21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 22:45

Juniper’s Knot

Dischan Media

Durée : Environ 1h

 

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Le concept art de l'héroïne


Retardataire du NaNoRenO 2012, Juniper’s Knot a -comme les autres titres que j’avais présenté- la particularité, en plus d’être gratuit, de n’avoir été conçu qu’en un mois et quelques. A la barre, le studio Dischan qui nous avait déjà vendu du rêve avec le petit teaser de Cradle Song qu’on attend toujours avec impatience.

 

Ce qu’on remarque immédiatement c’est que leur petit groupe a mis la barre très très haut du point de vue technique, on peut même pressentir que s’ils ne dépassent pas déjà Katawa Shoujo dans ce domaine, ça ne saurait tarder. Les graphismes signés Doomfest et leur teinte reconnaissable entre milles sont somptueux. On compte deux sets de sprites, pour nos personnages principaux, et un background, mais il y a pléthore d’event CG pour nous en mettre plein les mirettes. Mais s’il n’y avait que cela, ça serait trop facile, le soft regorge de petits détails, certains passages semblent montés comme un film et l’interface est tellement propre et classe qu’il est difficile de ne pas se pâmer devant de jalousie. C’est là qu’on comprend à quel point on peut faire de belles choses avec RenPy. Un seul petit point noir, la navigation dans la galerie bonus (qui comprend des dessins d'autres artistes) qui n’est pas très instinctive, mais ça relève vraiment du chipotage.

 

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Le menu est soigné aux petits oignons tout en restant sobre

 

La musique, car c’est une bande originale, est toujours composée par Combatplayer, comme pour Cradle Song et là encore il y a de la qualité. Une petite dizaine de pistes pour un VN aussi court c’est résolument énorme. Dans le lot, surtout de la musique d’ambiance mais aussi quelques perles. Ma préférence va à Bleeding, particulièrement intense, qui mélange chœurs, mélodie de boîte à musique et orchestration un poil rock (et puis ce passage avec les instruments à vent), et à Open my Heart, la chanson de fin qui défile durant les crédits. J’étais déjà plutôt enthousiasmée par la bande-son de Cradle Song, que j’ai d’ailleurs acheté pour la modique somme de 4€ au mois de février (ça va, un album entier à ce prix, on se ne ruine pas et ça permet d’encourager le studio à sortir leur jeu, tout le monde est gagnant...et puis ce que je voulais c’était la divine musique du menu, In Utero, j’aurais tué pour l’avoir), et Juniper’s Knot, bien que plus anecdotique, ne dément pas sur les qualités de compositeur du bonhomme.

 

Côté technique, rien à dire, c’est du 20/20, or un kinetic novel, car c’en est un, se repose essentiellement sur son histoire, c’est donc un des points les plus importants. Et là mes impressions seront plus mitigées. Vu qu’on fait le tour de cette brève histoire en moins d’une heure, il est difficile de présenter ce qu’il se passe sans spoiler donc je vais très vite entrer dans le lard. Un garçon et un démon se rencontrent dans une sorte d’église abandonnée. Le dit démon, qui a l’apparence d’une jolie jeune femme, semble coincé pour des raisons qu’il refuse d’avouer et fait tout pour que le garçon lui tienne compagnie. Si le ton cynique du démon est bienvenu, le récit est au début assez laborieux et les interactions entre les deux personnages un peu molles. En revanche, quand le conflit principal se met en place, Juniper’s Knot prend une couche émotionnelle très intéressante...et au final assez mal exploitée. Explications.

 

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Je ne connais toujours pas ton nom mais tu es super cool comme héroïne, j'approuve !

 

 

\!/ Spoilers \!/

Le conflit principal explose quand on comprend que le démon est en réalité prisonnier d’un cercle tracé sur le sol, une sorte de malédiction, et qu’il est plus que tenté d’échanger sa place avec celle du garçon pour se libérer (principe d’une vie pour une vie). On a par-dessus son histoire d’amour qui a mal fini, sa haine des humains mais aussi un certain attendrissement envers son nouvel « ami », bref toute une palette d’outils pour le rendre attachant et tourmenté.

 

Sauf que cette force motrice est démontée de plusieurs manières : le scénariste ne nous donnera jamais les réponses à des questions soulevées qui paraissaient fondamentales. Par exemple, euh...comment ça se fait qu’il a été enfermé là ? J’avoue que je n’ai pas bien compris pourquoi le personnage nous balance très vite que, non, ça n’avait rien à voir avec son histoire d’amour qui a mal tourné et que ça n’a aucune importance de le savoir.

Ou, plus polémique, pourquoi la demoiselle dont était amoureuse la fille-démon a-t-elle été violée par une partie du village ? Ne me dites pas que les tournantes étaient traditionnelles au Moyen-Age. Le viol n’est pas un acte innocent, encore moins quand il implique la mort d’une demoiselle attaquée par plusieurs personnes. Qu’il s’agisse d’une coutume païenne particulièrement dégoûtante ou d’un acte gratuit et œuvre de pulsions, il y a toujours une signification derrière.

