8 décembre 2019 7 08 /12 /décembre /2019 14:00

Précedemment : Subarashiki Hibi – Red Pill Blues (2e partie)

 

V. Le héros qu’on mérite mais non celui dont on a besoin

Des morts, où ça des morts ?

Jusque là, l’emphase de Subarashiki Hibi se plaçait sur la folie qui s’empare soudainement du lycée et le suicide mystérieux de Zakuro. A partir de Jabberwocky I, l’emphase se déplace complètement sur le drame familial des Mamiya, reléguant le reste à un bruit de fond anecdotique. Le personnage de Yuuki Tomosane est alors introduit comme le véritable héros de l’histoire, le seul individu en mesure d’arrêter le drame à temps. Il devrait donc nous apparaître comme un personnage éminemment sympathique : après tout il est conçu en opposition avec Takuji. Cela ne fonctionne à aucun niveau…

Il paraît difficile de faire pire protagoniste que Takuji mais Tomosane essaye très fort quand-même !

En premier lieu, Subarashiki Hibi reste très ambigu sur les connaissances exactes de Tomosane. Puisque que ce dernier est mis KO durant une bonne partie des incidents de It's my Own Invention, il ne semble pas avoir conscience de l’étendue des atrocités commises par son ennemi juré. Tomosane lui-même prétend être au fait des dernières nouvelles parce qu’il partage le même cerveau que Takuji mais ne mentionne à aucun moment un événement précis (et Dieu sait qu’il y en aurait). 

Tu es affreusement nonchalant pour quelqu'un censé tout savoir...

C’est assez problématique parce que cela diminue grandement l’impact de leur face à face final, laisse à croire qu’il se fiche des victimes du culte, et puis surtout parce que Tomosane déteste Takuji pour les mauvaises raisons !

 

L’homophobie virulente de Tomosane

En effet, ce n’est qu’à travers Tomosane, bien après la perspective de Takuji, que Subarashiki Hibi adopte un discours plus critique sur sa perception du monde. Or Jabberwocky I débute avant It's my Own Invention, ce qui fait que les reproches n’ont rien à voir avec la création de la secte. Qu’à cela ne tienne, il y a tout de même des choses à dire ! Or voilà, ce que Tomosane ne supporte pas chez Takuji ce n’est pas sa haine irrationnelle des femmes, sa paranoïa galopante, ou encore le sentiment que tout lui est dû…mais qu’il s’agisse d’un otaku faible et efféminé.

C’est même toute son "origin story" : la personnalité de Yuuki Tomosane est censée naître au moment du viol de Takuji par réaction et a constamment recours à la violence car c’est sa seule manière d’appréhender le monde. Il y a quelque chose de pourri à considérer que le problème de Takuji est qu’il ne se comporte pas comme un homme, un « vrai », alors qu’il s’agit surtout d’un adolescent extrêmement instable qui se réfugie dans la haine (des autres et de soi).

"Homo" est le terme le plus gentil à sa disposition et il doit l'utiliser 2 fois à tout casser...

Ce qui apparaît dès le début de son chapitre c’est donc l’homophobie extrêmement virulente de Tomosane qui est bien loin de seulement s’appliquer à son ennemi juré. Ainsi, bien qu’il soit proche de son maître en arts martiaux, il ne cesse de l’insulter sur sa sexualité. C’est bien simple, la boîte de dialogue comporte toujours un commentaire offensant à chaque fois que les deux hommes sont en présence l’un de l’autre à l’écran. Quelle charmante manière de traiter celui qui a recueilli ta famille après un horrible accident ! En contrepartie, le maître est lui-même présenté comme une caricature de folle : il est à la fois super baraqué et vêtu d’une robe (?), parle explicitement de sa sexualité et fait surtout des propositions indécentes à chaque personnage masculin qu’il croise…y compris son protégé. 

 

Misogynie ordinaire

Après une telle introduction en fanfare, vous vous douterez que Tomosane n’est guère mieux que Takuji dans son comportement avec les femmes. La branche alternative de Looking-Glass Insects nous montrait déjà un avant-goût : bien qu’il soit du côté de Zakuro et Kimika, il n’hésite pas à réagir de manière condescendante en leur présence. C’est ainsi qu’il les rabaisse régulièrement à leur physique et à leur genre via des commentaires stéréotypés (type « Tu ne trouveras jamais un mari à ce rythme là » ou « Tes seins sont minuscules »), particulièrement Kimika. Même son entrée en scène théâtrale au moment de les sauver a un arrière-goût sexiste puisqu’il les décrit comme « ses femmes » et « ses jouets » devant le groupe de délinquants qui s’apprête à les kidnapper. Le lecteur est invité à trouver cela comique.

Sans surprise, il réserve le même genre d’attitude à Hasaki dans Jabberwocky I. De manière générale, il la traite avec une froideur extrême et ne cesse de l’éviter, ce qui est maladroitement excusé comme un comportement de tsundere : il n’oserait pas lui avouer qu’il l’apprécie. S’il ne verse pas dans la haine, Tomosane semble tout de même considérer les femmes comme des créatures étrangères, en témoigne le fait qu’il demande régulièrement à Yuki de s’occuper de Zakuro à sa place.

Niveau comportement normal envers les femmes, on repassera...

 

 

Le croisement monstrueux entre Serial Experiments Lain et Love Hina…

C’est aussi à ce moment que Subarashiki Hibi décide de se tirer une balle dans le pied. Jusque là le jeu était resté très critique des poncifs hérités des eroges : le harem yuri de Yuki dans Down the Rabbit-Hole I était toujours assorti de clins d’œil meta en direction du joueur et même Takuji dans la branche alternative de It's my Own Invention avait au moins la lucidité de reconnaître que ses fantasmes étaient complètement absurdes. Et soudainement, Tomosane se retrouve au cœur d’un harem incroyablement cliché présenté sans aucune espèce d’ironie ! Un harem qui est donc composé de sa sœur Hasaki et du fantôme de son premier amour (qui vit depuis dans sa tête), Minakami Yuki.

Le sens de l'humour du jeu est visiblement mort avec Zakuro

Ce serait mentir de dire qu’un trouble dissociatif ne pourrait pas consister un bon socle comique mais, tout comme avec le chapitre de Takuji, Subarashiki Hibi l’exécute de la manière la plus superficielle et dissonante possible. Comment un visual novel qui avait commencé de manière aussi percutante peut-il passer de Serial Experiments Lain à Love Hina en l’espace de deux chapitres ? Jabberwocky I est une immense déception parce que le triangle amoureux n’est qu’un prétexte pour débiter des blagues sexuelles souvent mal placées. 

*Rires enregistrés*

Le début du chapitre (avant que les événements inquiétants du lycée ne rattrapent Tomosane) s’articule entièrement autour du fait que la jeune Hasaki est surtout là pour faire les tâches ménagères et recherche vainement l’approbation de son grand frère. Oh, et que Tomosane n’est sexuellement attiré, ni par Yuki, ni par Hasaki, ce qui est un grave problème qui conduit à toutes sortes de prétextes du genre « Si tu ne me trouves pas sexuellement attirante, tu ne verras aucune objection à ce que je dorme dans ton lit en petite tenue ? » ou « Si tu ne me trouves pas sexuellement attirante, tu ne verras aucune objection à ce que je prenne une douche nue avec toi ? ». Cela finira bien évidemment en scènes de sexe à un moment.

