Gontran de Sainte Luce
(1612 – 1680)
Attention là c’est du lourd, âmes sensibles s’abstenir !
« Vers 1645, Gontran de Sainte Luce publie son premier livre. D’inspiration animalière, ses textes ne rencontrent qu’un intérêt poli ; certains n’hésitent pas à ironiser sur la naïveté de ses contes, leur prédisant un large succès auprès des enfants ».
« En 1653, il publie son second recueil, Partie de chasse. Cette fois l’accueil qu’il reçoit est totalement différent, à l’instar du style de l’ouvrage, certes toujours en vers, mais ouvertement érotique. A cette époque où le libertinage est monnaie courante, ce n’est pas tant le ton qui choque, mais le fait que les textes évoquent sans fard la sensualité des faisans, des lièvres et autres gibiers à poils ou à plumes, examinés et sublimés dans leur plus stricte intimité. »
Son recueil suivant, Hymne à la faune, « fait l’effet d’une bombe : transgressant un tabou que la littérature n’avait encore jamais osé aborder, il y est explicitement question d’amours entre humains et toutes sortes d’espèces, incluant les mammifères marins et les crustacés ».
Citation : Dieu a dit « Aimez-vous les uns les autres » mais il a omis de préciser qui étaient les uns et qui étaient les autres
Extrait d’Hymne à la faune :
On ne désire pas ce qu’on ne connaît pas
Un fermier qui comptait plus de cent bêtes au champ
Se plaignait du labeur qui le laissait suant
Quant à l’heure des bals et des soupers galants
Il rentrait épuisé se coucher tristement
Sensible et solitaire, il rêvait à l’amour
Aux parfums délicieux de celle aux milles atours
Qu’il avait vu passer à la ville un beau jour
Sans qu’elle eût su daigner lui sourire en retour
Il se plaignait encore quand à l’heure matinale
Il croisa le regard d’un gentil animal
C’était l’ânesse Jeanne, bonne fille du Cantal
Qui, en pleine chaleur, était d’humeur joviale
Notre homme sortait à peine d’un rêve convaincant
Où il avait fait sienne la fille d’un gitan
Contre une belle ânesse offerte sur le champ
Si la bête était belle, que dire de l’enfant ?
Le voilà donc lui-même, le songe encore en vie,
Toisé par sa bourrique qui, cambrée, le supplie
De la libérer là de sa brûlante envie,
Promettant d’un regard, une superbe gâterie.
Car la bête édentée n’était pas débutante
Encore petite, elle sut de sa bouche vaillante
Combler les solitaires aux épouses vacantes
Son art tient en un mot : faire oublier l’absente
Le fermier n’y tient plus et contourne la Jeanne
Réclamant sa gâterie, il lui tend son organe
Mais la belle insoumise rit des mœurs du profane
Qui pressé d’arriver veut contourner la douane
Il comprend son erreur et honore la dame
D’un coup de rein rageur, lui déclare sa flamme
Ils jouissent à l’unisson et tous els deux se pâment
Pour ne pas mourir sot, un bon fermier fait l’âne.
Mots-clés : SPA, accouplement de vertébrés (quelle façon poétique de dire zoophilie), Walt Disney, MER il est fou (un peu beaucoup même)
Gottfried et Gudrun Von Lunen
(1886 – 1915 / 1889 – 1972)
Alors que Gottfried n’a que trois ans, [son père] Ernst von Lunen tente de l’intégrer à son équipe d’ébénistes, sous prétexte que ses petits doigts pourraient se révéler fort utiles pour certains travaux minutieux, mais sa femme s’y oppose. Le baron ne réapparaît que deux ans plus tard au château familial ; il n’y revient que pour « emprunter » les bijoux de son épouse, non sans avoir été obligé de l’enfermer au préalable dans un placard. »
Petit garçon ennuyeux et lugubre, Gottfried cherche sa vocation tout en s’entraînant « à la pendaison dans la pièce la moins fréquentée du château : la bibliothèque. C’est là q’il fait la découverte capitale du traité De la guerre, de Carl von Clausewitz. A peine a-t-il commencé à le feuilleter qu’il est fasciné par l’esprit de son auteur et par son génie tactique. Gottfried a enfin trouvé sa voie : il sera stratège militaire. Il savoure cette révélation durant quelques jours avant de réaliser qu’il n’a pas la moindre idée de la façon dont il abordera sa future carrière. »
Il arrive alors à se faire passer pour savant devant un soldat bourré qui lui présente son supérieur et lui commande un ouvrage sur la guerre. « Muni de petits soldats de plomb, il s’ingénie à simuler des batailles dans le jardin, en quête des fulgurances militaires qui feront sa gloire et celle de son pays. Au beau milieu d’une reconstitution de la bataille de Waterloo, il glisse dans une flaque de boue et tombe la tête la première sur une fourche. Il décède aussitôt de trois perforations frontales. C’est sa veuve, Gudrun von Lunen, qui découvre son corps. Désespérée mais dotée d’une grande capacité à rebondir, elle comprend que son salut peut venir d’un subterfuge : en cachant la mort de son époux, elle pourra livrer l’ouvrage commandé et toucher ses émoluments. Elle rassemble les quelques croquis et notes qu’il a laissé, rédige le traité à sa place, et parvient à le remettre en temps et en heure.
Citation : Gare à la guerre et guerre à la gare
Extrait de Traité nouveau des œuvres guerrières en temps de paix relative :
[…] La confusion des niveaux logiques, l’absurde agencement des chapitres, les variations stylistiques dues au plagiat et aux copier-coller avant la lettre, le passage d’une réflexion vaguement philosophique à une déclaration de principes digne de Groucho Marx, font de cet ouvrage un chef d’œuvre absolu.
[…] La guerre n’est pas une histoire de femmes, mais nos soldats ont besoin de s’amuser. Je propose que, tous les dix jours, ils fassent une pause et s’amusent un peu, pendant une durée pouvant varier de cinq à dix jours […]
Mots-clés : Angela Merkel, la grosse Bertha, château de Cendrillon à Disneyland
Adrienne Chauvin
(1915 – 2007)
Œuvres majeures : Femme fontaine, je bois ton eau, La Verge et le pli, Un œil de bœuf dans ma fente, L’Hostie, La Collerette ou le bouc, Déflore-moi exactement
Mots-clés : chapelet, point de croix, Les Onze Mille Verges, Jodie Foster, marquis de Sade, L’Exorciste