Je suis par ailleurs très étonnée que le petit paysan ne soit pas choqué outre mesure par cette liaison homosexuelle parce que, selon l’époque où se déroule l’histoire, ça aurait pu être un tabou. Mais on ignore si cela se situe loin dans le passé ou pas, donc forcément, impossible de savoir ; et c’est bien ça qui m’embête, l’univers n’est pas fixé, on nage au final dans pas mal d’interrogations (je ne parle même pas des « détails » comme : ça marche comment les démons dans ce monde ? pourquoi ils sont tous morts ? et les pactes ?)

 

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L’autre problème, c’est la façon dont est amenée la fin, ou plutôt la non-fin. Le garçon découvre très vite une parade à la malédiction (Une vie pour une vie ? Ouais mais si je plante un arbre à ta place, ça fait une vie végétale, AHAH), ce qui détruit tout le conflit de manière au final assez peu crédible. Le démon pourtant incroyablement tenté d’enfermer son nouvel ami à sa place, ne bronche pas du tout et décide de faire confiance à son plan foireux. De son côté le jeune homme se jette dans la gueule du loup sans aucune raison valable alors qu’il était présenté au tout début comme se méfiant du diable et de ses méfaits. Ce retournement de situation débouche alors sur une scène de câlins que j’ai trouvée assez déplacée (je sais, c’est un démon femelle très sexy mais pourquoi elle se jette dans les bras d’un mortel après l’avoir couvert d’insultes ?) et surtout sur une absence totale de conclusion. Le démon décide de suivre son ami, ils s’en vont, ils seront peut-être heureux, peut-être pas, Godzilla les attend peut-être à la fin des ruines pour les bouffer, peut-être pas, la morale est qu’il faut faire confiance aux gens car ils ont bon cœur, ou peut-être plutôt que les oliviers sont des arbres magiques, va savoir. Une fin ouverte qui aurait pu être très bien si toutes les portes avaient été fermées (comme on dit dans le jargon littéraire pour désigner les intrigues) mais vu que le récit est truffé de trous, on a la désagréable impression que c’est à nous, lecteurs, de nous débrouiller. Ce qui est dommage.

\!/ Fin spoilers \!/

 

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Le guest art de weee joue sur les collants du démon pour la rendre encore plus sexy, ça devrait être criminel !

 

Malgré toutes les failles scénaristiques que je viens de citer, Juniper’s Knot (dont le titre est complètement obscur si on y réfléchit bien) reste un kinetic novel très sympathique à lire et dont la réalisation supérieure en fait une vitrine incontournable de la sphère anglophone. Attention toutefois à ceux qui ont un peu de mal avec l’anglais, les tournures de phrases reflètent parfois des dialectes particuliers et il y a quelques mots un peu compliqués dans le tas (ou en tout cas qui m’ont forcé à sortir mon dico, ce que je ne fais jamais d’habitude, genre ‘ploughed’, ‘to rend’ ou ‘a flapper’).

 


 

The Elevator

Cyanide Tea

Durée : Environ 30 minutes

 

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Après le NaNoRenO 2012, on ne s’attendait pas à revoir un titre de Cyanide Tea avant la sortie imminente de Break Chance Memento et pourtant, voici The Elevator, un petit VN très bref servant de projet scolaire aux créatrices. On y suit le détective David Carmichael, quadragénaire renfermé et troublé par les démons de son passé, tandis qu’il croise tous les matins la belle Elena pour se rendre au travail. Très vite, une relation se noue entre les deux protagonistes.

 

Bien qu’étant très court, The Elevator dispose d’une réalisation très soignée avec une interface très classe aux couleurs de son sujet (les boutons des options et la teinte grise rappellent plus un coffre fort qu’un ascenseur mais on va dire que c’est la faute de mon imagination) et une bande-son très agréable constituée principalement de mélodies oppressantes ou tristes, ce qui est un vrai soulagement après l’abus de pistes jazzy de RisAmo. Le cadre de l’action étant strictement limité à deux lieux (l’ascenseur et au bureau de David) et trois personnages -dont le meilleur ami et associé du détective qui n’a pas de sprite- les graphismes, impeccables, seront au service du nœud de l’intrigue, ce qui est une très bonne chose.