*Rire fatigué*

A vrai dire, il est difficile de déterminer quelle héroïne du harem est la plus gênante. Hasaki a l’avantage d’être vivante mais le fait qu’elle soit aussi jeune (elle se balade encore avec une peluche) et la véritable petite sœur du protagoniste de surcroît rend leur relation incroyablement malsaine. Yuki est resté bloquée à l’adolescence donc l’âge n’est pas encore un problème mais (j’ai du mal à croire que je suis obligée de le préciser) elle est décédée. J’ai rarement vu un eroge proposer un triangle amoureux aussi mauvais : aucun choix n’est approprié !

 

50% de larmes et 50% de sperme…

Autre immense déception : le personnage de Minakami Yuki dans Down the Rabbit-Hole avait le mérite d’être sympathique et très intéressant. La véritable Yuki introduite à partir de Jabberwocky est complètement vidée de sa substance. Puisqu’elle est morte, elle n’a plus aucun pouvoir d’action, elle est donc perpétuellement subordonnée à l’homme qu’elle hante. Elle devient le second couteau de Tomosane, n’existe plus par elle-même et se sacrifie perpétuellement pour lui apporter son aide. Ce qui est encore pire rétrospectivement quand on apprend que Minakami Yuki n’est pas simplement une personnalité inventée par Mamiya mais une véritable personne qui a autrefois existé.

Le running gag c'est que tout le monde s'en fout de Zakuro, c'est ça -__- ?

La vraie Yuki que l’on côtoie dans Jabberwocky I et II est malheureusement l’équivalent d’un vieux pervers enfermé dans le corps d’une jeune fille. Certaines scènes touchantes comme celle du rendez-vous improvisé sont ruinées par la nouvelle perspective parce qu’on se rend compte qu’elle était trop occupée à faire des blagues sur le sperme avec Tomosane pour prêter attention à Zakuro…

 

L’impossibilité d’ouvrir son cœur à Hasaki

Une autre raison qui fait que la seconde partie de l’histoire ne fonctionne pas aussi bien que l’auteur l’envisageait est son dénouement peu satisfaisant. Après avoir été ignorant et passif durant les moments les plus importants de l’intrigue, après avoir perdu son grand face à face, Tomosane ressort paradoxalement victorieux dans les différentes fins (sauf End Sky II mais j’y reviendrai). Subarashiki Hibi nous fait ainsi croire qu’avoir été confiné dans un coin de l’esprit de Takuji a fait évoluer le protagoniste et qu’il en sort grandi mais rien dans son comportement n’accrédite cette thèse. On pourrait arguer que sa véritable force n’est pas de battre son rival à mains nues mais de faire davantage confiance à Hasaki…or ce n’est pas le cas.

Ci-dessus représenté : un frère aimant (non)

Tout au long de Jabberwocky I, l’auteur pioche dans un des poncifs les plus insupportables des eroges à mes yeux : l’homme sait quelque chose d’important mais laisse volontairement la femme qu’il aime dans le noir sous un prétexte quelconque (la protéger, ne pas la blesser). Résultat ? Son ignorance conduira inévitablement la femme à faire quelque chose de stupide de manière à faire avancer le scénario et elle devra s’en excuser sans que la responsabilité de l’homme ne soit jamais remise en question. C’est exactement le résumé du chapitre : Tomosane ment et cache constamment des choses à Hasaki et en retour cette dernière agit de manière irrationnelle et devient un véritable poids. L’exemple le plus évident demeure son duel avec Takuji qui se transforme en énorme malentendu parce qu’il n’a pas pris le temps d’expliquer la situation et la présence opportune de sa petite sœur finit par bouleverser complètement l’issue du combat. Bien joué, champion… 

5 minutes plus tard

Jusqu’au bout Tomosane n’aura pas été complètement honnête avec Hasaki et ce alors même qu’ils ont couché ensemble dans un des embranchements. Tout au plus il accepte de concéder qu’il tient à elle mais il ne change pas fondamentalement son comportement pour autant, ce qui équivaut à lui donner des miettes. Cette incapacité à ouvrir son cœur même à celle qu’il aime est un trait typique de la masculinité toxique : Tomosane est trop obsédé par ce que signifie être un homme pour prendre soin de lui-même, ce qui se traduit par des tendances suicidaires que tente bravement d’enrayer la pauvre Hasaki.

La grande évolution de Tomosane est qu'il ne cherche plus à mourir ? C'est...un bon début...je suppose ?

S’il est positif que Mamiya arrive à guérir dans les différentes fins et qu’il paraisse enfin apaisé, il est toutefois difficile de considérer la relation incestueuse avec sa sœur comme une véritable progression du personnage. Ce serait plutôt une fuite en avant étant donné qu’il se retranche toujours dans le cocon familial et ne noue pas de nouvelles relations !

VI. Les sacrifices oubliés

On en arrive donc aux différentes fins de Subarashiki Hibi ; et quelles fins ! Malgré le fait que ce soit le cœur de l’histoire (ou du moins de Tsui no Sora), la vague d’hystérie est complètement reléguée au rang d’anecdote. Le lecteur n’a accès à aucun épilogue qui donnerait le point de vue du public ou comptabiliserait les victimes. Plus grave : Tomosane ne subit absolument aucune conséquence pour les actions de Takuji. S’il n’est pas coupable directement (ce n’était pas la personnalité en contrôle à ce moment là), il n’en a pas moins une part de responsabilité dans le drame et le public pourrait légitimement ne pas faire de différence. Des centaines de personnes sont mortes mais le héros a le droit à son happy end et c’est visiblement tout ce qui compte pour le scénariste, ce qui rend la résolution grossière et franchement déplacée. Et ce n'est pas la grande théorie de  Tomosane comme quoi les victimes recherchaient en réalité un prétexte pour mourir qui arrange les choses.

And no fuck was given, huh?

J’irais plus loin : il y a quelque chose d’obscène à présenter le héros soupirer devant le coucher de soleil qu’il revient de loin et qu’il va faire de son mieux pour vivre. Mamiya ne semble pas comprendre la gravité de la vague de suicides ou seulement reconnaître qu'il n’a pu s’en sortir que grâce au sacrifice d’absolument tous les personnages féminins autour de lui !

Yuki (Hill of Sunflowers)

Avec les révélations de Jabberwocky II, on comprend que Minakami Yuki est une vraie jeune fille qui se sacrifie perpétuellement pour aider Tomosane de l’intérieur. Après avoir sauvé Hasaki de la mort et refait surface sous forme de fantôme, c’est elle qui le guide afin qu’il retrouve la mémoire. Même effacée par Takuji, elle revient encore secourir Tomosane et permet à sa personnalité de refaire surface. Et pour finir c’est elle qui se dévoue pour éliminer définitivement Takuji au moment où il saute du toit.

Je me sens stupide d'avoir ressenti quelque chose à la capture précédente alors que c'est ça la véritable conclusion de son arc narratif...

