défauts dans toutes les séries que je regarde (les qualités aussi mais c’est tellement plus rieur de faire sa grognon), la preuve que je ne me laisse pas aveugler par la PASSION, que je ne subit pas ce que je vois.

 

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Le monde d'Helia en technicolor ça donnerait à peu près ça

 

Je n’aime rien. Enfin peut-être que si. J’aime bien les animes singuliers, ceux qui ont une histoire originale, une histoire qui m’attire, qui mélangent un peu tous les genres et évitent les étiquettes. J’aime bien les animes avec des personnages tellement bien foutus qu’ils te paraissent réels, qu’ils te paraissent vivre en toi depuis toujours.

J’aime surtout les trucs bizarres. Beaucoup de trucs bizarres. Les expériences extrêmes en fait. J’aime regarder une série qui te fait remettre en doute jusqu’à ta propre existence, qui te fait remettre en doute le monde entier, qui te viole l’esprit à sec et sans vaseline par une violente lobotomie à tendance philosophique. Il n’y a pas de mots pour décrire ce genre d’OVNIs alors j’appelle ça des animes WTF, des inclassables. Ce genre d’œuvres est par définition fort rare alors j’essaye de les économiser pour plus tard, je fais durer le plaisir. Mais j’adore ça. Et avec le recul je me dis que c’est vraiment comme un sport à risques, comme sauter en parachute ou prendre de la drogue, qu’en fait je suis tellement blasée qu’il n’y a vraiment plus que ça pour me procurer des sensations. Je dois être un peu décadente sur les bords.

 

Au fond c’est ptet pour ça que j’aime rien, rien d’autre que l’extrême, l’hallucinogène, le n’importe quoi : c’est ce qui me ressemble le plus. Une vie ordinaire ? A base de thé et de gâteaux ? Très peu pour moi ! Rien que ces derniers jours j’ai eu des idées farfelues que j’ai très envie d’inclure dans mon VN à un moment ou à un autre, des broutilles à base de nuages qui t’absorbent et même que tu peux t’installer à l’intérieur et que c’est encore mieux qu’une cabane (on a tous fais une cabane étant enfant) ou de nonnes fantômes qui sacrifient leur existence pour faire fonctionner le monde. Oh et ais-je mentionné les cérémonies tribales à base d’esprits bovins, l’explorateur qui donne des cours improvisés à des amazones (dans un arbre géant ce serait cool mais alors avec des lucioles comme éclairage, faudrait que j’y pense) et les arc-en-ciel toboggans * ? L’heure n’est pas aux gâteaux ou alors fourrés au LSD (l'imagination du pauvre) les gâteaux, c’est plus rigolo.

 

Tiens, mais que font ces hommes en blanc dans ma chambre ?

 

 

RASSER RASSERA RASSERA
...oui il fallait absolument que je vous pollue les oreilles avec cet air que j'ai dans la tête


* Et ne me regardez pas avec ces grands yeux ronds, je suis tout à fait capable de rendre ça cohérent…ce qui se révèle assez inquiétant quand on y repense bien.

 

Quand j’aurais fini ma dissertation de linguistique (vous avez manqué un billet rédigé par mes soins il y a quelques mois sur le sujet, ça finissait en métaphore sexuelle exhibitionniste, signe que je me suis profondément emmerdée lors de la conférence) et ma seconde dissertation de littérature du XVIIe siècle (mauvaise pioche la dendrophilie), promis, juré, j’écrirai un vrai article. Si mes examens n’ont pas démarrés d’ici là…

 

EDIT :

Hum, je sens qu’il va bientôt falloir que je sous-titre mes billets. Déjà pour les gens qui lisent en diagonale :

1) Ceci n’est pas un coup de gueule parce que cela sous-entendrait que je suis en colère. Apathie et colère sont des concepts TOTALEMENT opposés (merci de revoir votre vocabulaire si besoin).

2) Ceci n’est pas une critique de la japanimation. D’ailleurs si vous regardez attentivement j’ai mis le billet en 3615 My Life, ce qui veut tout dire. Je suis juste en mode « j’aime rien » ou « Schtroumpf Grognon », eeeeeeet…c’est tout. Vous vous attendiez à un pamphlet engagé avec un titre pareil ?

 

Bon c’est pas tout ça mais j’ai fini ma dissertation de linguistique (qui est donc une belle séance de masturbation intellectuelle, linguistique oblige) et j’ai bien besoin d’un remontant, il me faut ma dose de nawak premium sous peu pour me remettre à bloguer. On ne peut quand même pas écrire décemment si on n’est pas sous acides !

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 10:35

 

Une fois n’est pas coutume, je vais donner mes premières impressions sur un manga (ça faisait longtemps) et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la « suite » d’une œuvre déjà overhypée que tout le monde avait acclamé il y a un ou deux ans, j’ai nommé Doubt.

 

Surfant sur la popularité de son premier manga, Yoshiki Tonogai remet donc le couvert avec un nouveau thriller,Judge, dont le tome 1 devrait bientôt débarquer par chez nous. Pleine d’espoir, j’ai eu un instant la folle pensée que peut-être, Judge reprendrait les bases de Doubt et ferait de l’intrigue bancale originelle une œuvre capable de me couper le souffle de suspens. Eh ben, on va dire que ça commence mal…

 

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Hiro est un adolescent ordinaire qui vit seul avec son grand frère Atsuya depuis la mort de leurs parents. Leur famille est heureuse et Hikari, son amie d’enfance, file le parfait amour avec Atsuya. Les deux tourtereaux lui prodiguent même des conseils et l’encouragent à se trouver une petite amie aussi afin qu’ils puissent partir tous les quatre s’amuser. Or Hiro est bien amoureux d’une fille, sauf qu’il ne peut pas le lui avouer puisque cette fille c’est Hikari. Un jour, à force d’entendre cette dernière le pousser à se confesser à celle qu’il aime, il décide de passer à l’action et profite d’un hasard pour mentir à son frère et l’éloigner une petite heure, le temps de révéler à son amie d’enfance ce qu’il ressens pour elle. Mais ce tout petit mensonge aura des conséquences catastrophiques.

