1 août 2009
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« Bleu parfait », quel nom peu ordinaire pour un film tout aussi peu ordinaire, réalisé par Satoshi Kon, qui signe là un thriller angoissant et déboussolant.
Mima Kirigoe est le leader d'un groupe pop en pleine ascension, les Chams, lorsqu'elle décide sur les conseils de son manager de quitter la chanson pour le cinéma. En effet la vie d'une idol étant plutôt courte, celui-ci estime que Mima aura plus de chance de faire une longue carrière en tant qu'actrice. La jeune fille accepte de tourner la page mais cette décision ne plait pas à tous ses fans qui y voient une trahison. Très vite Mima découvre qu'un certain Me-Mania déballe des détails de sa vie privée sur Internet et des incidents ne tardent pas à survenir lors du tournage de Double Lien, le film dans lequel elle joue, et qui se confond de manière de plus en plus malsaine avec ce qu'elle vit.
Les Chams
Le film datant de 1997, on peut dire que les graphismes sont corrects sans être extraordinaires, ils se laissent voir sans problème. La musique, quant à elle, se divise en deux sortes de pistes : les chansons interprétées par Mima ou/et les Chams et les musiques d'ambiance, toutes magnifiques et stressantes à souhait (Virtual Mima reste ma préférée :3). Et la VF est pas mauvaise. Jusque là rien de fantastique, non, le fantastique c'est le scénario et la mise en scène. Car c'est avant tout l'histoire d'une descente aux enfers pour la pauvre Mima. Au début d'un naturel assez enjoué et pleine de bonnes volontés, elle tombe rapidement dans la paranoïa en découvrant le site Internet qui lui est consacré, Chez Mima. Tous ses faits et gestes semblent épiés et elle ne peut faire un pas de travers sans que ce soit consciencieusement rapporté dans le « journal intime » qui est tenu virtuellement par un autre qu'elle. Petit à petit, ce « journal intime » ne correspondra plus à sa réalité ni à ses sentiments et tout ira de travers à partir du moment où elle acceptera de simuler une scène de viol pour les besoins du film où elle joue.
Son image d'idol pure et innocente est tâchée à jamais. Plus jamais Mima ne pourra redevenir chanteuse, elle le sait et commence à céder à la schizophrénie. Une sorte de double fantôme rôde dans les parages en lui répétant que maintenant qu'elle est souillée à jamais, elle, la véritable Mima retournera dans la lumière. Un jeu de course-poursuite commence alors et Satoshi Kon s'amuse à brouiller les pistes. Il devient impossible de distinguer le rêve de la réalité et les scènes de film et de vie réelle s'enchaînent de manière démoniaque. Mima devient son propre ennemi et la confusion qui règne dans son esprit semble parvenir jusqu'au spectateur avec l'enchaînement de fragments dont on ne sait même plus à quoi ils correspondent. A chaque fois que la scène est finie, réelle ou jouée, on surprend Mima dans son lit se réveillant en sursaut. Quelle partie était le rêve et quelle partie était vraie ? Ce méli-mélo mené avec brio nous conduit à un final hautement symbolique et assez époustouflant.
Le jeu de reflets et le miroir brisé renvoient à une psyché troublée par le choix originel, lourd de conséquences. Mima, idole des jeunes, et Mima, l'actrice, jouent au jeu du chat et de la souris dans un rythme haletant et prenant. Même si l'identité du coupable peut sembler un peu évidente à certains au départ, le doute finit par pointer le bout de son nez et le spectateur se retrouve finalement plongé dans le cauchemar sans fin de la jeune fille.
Argh, mais les robes quoi X__X
Perfect Blue n'est pas cependant pas conseillé aux plus jeunes en raison de certaines scènes un peu osées (la simulation de viol vraiment plus vraie que nature et son alter ego, la séance de photo de nue, certains meurtres) et aussi de la cruauté qui se dégage sur la vie d'une idol. Lorsque Mima choisit d'être actrice, elle était très populaire auprès de ses fans et une étoile montante, mais dès qu'elle avance un peu plus loin sur sa nouvelle voie, tous la laissent tomber. La popularité des nouvelles Chams (sans elle) augmente (et les anciennes copines en profitent pour jaser), certains anciens fans prétendent ne jamais l'avoir aimé, d'autres sont dégoûtés par la direction qu'elle a prise et la traitent de tous les noms et le fameux Me-Mania semble se faire encore plus présent et plus oppressant. Perfect Blue nous rappelle que c'est aussi ça être idol, une poupée jetable coincée dans son rôle et ne pouvant s'en sortir qu'en faisant des sacrifices (ici Mima fait une croix sur son rêve d'être chanteuse).
Bref, Perfect Blue est une oeuvre culte de la japanimation. Pour moi : à ne louper sous aucun prétexte.
En bonus :
Vous connaissez sûrement Yu-Gi-Oh The Abridged Serie. Ben ce faux trailer a été fait par son auteur, Little Kuriboh. Et il est tout simplement hilarant quand on connait un temps soit peu le film. Transformer un thriller angoissant en un film pour ados façon Hannah Montana c'est juste énorme :D