Il est donc assez choquant qu’elle revienne comme par magie dans Hill of Sunflowers, juste à temps pour rejoindre le harem. J’ai l’impression d’avoir des flashbacks de la route de Michiru dans Grisaia no Kajitsu : sérieusement, pourquoi les scénaristes d’eroges se croient-ils obligés de faire des blagues à base de threesome avec des personnes DECEDEES ???

Hasaki (Wonderful Everyday)

Oubliez le sexe, voilà le véritable fantasme que vendent les eroges !

Si Yuki se sacrifie perpétuellement pour aider Tomosane de l’intérieur, Hasaki le fait de l’extérieur. C’est elle qui prend soin de lui depuis l’accident ayant endommagé sa psyché et ce sans jamais rien demander en retour à part un peu d’affection (qu’il lui donne à peine). Elle lui fait à manger, lui apporte son bento à l’école, surveille son bien-être mental, alors même que c’est une enfant et qu’elle doit bien avoir des traumatismes dus à l’accident aussi. Elle arrive même à accepter son caractère distant et insupportable. 

Au moment où Takuji saute du toit et lui laisse le contrôle, c’est encore Hasaki qui le sauve d’une mort certaine en se mettant elle-même en péril. C’est bien simple : Tomosane ne semble pas faire le moindre effort et elle l’aime quand-même de manière inconditionnelle !

Kimika (It’s my Own Invention) 

On ne le comprend qu’en filigrane à partir de ce que Subarashiki Hibi ne nous dit pas et la fin alternative de It's my Own Invention mais Kimika accepte de dédouaner Takuji en portant la responsabilité du meurtre de masse qu’ils ont commis ensemble. Elle l’enjoint ainsi à vivre alors même qu’elle se prépare à mettre fin à ses jours pour expier son crime. C’est exactement ce qu’il se produit dans la chronologie principale puisque Tomosane décide de vivre pour sa sœur (et Yuki). Il y a donc de grandes chances qu’il n’ait été innocenté que parce que Kimika a laissé des traces. Et le plus triste est qu’il ne paraît même pas se souvenir d’elle…

Zakuro (Looking Glass Insects)

Plus sournois encore, le malheur de Zakuro est en réalité la condition sine qua non de la renaissance de Tomosane, comme montré dans la branche alternative de Looking-Glass Insects. Si la jeune fille arrive à atteindre une existence normale avec son aide, la personnalité de ce dernier disparaît en entraînant celle de Takuji avec lui. Malheureusement la Yuki qui prend le contrôle est celle qui a perdu la mémoire aussi Hasaki est condamnée à n’être perçue que comme les jumelles Wakatsuki et ne retrouve jamais son frère. C’est assez horrible à dire mais pour que Tomosane renaisse sous sa véritable forme, Zakuro doit être violée, elle doit se suicider et entraîner les événements meurtriers que l’on connaît.

C’est d’autant plus horrible que la descente aux enfers de Zakuro fait écho à celle de Takuji mais qu’elle n’obtiendra jamais le même traitement en tant que personnage : là où Takuji bénéficie d’un des plus longs chapitres du jeu, la folie de Zakuro est expédiée à la toute fin du sien. Pire, la conclusion émotionnelle de son arc se déroule dans Down the Rabbit-Hole I, avant même son suicide, ce qui fait que le lecteur n’a pas conscience de ce qu’il se passe, dérobant ainsi au personnage son dernier grand moment.

VII. Une fin grossière : End Sky II

Une structure archi complexe qui ne mène à rien

Il se trouve que ce n’est même pas la véritable fin de Subarashiki Hibi ! En effet, après avoir visionné Hill of Sunflowers et Wonderful Everyday, le joueur se voit offrir un nouveau choix dans lequel Tomosane meurt parce qu’il n’a pas promis de protéger sa petite sœur envers et contre tout. Bienvenue dans End Sky II ! Ayana, substitut potentiel de l’auteur, révèle alors que le jeu possède une structure infiniment plus complexe qu’il n’y paraît. Si j’en crois les témoignages, la structure de Subarashiki Hibi reproduirait le Tractatus Logical-Philosophicus de Wittgenstein.

Schéma de la structure du jeu réalisé par Mayucchi (je vous invite à lire son article si le sujet vous intéresse)

Le problème…est que cela ne mène à rien. La possibilité d’une boucle temporelle est chouette mais cela n’apporte aucune différence notable à l’intrigue. Si l’intention derrière cette structure archi complexe est de vulgariser l’œuvre de Wittgenstein, c’est tout à fait louable, mais cela n’ajoute rien d’intéressant au texte.

 

Un pacte bafoué

De même, la théorie d’Ayana comme quoi l’intégralité des événements du jeu sont en réalité le produit de son imagination ne change absolument rien à l’histoire telle qu’elle est écrite. Pour que ce genre de retournement de situation fonctionne, il faut généralement un avant et un après. Par exemple : dans la nouvelle Le Pied de Momie de Théophile Gautier, le narrateur découvre un pied momifié dans un magasin d’antiquités et décide de l’acheter. La même nuit une princesse égyptienne lui apparaît et l’entraîne dans des aventures surnaturelles. Le fait que ces fameuses aventures ne soient qu’un rêve fonctionne parce qu’il y a un état vers lequel retourner (son bureau avant qu’il ne s’endorme). Dans le cas d’End Sky II, il n’y aurait aucun état ultérieur vers lequel retourner puisque rien n’existe ! Si rien n’existe, la révélation n’a aucun impact.

J’irais même plus loin : c’est exactement le but du pacte de suspension d'incrédulité entre le lecteur et l’auteur. Le lecteur sait qu’il s’apprête à lire une œuvre de fiction, et par conséquent que rien de ce qui est écrit n’existe, mais il choisit d’y croire parce que c’est plus intéressant ainsi. La théorie d’Ayana ne fonctionne donc sur aucun niveau : révéler que Subarashiki Hibi  est une fiction relève de l’évidence…

 

Ce n’est pas un bug, c’est une fonctionnalité

Le plus triste c’est que End Sky II sonne comme une parade de la part de SCA-JI. Après tout, si l’intégralité de l’intrigue a été imaginée par Ayana alors les failles scénaristiques sont tout excusées, il n’est plus possible de critiquer l’œuvre. Et il se trouve justement que les failles scénaristiques sont omniprésentes dès qu’on regarde l’histoire d’un peu trop près, ce qui est un comble pour une œuvre censée faire réfléchir…

Par exemple, l’échange d’apparence des deux frères ne fait guère sens, tout comme le changement de personnalité de Takuji entre Jabberwocky II et It's my Own Invention. Le Takuji original n’a en effet rien à voir avec l’otaku pleutre qu’il devient à titre posthume. Un tel changement mériterait sûrement quelques explications. Et que dire du fait que les différentes personnalités peuvent se trouver à différents endroits de la ville simultanément alors qu'elles sont censées partager le même corps ?