Lorsqu’Hiro se réveille, quelques temps plus tard, il est enfermé dans une sorte de cachot, un masque de lapin sur la tête et des menottes au poignet. Un jeu morbide est sur le point de commencer…

 

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Si le début de ce synopsis laisse entendre que l’histoire de Judge sera différente, très vite les similitudes avec Doubt se multiplient. Les couvertures sont très semblables, les personnages le sont aussi, du point de vue du design comme de la « personnalité » et le jeu part très vite dans la même direction. Les fans du premier manga en seront probablement ravis mais cela me laisse un goût amer dans la bouche. J’ai vraiment l’impression de lire une espèce de copie. Il suffit de regarder la galerie des protagonistes principaux quelques minutes pour s’en apercevoir : Hiro est un clone de Yuu, c’est le gentil héros naïf, bien con comme il faut, qui essaye de faire copain-copain avec tout le monde et porte en lui un vrai-faux péché. Vrai parce qu’en effet il a entrainé le malheur sur sa famille, mais faux en ce qu’il rappelle trop le « crime » de Yuu dans Doubt. Au risque de spoiler un peu, je rappellerai que ce dernier, lorsqu’il se retrouve devant le grand méchant responsable de leur séquestration (et pendaison lente et douloureuse, aléatoirement) apprend qu’en fait lui avait une gueule sympathique et aurait pu s’en sortir mais que, parce qu’il a eu le malheur de proférer un seul petit mensonge bien naturel vu la situation, non en fait il va ptet crever lui-aussi. Je reste donc très réticente devant le péché de Hiro qui est sensiblement le même (Tu as menti UNE seule fois dans ta vie, ordure ! Tu mérites la peine de mort !), ce qui n’annonce rien de bon.

 

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Les autres joueurs ne sont bien sûr pas en reste : Monsieur Lion est identique à Hajime sur tous les points, en un chouilla moins gentil, Monsieur Cheval est Eiji avec une mèche teinte, le blouson en cuir en moins, Madame Chat a des gros seins comme Haruka, c’est donc, comme elle, une pute (cherchez pas le raisonnement) et les autres filles ressemblent à Mitsuki et Rei mais sans aucune once de personnalité déclarée pour l’instant. Seul Monsieur Chat qui a l’air d’un Ritsu au masculin et Monsieur Ours ont pour l’instant fait preuve d’un peu d’intérêt. Joli recyclage !

Les graphismes en eux-mêmes ne sont pas moches du tout pourtant mais un peu d’originalité aurait peut-être été le bienvenu, à moins qu’une histoire de timeline alternative ne se trame là-dessous et explique cette bizarrerie.

 

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 User des mêmes gimmicks de présentation encore et encore ça devient usant à la longue

 

Quant au scénario, Yoshiki Tonogai commence Judge de manière bien moins maladroite que Doubt mais petit à petit les évènements deviennent atrocement conventionnels. J’ai l’impression de relire les 10 Petits Nègres d’Agatha Christie, l’adrénaline en moins. Donc notre jeu morbide se met en place avec une sorte de tribunal bancal où chacun doit voter pour quelqu’un toutes les douze heures et où celui qui a le plus de votes crève dans d’atroces souffrances jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un certain nombre de survivants. Une épreuve qui aurait pu être bien menée si…les votes n’avaient pas été aléatoires ! C'est-à-dire que les protagonistes ne se connaissent pas du tout, ils ne votent donc pas contre quelqu’un parce que son crime (lié aux 7 péchés capitaux) parait impardonnable mais juste parce que sa gueule ne leur revient pas. C’est d’une intelligence… Et évidemment dès qu’un personnage est sensiblement mis en valeur, vous pouvez être certain qu’il va morfler au prochain tribunal, il n’y a aucune surprise.

 

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La seule étincelle qui aurait pu illuminer le manga c’est que notre héros tout gentil a en fait trouvé dès le début la solution pour que personne ne meure. On aurait donc pu penser que l’auteur allait tirer un pied de nez aux stéréotypes du genre, nous présenter des gens moins cons que d’habitude et un véritable combat entre les « joueurs » et les « maitres du jeu » et que l’idée même de tribunal allait se retourner contre les méchants derrière toute cette manipulation. Mais non, ç’aurait été trop surprenant et cette technique possède une faille : il suffit d’un imbécile dans le tas et tout est fichu. Et ça tombe bien, ce sont tous des imbéciles ! Dès le 1e vote, tout se barre déjà en sucette dans la joie et la bonne humeur. Les retournements de situations deviennent bien trop prévisibles lorsqu’on a déjà lu Doubt en entier. On sait déjà que l’auteur n’avait pas assez de courage pour briser certains clichés et qu’il ne le fera probablement pas cette fois non plus.

 

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La première impression qui ressort de Judge n’est donc, pour moi, pas très favorable. Déjà que le succès du précédent opus me paraissait complètement usurpé (Sérieusement, ça ? Le meilleur manga de tous les temps ? Mais vous n’avez jamais lu/vu de vrai thriller de votre vie ou quoi 0__o ?), ce nouveau manga risque fort de subir le même traitement. Mais comme je suis un peu bête, et surtout incroyablement masochiste, je vais persévérer en espérant vainement que Judge arrive à réaliser le potentiel que Doubt annonçait. Autant dire que c’est pas gagné…

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