 

Côté récit, on ne se situe pas dans une histoire d’amour comme le synopsis pourrait le laisser penser mais plus dans une introspection des sentiments et noirs souvenirs de David. Ou plutôt de ce qui lui reste. En effet, dans cet univers futuriste, les souvenirs des policiers de la brigade criminelle sont effacés une fois leur mission accomplie pour éviter que le sang et les cadavres n’entament leur moral. Etant un ancien policier, notre héros aussi y a eu le droit et se raccroche aux rares bribes qu’il a encore, dont une sombre affaire de serial killer qui l’a marqué à vie. Les choix présentés aux joueurs sont rares et reflètent le dilemme du personnage, de s’il doit s’ouvrir à Elena ou non. Le souci étant que les deux fins proposées (une normale et une « vraie ») divergent au fond assez peu. Et surtout que, comme Juniper’s Knot, The Elevator a la mauvaise idée de présenter une fin ouverte.

 

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\!/ Spoilers \!/

La true end donne quelques explications bienvenues mais a tendance à ne faire que confirmer les soupçons érigés dans la fin normale, c’est-à-dire le lien évident entre le serial killer que David a autrefois fait condamner à mort et la douce Elena. Dans les deux cas, le détective froisse la belle en la rejetant et se fait assassiner (quoique, pour la true end, c’est pire, on en est même pas sûr). Sauf que le récit passe tellement vite sur ce point qu’on se demande bien ce qui a poussé Elena à suivre les traces de son père et plus généralement pourquoi elle a repris les meurtres.

 

Ce qui pose un autre problème : le personnage d’Avery. Bien qu’il hante les rêves du héros, il peine à devenir autre chose qu’un stéréotype assez plat du psychopathe de séries américaines. Le traitement de la folie en général est souvent comme ça dans la littérature et le cinéma : on estime que les actes du fou sont entièrement dénués de sens et donc qu’il n’y a pas besoin de les expliquer. Sauf que, pour moi, c’est tout le contraire. Le fou a une logique, seulement une logique totalement différente des autres, une logique qui nous échappe. On ne peut certainement pas tout analyser mais il y a toujours des éléments à exploiter. En sous-entendant qu’Elena a décidé de reprendre les meurtres juste parce qu’elle est la fille de son père, The Elevator nous présente la folie comme quelque chose de purement héréditaire et inexplicable, ce qui est bien dommage.

 

J’ai lu après coup sur le topic correspondant de Lemmasoft que l’intention était bien plus profonde que cela puisque l’auteur voulait présenter le dilemme d’une enfant embrigadée qui se sent investie de la mission d’exaucer le dernier souhait de son père tout en se sentant attachée à la personne qu’elle devrait pourtant tuer. Le souci étant que, comme on n’a jamais accès à la perspective d’Elena, il est impossible de deviner ce qui se passe dans sa tête.

\!/ Fin spoilers \!/

 

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Au final, c’est bien la limitation de caractères pour ce projet scolaire (si j’ai bien tout compris) qui plombe le plus le récit parce qu’il empêche le dénouement d’être suffisamment développé. Ce souci mis à part, le style de l’auteur reste toujours aussi agréable à lire et le côté technique suit très bien. Encore un chouette visual novel anglophone qui prouve les capacités de RenPy.

 



Je sais, ça fait longtemps que je n’ai pas posté, vous pouvez me lapider autant que vous voulez parce que je n’ai absolument aucune excuse valable \o/.

 

Le billet aura d’autant plus été ralenti que je comptais aussi poster mes impressions sur un autre VN mais celui-ci (aussi court que les autres, pourtant) me mène la vie dure. Cela fait deux soirs de suite que j’essaye de l’achever et à chaque fois je finis par me cogner la tête contre le mur tellement c’est dur... Ceux qui me suivent sur Twitter auront assisté en live à mes pétages de câbles successifs. Pour les autres, le fil de discussion est là (à lire à partir du bas). Je garde donc le fabuleux **Heartful Chance** pour la suite de cette mini-saga. Affaire à suivre.

 

Euh, et sinon l’Eroge Mix de mai est là depuis 3 semaines. Sur Irotoridori no Sekai pour fêter la sortie de la traduction d’Hoshizora no Memoria du même studio.

 

Et ce serait bien qu’avant Epita je dévoile le projet spécial que notre équipe VN est en train de monter...j’en parlerai la prochaine fois...peut-être...là j’ai juste envie d’oublier le fond rose bonbon d’**Heartful Chance**, je cours assassiner des chatons pour me défouler.

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commentaires

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L’héroïne de Jupiner's Knot me fait penser à Carrera, la Succube des jeux Viper (les fameux gifs animés hentai) :<br /> http://www.sognadigitalmuseum.com/characters/the_devil_came/carrera.html<br /> (Ouais le re-design basé sur la série d'OAV est assez immonde.)
Répondre
H
<br /> <br /> Tu vas rire, mais moi aussi au début l’héroïne me faisait penser à une succube (pas Carrera, par contre), du coup j’ai eu une réflexion très poétique lors du passage « I will eat your soul »<br /> qu’on pourrait résumer par « But you don’t care about his soul, right ? You just want to eat his s... ». Je suis sale, lapidez-moi...<br /> <br /> <br /> <br />

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