De même, Subarashiki Hibi essaye désespérément de se draper dans le mystère en proposant deux hypothèses pour expliquer les problèmes psychologiques de Mamiya : une rationnelle et une surnaturelle. L’hypothèse rationnelle est celle du trouble de la personnalité dissociatif : à cause du traumatisme de la mort de ses proches, le protagoniste aurait inventé une personnalité calquée sur son frère et une personnalité calquée sur celle de Yuki. L’hypothèse surnaturelle provient de l’héritage de prêtresse Shinto de la mère de la famille : Kotomi aurait des pouvoirs permettant de ramener les morts à la vie qu’elle aurait transmis à ses enfants par son sang. Ce serait à cause de cet héritage mystique que Takuji aurait réussi à posséder le corps de Tomosane au point de lui faire perdre son identité mais aussi que Yuki aurait réussi à s’infiltrer pour lui porter secours. Si l’hypothèse rationnelle semble l’emporter de prime abord, elle commence très vite à ne plus faire sens et l’hypothèse surnaturelle finit par être bien plus plausible. 

En effet, comment Hasaki arriverait-elle soudainement à voir Yuki dans Hill of Sunflowers si ce n’est via le pouvoir de son sang ? C’est probablement de cette même manière que Zakuro s’introduit dans le rêve de Yuki dans Down the Rabbit-Hole I.

 

Where is Self?

En fait, End Sky II m’évoque un tout autre visual novel : Remember11 – The Age of Infinity- qui est sorti en 2004 au Japon et dont j’ai déjà fait la critique sur le blog. Tout comme Subarashiki Hibi, Remember11 s’articule autour d’une intrigue à la structure complexe, bourrée de références philosophiques, et de personnages possédant des troubles de la personnalité. Et tout comme lui, Remember11 se termine par une forme d’autodestruction : le jeu se révèle être un piège à destination du joueur et tente de l’enfermer dans une boucle sans fin, dépourvue de catharsis. La grande différence est que le visual novel de KID est une expérience solide et extrêmement captivante de bout en bout là où Subarashiki Hibi abuse de la violence comme outil narratif mais ne l’utilise jamais de manière à dire quelque chose de significatif.

En réalité, bien qu’il soit entièrement possible qu’End Sky II fasse davantage sens dans Tsui no Sora, cette fin méta représente ici un échec. Le discours final d’Ayana n’apparaît que comme une pensée après coup et non une partie importante de l’œuvre ; rien ne la supporte. Malgré tous ses efforts, Subarashiki Hibi n’arrive même pas à reproduire l’alchimie très particulière de Remember11 (je ne suis d'ailleurs pas la seule à l'avoir remarqué ; malheureusement ce blogueur a modifié son article depuis).

 

Conclusion

Subarashiki Hibi est un titre dont j’attendais la localisation de longue date. Pendant des années, les joueurs qui avaient eu la chance d’expérimenter le visual novel en japonais étaient dithyrambiques : tous faisaient état d’une oeuvre bourrée de réflexions et traitant de thèmes résolument adultes, ce qui est exactement ce que j’aime. Mais les mises en garde pour l’apprécier sont incroyablement nombreuses et sans commune mesure avec les critiques les plus fréquentes trouvables sur Internet. Tout au plus, il est mentionné « Attention lire ceci peut vous donner envie de vous suicider » ce qui est assez terrifiant en soi.

Je ne peux qu'être en total désaccord avec la critique de Conjueror (paix à son âme)

Certes, il se dégage parfois de la beauté de l’histoire et son aspect chaotique (qui se traduit jusque dans ses graphismes) possède un certain attrait. Mais ces rares moments sont enfouis sous une tonne de scènes de torture, de viol et d’idéologie (volontaire ou non) extrêmement rance qui ne mènent que vers une fin bancale et peu satisfaisante.

Ce qui me conduit à la réflexion suivante : je ne vois pas recommander Subarashiki Hibi à qui que ce soit, pas même mes pires ennemis. J’ai même du mal à comprendre comment tant de personnes ont réussi à y trouver leur compte. A mon sens, il n’y a qu’une manière de passer outre le torrent de violence gratuite du jeu : c’est d’y avoir été désensibilisé. Exactement comme les incels, et beaucoup d’autres jeunes gens, qui sont exposé aux pires travers de l’Internet sans se rendre compte de l’effet que cela peut avoir sur leur bien être. Et je ne perçois malheureusement pas cela comme quelque chose de positif...

 

A suivre : [Annexe] Le traitement du viol dans Subarashiki Hibi

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commentaires

N
Attention, ce commentaire contient du spoil aussi<br /> <br /> Eh bien, moi qui ai fini Subahibi il y a très peu de temps, cela m'a surpris de le voir ici en même temps.<br /> Et pour le coup, je n'ai pas du tout ressenti les même chose que toi, mais ta vision m'a fait relativiser certains éléments. Bien que je sois en contradiction avec plusieurs points abordés.<br /> <br /> Pour la petite histoire, j'avais commencé Subahibi il y a bientôt 2 ans, et j'avais arrêté durant it's my own invention, car le jeu m'avait mit très mal lors de la discussion entre Takuji et Ayana dans les égouts sur l’immortalité, suivit peu après sur la première scène d'hallucination de Riruru qui m'avait achevé. Forcément, je n'étais pas non plus dans la meilleurs période de ma vie.<br /> <br /> J'ai décidé de me relancer dessus il y a un peu plus d'un mois, à lire tous les soirs et mes jours de repos, non stop, sauf que ce coup si, en plus d'être dans une situation plus agréable, je pris le temps de me faire des soupapes de sécurités (en particularité avec un ami à qui j'envoyais régulièrement des screens, et on discutait de ce ça pouvait signifier, du traitement du côté horrifique, du harcèlement et de la dépression, ayant été tous les deux victimes de ce genre de chose, ou de l'existance d'Ayana, sujet qui nous à fait faire couler beaucoup d'encre durant ma lecture)<br /> <br /> Et constat fait, Subahibi fut pour moi une des lectures les plus fascinante qu'il m'ai été donné de lire, et qui me fit passer par énormément d'émotions différentes, je reviendrais la dessus un peu plus tard. Mais j'ai interprété beaucoup d'élément de manière différente que par la façon dans les présentes, et je pense que c'est du à deux choses : Ce que je recherchais dans la lecture, son côté philosophique, et le contexte dans lequel je l'ai lu.<br /> <br /> D'ailleurs, je pense que si la structure de ce VN m'a aussi fasciné, c'est aussi car j'essayais de l'expliquer en le lisant, petit à petit. Chaque nouvelle information changeait la manière de percevoir ce que je pensais comme acquis au début, et c'est pour moi un des grand tour de force de Subahibi. Chercher à comprendre quelque chose n'entraine que plus de question, tout en répondant tous de même, jusqu'aux fins, même si Jabberwocky I reste pour moi le chapitre ou les pièces de l'histoire deviennent bien visible. <br /> <br /> Pour en revenir au personnage de Takuji, je ne suis pas parfaitement d'accord avec ce que tu racontes dessus, même si j'ai aussi trouvé It's my own invention parfois trop long, le fait de suivre un personnage dérangé, qui se voit victime en toute circonstance, réellement fou et qui se retrouve avec un syndrome de dieu était intéressant. Certes, c'est un gourou en carton pate, incapable de bien gérer ses fidèles sans Kimika (bon, on peut accepter l'excuse des absences qu'il a, du à Yuki et Yuuki), et qui est très passif, mais c'est ce qui le rend terrifiant. Il arrive à se faire écouter et à faire preuve du charisme nécessaire pour que les gens le suivent, puis garde ça à travers la drogue et l'alcool sans réellement s'en rendre compte, perdu dans sa folie. C'est un personnage que j'ai trouvé abject et dangereux à travers les inventions de son esprit, mais très loin d'être inintéressant dans la manière dont sa folie s'exprimé. <br /> En tous cas, une chose est sûr, je ne vois pas comment on peut le considérer comme modèle, version "awaken" (à partir de son combat face à Tomosane) ou non. <br /> <br /> D'ailleurs, point que je pensais abordé après mais c'est ça que d'écrire sans brouillon, je n'ai trouvé les scènes H et/ou violentes que très rarement gratuite, elles avaient très souvent une raison d'être là. Sauf la scène avec Kiyokawa. Celle là, c'était vraiment en trop, elle aurait pu être coupé beaucoup plus tôt, et le personnage de Kiyokawa mieux utilisé. Mais une scène dont tu parles à plusieurs reprises, de bestialité, même si elle semble en trop, et pour moi plus complexe qu'il n'y parait (même si j'étais bien content qu'elle soit censuré, parce qu'au bout d'un moment, les trucs horribles à lire, ça va). <br /> En effet, cette scène n'est pas le passé d'Ayumi, mais comme l'imagine Zakuro, qui mets dans ses nouvelles amies ses propres illusions, montrant à quel point elle est brisé psychologiquement en cherchant du réconfort n'importe où, même dans le malheur des autres, car ce malheur lui permettrait de pouvoir compatir et avoir de la compassion, le "je sais ce que c'est". <br /> Car il me semble, et c'est un élément qui m'avait un peu perturbé sur le moment, qu'à aucun instant le harcèlement qu'on vécu Ayumi ou Usami ne soit réellement indiqué, bien que ce soit fortement suggéré. Ce qui rend, pour moi, l'histoire de Zakuro encore plus triste (c'est un des personnage de fiction pour laquelle je me suis senti le plus mal, toute fiction confondu. La manière dont son harcèlement monte crescendo m'avait vraiment mis mal, on souhaite vraiment que quelqu'un vienne la sauver et l'aider mais rien, c'est horrible).<br /> <br /> D'ailleurs, en parlant de Zakuro, la manière dont tu as présenté le choix lors de son chapitre m'a laissé songeur, car je n'avais pas du tout interprété ça comme du "tu es responsable de ce qui t'arrive", mais au contraire comme de "l'entraide t'aide à t'en sortir" (ce qui est un message tout de même beaucoup plus louable et humain). En effet, le choix en lui même est plus "suivre Kimika" ou "Retourner dans la classe", et en suivant Kimika, cela entrainent des conversations entre elle et Zakuro et des flash back qui font que Zakuro, comme Kimika par la suite, se rend compte qu'elle tient à l'autre. Et c'est ça qui donne la force à Zakuro d'agir, sa volonté de protéger Kimika, à la fois insuflé par Kimika et indirectement par Yuki et Edmond Rostand à travers les dernières paroles de Cyrano. J'ai personnellement trouvé ça très beau. Alors est-ce que c'est moi qui ai des papillons devant les yeux et de la guimauve dans les oreilles dès qu'on me cite du Cyrano en combo avec un sous texte yuri ? Probablement. Mais je ne pense pas être complétement dans le tord non plus. <br /> <br /> Voilà, je crois que c'était les points qui me tenait particulièrement à coeur. Le reste maintenant (ça va aller plus vite, promis)<br /> <br /> Le côté misogyne de Tomosane : Hmm... je ne l'ai pas trouvé spécialement misogyne. Il se moque de Kimika, mais c'est plus pour l'agacer qu'autre chose, même pas spécialement pour rire. Pour le côté homophobe... certes il est insultant envers son maitre et les clients du bar, mais continu à y travailler avec ferveur. Lors de ma lecture, je trouvais que l'alchimie marché bien dans ce lieu de travail, et pas uniquement du au fait que le patron soit la personne qui s'est le plus occupé de Tomosane depuis les événements raconté dans Jabberwocky II, mais parce que les personnalités allaient bien ensemble. En tous cas, ça ne m'a pas perturbé à outre mesure... <br /> <br /> Merci pour les infos sur cette histoire de black pill, je ne connaissais pas et c'est assez navrant à voir... après, je n'ai pas trouvé l'analogie avec les personnages de Subahibi si pertinente que ça... en particulié parce qu'elle va à l'encontre d'une autre des références très importante de Subahibi, Cyrano de Bergerac, où un homme "moche" (selon des critères arbitraires, définit plus par les autres que par Cyrano lui même mais qui fini par y croire lui aussi) aide un de ses "compagnon", Christian, à séduire la femme qu'ils aiment tout les deux, Roxane, et ce en utilisant ses connaissances et son esprits aidé des atours physique de Christian. En résumant très fort. Ce qui ressemble quelque peu à ce que prone l'idéologie des black pill, mais c'est omettre le dernier acte, où Roxane découvre que c'est Cyrano qui lui a envoyé les lettres d'amours et qui l'a courtisé, et l'accepte comme il est (en résumant très très fort, Cyrano de Bergerac est une pièce très belle et magnifiquement écrite que je recommande grandement). Et c'est pour moi quelque chose d'assez inhérent à Subahibi, que ce soit avec le personnage de Takuji (très faible, mais qui arrive tout de même à travers ses rêves et sa folie à séduire Kimika dans la route de cette dernière), Tomosane (qui se considère comme un mal nécessaire dont le destin et de disparaitre, mais qui fini par accepter les sentiments que les autres peuvent ressentir envers lui), ou même Zakuro (d'ailleurs, on peut considéré dans la route "happy" de Zakuro que Zakuro est Roxane, Takuji/Yuki est Christian et Kimika comme Cyrano, qui décide d'aider Roxane et Christian à se mettre ensemble malgré ses sentiments, bien qu'elle finisse tout de même avec Zakuro).<br /> <br /> Ah, oui, dernier détail, j'ai trouvé le traitement de la drogue et ses dangers comme assez pertinnant durant la lecture, et pour moi, ça explique les scènes pré viol de Zakuro, le côté "voilà ce que ça peut faire.". <br /> <br /> Et je crois que j'ai a peu prêt fini tous ce que je voulais dire. En tous cas, même si je suis en désaccord avec toi sur beaucoup de points, j'ai tous de même trouvé ton dossier très intéressant à lire et qui soulève des éléments importants dans notre société et son côté "c'est pour rire". Même si Subahibi reste une lecture qui a sut me choquer pour de meilleurs raisons que toi et qui m'a énormément resensibilisé sur le harcèlement (et je travaille dans un collège, donc autant dire que c'est un sujet qui est important pour moi, c'est quelque chose que je ne supporte pas)., et qui m'a fasciné à travers l'utilisation pertinante de ses références et la multitude de ses dernières, son histoire complexe et ses personnages attachants ou détestable, mais marquant. <br /> Et End Sky II, sur laquelle j'y ai réfléchi pendant plusieurs jours et qui est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait. Mais je ne serais pas l'expliquer pertinemment. <br /> <br /> Bref, Subahibi est une lecture que je ne recommande pas à tous, car très difficile et perturbante. Mais cela fut, pour moi, une expérience que je ne suis pas prêt d'oublier. Et désolé pour le pavé ^^
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H
Oh, il y a des critiques françaises de Subarashiki Hibi ? J’avoue que je me suis essentiellement basée sur ce que je lisais en anglais. Même si je suppose que le discours n’est pas fondamentalement différent.<br /> <br /> Il faut dire que j’ai un peu l’habitude d’avoir un avis marginal, c’est presque ma marque de fabrique à force ! C’est aussi une des grandes raisons qui me pousse à écrire : vu que je vois rarement mes goûts être représentés, je prends les devants et je me dis que ça peut éventuellement servir à d’autres personnes ;).<br /> <br /> <br /> **************************** Viol et désensibilisation ****************************<br /> Ma foi, si j’ai réussi à te faire réfléchir, j’en suis très contente ! C’est en confrontant ses opinions de manière indulgente qu’on avance vers une meilleure compréhension du monde, après tout ^^.<br /> <br /> Je pense que beaucoup de fans d’une oeuvre partent un peu du principe que la version qui existe est la meilleure possible et que l’auteur a forcément agi de manière parfaitement rationnelle, ne faisant que des choix optimaux…ce qui revient un peu à nier son humanité. Vu que j’ai un passif de littéraire et que j’écris moi-même, je sais trop bien que certains choix sont en réalité le fruit de biais inconscients. Mûrir pour un auteur revient parfois à affronter ces biais pour mieux maîtriser le message que l’on transmet.<br /> <br /> Si je reviens sur l’exemple de la violence sexuelle, je ne pense pas que SCA-JI ait consciemment voulu la dédramatiser. Mais s’il ne cesse de l’utiliser comme un raccourci scénaristique facile, alors c’est forcément le message qui est renvoyé. La fiction a de véritables effets sur le monde réel : pas dans le sens où les jeux vidéo rendent violents mais plutôt dans le sens où cela contribue à la manière dont on perçoit le monde. Lorsqu’un nombre important d’auteurs empruntent la même voie de facilité (utiliser systématiquement le viol pour représenter la douleur d'un personnage féminin), l’effet s’émousse et le lecteur finit doucement par y être désensibilisé sans forcément s’en rendre compte. Et ce n’est pas super bienveillant à l’égard des victimes qui voient leur traumatisme transformé en attraction pour personne en recherche de sensations fortes.<br /> <br /> On revient donc au même dilemme ! Est-ce nécessaire ? Je ne saurais pas répondre de manière définitive dans le cas de Subahibi dans la mesure où sa violence gratuite est presque ancrée dans son ADN mais la question mérite quand-même d’être posée. Est-il possible de faire autrement ? De manière générale j’aurais tendance à dire oui. Je suis moi-même passée par là : un de mes premiers scripts contenait une scène d’agression sexuelle et même à l’époque je n’étais pas satisfaite de la manière dont je la traitais. En comparaison, l’héroïne de mon script le plus récent vit un moment traumatisant qui est représenté par une scène d’humiliation publique où l’on atteint à son intégrité physique. L’effet recherché est le même, je dirais même qu’il est parfaitement possible d’analyser cette séquence sous le prisme d’un viol symbolique…sauf qu’il n’y a rien de sexuel. Et, honnêtement, je pense avoir pris la bonne décision. L’utilisation abusive du viol a tendance à rendre des moments sérieux complètement grotesques : ce n’est pas pour rien que certains joueurs reportent avoir ri aux malheurs de Zakuro.<br /> <br /> <br /> **************************** Bestialité ****************************<br /> En parlant de Zakuro, je vois que nous ne sommes pas beaucoup plus avancés qu’avant XD. On est visiblement tous les deux partis du principe que c’était évident en se basant sur les mêmes informations…mais en arrivant à des réponses radicalement différentes. Je vais quand-même rester sur ma position initiale : à mon sens, si cela avait été une illusion, il y aurait eu des indices supplémentaires au-delà du changement de perspective (1e personne/3e personne). Aussi, voir la scène comme si c’était une vidéo colle assez bien avec l’idée d’un flashback “comme si on y était”.<br /> <br /> <br /> **************************** Black Pill (bis) ****************************<br /> Ah, je crois que je comprend mieux d’où vient le malentendu maintenant : il est possible que tu confonde référence et grille de lecture.<br /> <br /> Je n’ai jamais prétendu que Subahibi faisait directement référence à l’idéologie de la Blackpill. Pas que ce soit totalement impossible : la communauté incel s’est récemment popularisée mais leurs idées existaient avant et la période pourrait très bien coïncider (les témoignages sur Tsui no Sora sont trop peu nombreux pour deviner très exactement ce que SCA-JI a changé entre 1999 et 2010). Je préfère simplement ne pas me perdre en conjonctures et partir du principe que les rapprochements sont accidentels.<br /> <br /> Cela étant dit, une grille de lecture peut être appliquée à n’importe quoi pour peu que son utilisation soit pertinente. Par exemple, le mouvement féministe n’a commencé à prendre forme qu’à partir du 19e siècle mais il est bien évident que ces idées existaient avant d’une manière ou d’une autre. Tu peux donc tout à fait analyser une auteure médiévale comme Chistine de Pizan sous le prisme du féminisme, comme le fait Simone de Beauvoir. Ce qui est important c’est surtout de ne pas transposer le concept de manière rigide et de garder les différences de contexte à l’esprit. <br /> <br /> C’est ce que je fais ici puisque je considère que Subahibi n’est pas inspiré par la Blackpill mais qu’il partage simplement avec cette idéologie un certain nombre d’idées qui méritent réflexion. La temporalité n’est donc pas inversée comme dans les exemples que tu me donnes. On peut même reprendre ce que je disais plus tôt : certains choix sont le fruit de biais inconscients. Un auteur peut très bien ne pas avoir conscience de transmettre de message politique pour diverses raisons, cela ne veut pas dire qu’il n’y en a aucun dans son œuvre pour autant. C’est pour cela que je m’intéresse très peu aux intentions de SCA-JI pour me concentrer sur le résultat et ce qu’il dit de notre époque.<br /> <br /> <br /> **************************** Conclusion ****************************<br /> Ton message a eu le mérite de me faire réfléchir de mon côté aussi. Je pense que j’ai enfin compris une partie de l’attrait de Subahibi et pourquoi je passais à côté. Du coup j’aimerais bien rajouter un fragment supplémentaire à mon analyse mais je ne suis pas sûre de savoir comment l’intégrer…<br /> <br /> En tout cas, si jamais tu rédiges ta propre critique, n’hésite pas à m’envoyer le lien. Je serais curieuse de lire ce que tu en as retiré, particulièrement sous le prisme de Cyrano de Bergerac qui a l’air de t’avoir beaucoup marqué.<br /> <br /> "Et non, je ne sais pas écrire sans faire de pavé" Comme ça on est deux =’).
N
Après réflexion, je me rend compte aussi que si j'ai été si surpris par cet aspect "contre pied" que tu as pris par rapport à Subahibi, c'est aussi du aux peu de critique française du VN (d'ailleurs, je pense que j'écrirais la mienne à l'occasion. Quand j'aurais envie).<br /> <br /> Je comprends assez bien ce que tu ressens sur le fait qu'il soit difficile de se concentrer sur l'aspect philosophique entre 2 scènes de viol, je pense que je n'aurais pas fait l'intégralité de la série des Rance avant, j'aurais été beaucoup plus perturbé (d'ailleurs, je l'avais été la première fois que j'ai essayé de lire SubaHibi, donc ça joue).<br /> <br /> Alors, ne t'inquiètes pas, femme ou homme, pour le fait d'avoir à faire le sale boulot dans l'ombre, c'est quelque chose qui peut arriver à tout le monde. Mais je pense que le fait d'avoir été ingé son à fait jouer ma perception de la scène de manière un peu différente, vu que pour moi, Takuji était la personne "sur scène", l'image publique, le leader charismatique, et Kimika était dans les coulisses à gérer. Mais c'est grâce à elle que le Takuji sur scène brille, et elle fait ça en le voulant, par initiative personnel, pas parce qu'elle doit le faire ou que Takuji lui a demandé. Je trouve que ça fait du personnage de Kimika une femme forte et indépendante, qui n'hésite pas à manipuler le publique pour arriver à ses fins. <br /> <br /> Pour l'argument de Thermien, je reste un peu mitigé... je suis d'accord pour dire que les scènes sont très souvent trop longue et ont parfois des éléments qui n'ont pas leurs places, mais à côté, je me demande si le symbolisme de certaines des scènes (comme celle avec Kagami, justement) aurait été aussi puissant sans. Cela doit dépendre de la sensibilité de tout à chacun, une fois de plus, et je dois avouer que certaines de mes lectures m'ont fait beaucoup relativiser certaines choses... (une fois de plus, je sors de la lecture des Rance, avec un personnage principal qui est moralement très répréhensible, mais qui a une évolution au fils des jeux en bien, et les jeux arrivent à aborder des sujets très dur de manière correct, parce que quand un personnage aussi "ambiguë" en terme de moralité que Rance considère que quelque chose est mal, c'est qu'on est fasse à quelque chose d'horrible. La scène dans la maison de passe qui fait de la prostitution infantile dans Rance VI en est un excellent exemple, mais... justement, il n'y a pas d'image, c'est entièrement suggéré, donc je viens de me contredire... mais il y a une scène dans Rance VII qui va dans cet idée là aussi).<br /> Après, il faut que je fasse attention à ne pas entièrement me faire désensibiliser à ce genre de chose et ne pas considérer que le viol est la seule solution pour rendre la douleur d'un personnage féminin à l'écran. Surtout quand il est dédramatisé. Je vais essayer de gardé la scène du début de Boogiepop où il déclare "Vous ne faîtes rien quand vous voyez un autre humain pleurer ?! Est-ce là ce à quoi l'avancé de la civilisation à amené ?! La vie urbaine se débarrassant et tuant les faibles ?! C'est affligeant !" dans la tête. Où celle de Va11 hall-a ou le patron du journal parle du fait que pour faire du buzz, juste un mort sur la route, ça ne suffit plus, il faut que ce soit une vieille dame avec un panier pleins de chaton dans les bras qui se soit fait écrasé, sinon ça ne marche pas.<br /> ... Tu as conscience que tu viens de me faire réfléchir à mon empathie et à la désensibilisation avec tout ça ? Et pourtant, je me considère comme quelqu'un de très empathique. Bien joué. <br /> <br /> Du coup, même chose pour Zakuro, par contre je ne savais pas que ce n'était qu'une théorie, moi ça me semblait évident quand j'ai lu la scène que ce soit une hallucination. C'est un des seuls passages à la 3ème personne de l'histoire, écrit comme si c'était vu par quelqu'un qui regardé une vidéo. Et le seul autre passage où on a une scène H qui est raconté, c'est avec Kiyokiwa. Qui la raconte à la première personne. Du coup, ça me semblait assez évident que c'était une "illusion". <br /> <br /> Tomosane... je pense qu'il y a quelque chose de très simple qui fait que le personnage et sa misogynie ordinaire (je reviendrais la dessus juste après) ne m'a pas dérangé, c'est que j'ai trouvé le personnage assez antipathique aux premiers abords, pour moi ce n'était pas un héros, juste un personnage perdu, comme tous les autres, même si il a une transition vers les 2/3 de sa route. Mais il me semble qu'à partir de là, il est un peu plus "polie" (en toute relativité). Et pour sa relation avec son maître, j'avais un peu l'impression que c'est comme une relation père/fils qu'on voit parfois dans certains manga, avec le fils qui appelle son père "vieil homme" ou "le vieux", mais qui fait que quand il l'appelle "père" ou par son prénom, cela rend la scène plus importante, plus marquante. <br /> <br /> Puis vient la misogynie ordinaire. Et pour le coup, j'y ai aussi pas mal réfléchi de mon côté. <br /> Bon, déjà, tu assumes plutôt bien, même si à côté, je suis aussi un grand lecteur de yuri/yaoi, suis plus attiré par la féminité (sous toutes ses formes) que par les femmes en elle même, et encore, ça fait partie des choses que j'aurais du mal a réellement expliquer, et ai déjà subis des remarques et pique juste sur mon physique (il y a une raison pour laquelle j'aime autant Cyrano et ai une dent contre Pinocchio), donc je ne connais que trop bien l'effet de ce genre de pique. <br /> Et petite anecdote, j'ai une élève lesbienne avec qui j'ai pas mal discuté un midi, et un élève avait fait une remarque quelque peu sexiste (qui ne l'a concerné pas, vu que c'était une remarque qui m'était destiné, et en blaguant), ce qui a énervé la fille qui soudainement lui a mis un coup de pied. <br /> Bon, l'affaire s'est résolu à l'amiable, avec elle qui s'est excusée et moi qui leur ai dit "Faîtes attention avec ce genre de remarque, certaines personnes peuvent très mal le prendre.", et ça m'a remémorer ce passage là de ton message sur le fait d'être directement concerné et une fois de plus, m'a fait pas mal relativiser. <br /> <br /> Même si, après réflexion, je continue à considérer la relation entre Tomosane et son maître comme une relation "père fils qui se tape dessus en toute amitié", mais où les remarques sur l'âge sont remplacé par des remarques sur la sexualité du maître. Ce qui n'est pas forcément mieux, mais les adolescents et leur rébellion... <br /> <br /> Alors, pour la Black Pill, effectivement, je me suis mal exprimé, c'est juste que tu as dit que c'était quelque chose de récent, sorti après l'écriture de Subahibi. Et j'ai du mal quand on trouve des références à quelque chose de plus récent que son original, un peu comme dire qu'il y a des références au fables de la Fontaine dans celle d'Ovide ou dans le Roman de Renart. PTSD de mes cours de français du collège ou j'ai eu un prof qui s'est quelque peu perdu dans ses explications. Après, je suis parfaitement d'accord pour dire qu'une oeuvre peut (et doit) être analyser via des prismes différents, je préfère juste quand c'est comparé avec des œuvres contemporaines où précédent l'écriture. Ou alors qui se l'approprie par la suite. C'est même pas du à la comparaison en elle même, juste moi qui suis chiant. <br /> <br /> Mais effectivement, tu as éclairé ce que je voulais comprendre, et je sais que même si je suis loin d'être du même avis, si je me décide enfin à écrire ma propre critique de Subahibi, je mettrais la tienne en lien, vu que ce que tu abordes est vraiment intéressant. <br /> <br /> Et non, je ne sais pas écrire sans faire de pavé.
H
C’est tout à fait normal d’être en désaccord : nous avons tous une expérience différence qui teinte forcément la manière dont on ressent les choses. C’est justement ça qui est intéressant à analyser et à comparer ;).<br /> <br /> Je tiens juste à exprimer que c’est également le côté philosophique que je recherchais dans Subahibi. Le problème c’est que c’est difficile pour moi de me concentrer sur les réflexions pertinentes quand elles sont prises en sandwich entre deux scènes de viol ^^’. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai décidé de prendre le contre pied des autres critiques et de mettre cet aspect en valeur.<br /> <br /> <br /> **************************** Takuji ****************************<br /> Ah, je ne vais pas nier le fait que Takuji soit un personnage intéressant/marquant ! Après l’aspect charismatique est très subjectif et dépend essentiellement de ce que sont tes critères en matière de leadership. Le fait que je sois une femme joue beaucoup : j’ai régulièrement maille à partir avec des mecs médiocres qui ont des discours grandioses mais ne valent pas un clou dès qu’il est question d’actes. Et quand c’est toi qui récupère le sale boulot pendant que eux ramassent les lauriers, forcément tu ne te laisses plus bercer par des jolies paroles si facilement. Je te laisse deviner comment cela joue sur ma perception de Takuji et Kimika 8).<br /> <br /> <br /> **************************** Les scènes H ****************************<br /> J’avais gardé une petite vidéo sous le coude au cas où et je pense qu’elle s’applique plutôt bien ici donc je t’invite à visionner l’argument du Thermien si tu as cinq minutes devant toi : https://www.youtube.com/watch?v=AxV8gAGmbtk<br /> <br /> L’idée c’est que quand je critique la gratuité et la violence des scènes de sexe, je ne critique pas uniquement la manière dont ces scènes font sens de manière intradiégétique (au sein de l’univers donc) mais en filigrane le choix opéré par l’auteur. Car c’est un choix, dont la pertinence peut être questionnée. Pour prendre un exemple, la torture de Kagami a une raison d’être : même s’il ne s’en rend pas compte, Takuji est symboliquement en train de profaner tout ce qui est cher aux yeux de sa sœur. Mais rien n’obligeait SCA-JI à transmettre ce message par une longue séquence de viol constituée de pas moins de 5-6 CGs différentes. Il aurait pu montrer Takuji pisser sur la peluche ou directement la déchirer, l’effet aurait été similaire. Ce n’est donc pas parce qu’une scène H a une raison intradiégétique d’être là qu’elle n’est pas gratuite pour autant. J’espère que tu suis ce que je veux dire !<br /> <br /> Pour ce qui est de la bestialité spécifiquement, tu n’es pas le premier que je vois avancer que ce serait une scène imaginée par Zakuro mais j’ai toujours crû qu’il s’agissait uniquement d’une théorie. Du coup je suis curieuse. Qu’est-ce qu’il te fait dire ça ? =O Si je ne m’abuse, les trois magical girls sont en train de parler dans le café quand la perspective change. J’étais partie du principe qu’il s’agissait seulement d’une technique narrative pour rendre l’explication plus fluide : le lecteur ‘voit’ le viol pendant qu’Ayumi le raconte oralement à Zakuro.<br /> <br /> D’ailleurs, si je pars du principe que tu as raison, l’argument du Thermien s’applique quand-même : Zakuro a déjà des hallucinations horribles avec Dieu qui montrent à quel point elle est brisée psychologiquement, qu’est-ce que la scène de bestialité apporterait de plus ? Aussi, le viol d’Ayumi et Usami est plus que lourdement suggéré. Elles sont toutes les deux prêtes à se jeter du haut d’un immeuble pour retrouver un ‘corps pur’, je ne pense pas qu’il y ait besoin de davantage de détails !<br /> <br /> Je ne vais pas trop m’appesantir sur la perspective de Zakuro en général parce que ton argument suivant rentre plus ou moins dans la même catégorie : les choix de Subahibi sont globalement tous extrêmement cryptiques tant que le lecteur n’a pas progressé dans l’intrigue. Le résultat intradiégétique de la branche alternative de Looking Glass Insects est bien que Zakuro et Kimika doivent apprendre à s’entraider mais ce n’est pas ainsi que le choix est présenté. Et comme je le disais plus tôt, je ne critique pas uniquement l’univers du jeu mais aussi ses mécanismes, ses implications (volontaires ou non), et le système de choix en fait partie. <br /> <br /> <br /> **************************** Tomonase ****************************<br /> C’est bien pour cela que je qualifie la misogynie de Tomosane d’ordinaire : il est juste « un petit peu » sexiste ;). Un personnage sexiste ne pose pas forcément problème selon la manière dont il est mis en scène. Or, là, Tomosane est présenté comme un héros, un modèle…et sa seule différence avec Takuji c’est une histoire de degré, ce qui n’est pas à son avantage.<br /> <br /> Aussi, c’est parfois plus facile de passer à côté de tout cela quand on ne fait pas partie des ‘cibles’. Si tu me le permets, de ce que je lis de ton commentaire, tu as l’air d’être un homme hétérosexuel. Il est donc fort possible que les piques sur les femmes et les homosexuels ne te touchent pas personnellement et que cela amoindrisse leur effet. Quand on est directement concerné, c’est plus évident et aussi potentiellement très énervant. Je ne suis pas moi-même un homme gay mais j’en connais et je sais que « pédé » (lire en anglais émousse parfois le sens des mots) n’est pas un terme que l’on lance à la volée comme ça. Et encore une fois, c’est un choix de l’auteur que d’utiliser cette insulte et un choix qui me paraît être au détriment de la relation entre Tomosane et le maître plus qu’à son avantage =/.<br /> <br /> <br /> **************************** Black Pill ****************************<br /> Pour ce qui est de la Black Pill, évidemment ce n’est pas une comparaison parfaite, mais je pense que les points communs sont suffisamment nombreux pour qu’elle soit pertinente. En revanche, je crois qu’il y a un malentendu : j’applique mon analyse à Subahibi et non à Cyrano de Bergerac. Je ne suis donc pas sûre de comprendre ce que tu veux dire =O. Une œuvre peut être analysée à travers des prismes différents et ça n’a rien de contradictoire. La Black Pill n’est qu’une partie de l’identité de Subahibi, tout comme la référence à Cyrano de Bergerac n’en est qu’une autre. C’est même tout ce qui fait ma frustration : Subahibi est capable d’osciller entre de très beaux moments et d’autres d’une laideur infinie. Mentionner l’existence des premiers n’efface pas celle des seconds, et vice versa !<br /> <br /> Et je crois que cela fera office de conclusion. J’espère avoir réussi à éclairer quelques points supplémentaires ^^.<br /> <br /> <br /> Les pavés appellent les pavés donc c’était un peu à prévoir ! Et il n’y a pas de souci, Nekyo, ton commentaire reste lisible ;).
N
(et tous les retours à la ligne du commentaire ont sauté, toutes mes excuses)

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