Yaël Vitkine
(née en 1935)
Yaël Vitkine voit le jour dans les coulisses lors d’une représentation où ses parents, tous deux comédiens, ont tenus à rester jusqu’au bout. Elle prend pourtant très vite le théâtre en horreur et répond « Plutôt crever ! » à ses géniteurs quand ceux-ci lui proposent de rejoindre leur troupe avant de couper les ponts et de s’installer à New York. « Yaël, qui n’a jamais cessé d’écrire, achève son premier roman en 1963. Elle envoie les manuscrits à de nombreux éditeurs, qui le refusent les uns après les autres. Jusqu’à ce qu’elle décroche enfin un rendez-vous.
Une fois dans le bureau du directeur littéraire, elle manque de défaillir en entendant son verdict : Chère petite Madame, un roman dialogué de la première à la dernière ligne, sans aucune description, chez nous, ça s’appelle du théâtre ! […]
Yaël accepte alors, enfin, d’être ce qu’elle est : une dramaturge. »
Elle garde tout de même une certaine réserve et signe ses pièces du pseudonyme de Sam Green, sous lequel elle connaît un grand succès. Mais tout bascule lorsque ses parents adaptent sa dernière œuvre et demandent à la rencontrer. « Yaël, qui a su leur dissimuler cette part de son existence, ne peut plus éviter la confrontation ; elle se rend à Tel-Aviv et révèle la vérité à ses parents qui, totalement incrédules, refusent de quitter l’aéroport, persistant à vouloir attendre Sam Green. Quatre heures plus tard, après que leur fille eut déballé toutes sortes de preuves sur le carrelage de l’aéroport, ils éclatent en sanglot, avant de changer d’avis et de danser une hora ».
Extrait :
Nous commençons par vous citer un extrait de sa tentative de cuisine Un oignon sur le toit, dont le style illustre bien l’atavisme auquel elle n’a pu échapper. Ce texte en lui-même n’a aucun intérêt littéraire, mais le passage choisi illustre bien le combat inconscient de l’auteur : alertée de sa tendance inconsciente à écrire des pièces, elle s’en défend farouchement avant d’être rattrapée en chemin.
Recette du Gefilte Fish
Pour 6 personnes
Achetez une carpe de 1,5kg […] Préparez le bouillon dans lequel cuiront les boulettes : mettez dans une cocotte les arrêtes, la tête et les peaux avec 4 belles carottes, 1 oignon, 1 poireau, 1 branche de céleri. […] Quand les carottes sont cuites, retirez-les du feu.
Les carottes
Pourquoi ? Nous étions bien dans le bouillon !
La cuisinière
Ne vous inquiétez pas, vous y retournerez.
[…]
Les boulettes
Combien de temps on va y rester ?
La cuisinière
Pas plus d’une vingtaine de minutes.
Après cela je vous ferais refroidir
Sur une assiette en laissant réduire le bouillon de moitié.
Les carottes
Et nous alors ? On se sent seules…
La cuisinière
Nus y sommes : vous allez pouvoir rejoindre les autres.
Vous avez compris l’idée… Nous interrompons ici l’extrait de la recette.
Mots-clés : strudel aux pommes, Freud, déni
Thomas Tilby Mac Daniel
(1805 – 1822)
Né d’un forgeron écossais Thomas Tilby Mac Daniel est encore jeune lorsqu’il rencontre un druide du nom de Mac Taliesin qui l’initie à la mythologie celte. Son père, inquiet, finit par se poser des questions sur cet étrange mentor qu’il n’a jamais vu et une nuit que son fils tardait à rentrer, il partit à sa recherche. « Au bout d’une heure de marche dans la forêt envahie par la nuit, Mac Daniel surprend son fils et Mac Taliesin au beau milieu d’une séance de rituels initiatiques.
Entièrement nu, le druide pratique la fécondation du sol, une pratique bien connue de tous ceux qui maîtrisent un tant soit peu les ordres du chamanisme druidique. En bref, il copule avec l’humus frais à la lueur de la pleine lune, tandis que Thomas, déguisé en cervidé, imite le brame du cerf.
Le manque de culture de Mac Daniel père est tel qu’il voit dans ce spectacle la confirmation de ses craintes : cette scène lamentable sert de préliminaire à un accouplement contre-nature, dans lequel le plus âgé a de fortes chances d’être le plus –voire le seul- satisfait des deux partenaires. Le forgeron saisit une pierre, probablement un silex, et la projette sur le pauvre druide Taliesin, allongé sur le ventre et absorbé par son mouvement de va-et-vient, il ne voit rien venir, et reçoit le projectile en pleine tempe. Il meurt, après avoir émis un très long râle, parfois interrompu par des insultes bien peu conformes à la sérénité qui l’avait jusque là caractérisé.
Pour le jeune Thomas, le retour à la maison est accablant, empreint de désespoir. Il n’arrive pas à oublier les images de son père traînant jusqu’au feu de camp le cadavre ensanglanté et boueux de son maître pour une incinération expresse fort réussie. »
De désespoir, il se pend en laissant une lettre indiquant « Ce n’est pas ce que tu crois ! ». Son père publiera le manuscrit que le jeune homme gardait secret, L’anneau de Larry Border (croisement entre Harry Potter et Le seigneur des anneaux). « Deux cents exemplaires seront imprimés ; ils seront tous achetés par les habitants du village, compatissant au chagrin du forgeron. »
Citation : C’est pas ce que tu crois !
Mots-clés : Le Seigneur des anneaux, cornemuse, Donjons et Dragons, Sean Connery, annulaire, La Petite Maison dans la Prairie, LSD, Harry Potter
Firmin Lavigne
(né en 1941)
Citation : En amour comme en cent, rien ne vaut les nombres pairs
Extraits des Aphorismes à boire et à déboire :
L’effet mère ? Ephémère… Un jour j’ai rencontré un psy. Je lui ai dit que mes parents passaient leur temps à faire l’amour. Il m’a demandé si j’avais déjà eu envie de coucher avec ma mère. J’ai répondu que oui, il m’a alors expliqué que mon attirance pour les femmes mariées dénotait une homosexualité latente.
La politique ? J’y crois toujours mais je ne prie plus.
Extrait de la chanson La Turlute à Dédé :
Ici notre auteur met en scène une jeune femme qui reçoit son cousin du Quebec. Elle l’accueille chez ses parents et, après un dîner bien arrosé, le cousin lui demande de lui faire une turlute. Elle refuse, outrée. Il s’en offusque, arguant qu’une bonne turlute, c’est familial ! En effet, au Quebec, une turlute est un chant populaire que traditionnellement on entonne à la fin des repas…
Mam’zelle ma cousine
L’repas fut ben goûtu
Une très très bonne cuisine
Je l’ai déjà dans l’cul
Maint’nant que panse est pleine
Me vient une belle idée
Veux-tu cousine Hélène
Venir me turluter.
Cousin tu es très beau
Et j’amerais t’aider
Mais je suis ta cousine
Et ce serait pécher
M’enfin ma douce amie
De quoi s’rais-tu coupable ?
Une turlute jolie
Finit très bien la table
Quel diable es-tu donc
Pour me faire dévier
Et faire de mon oncle
Mon beau-père de Beauprès ?
Je ne veux que chanter
Suis-je un monstre pour ça ?
Invite donc ton père
S’il ne dort pas déjà.
Tu vas beaucoup trop loin
Mon ami mon cousin
Et pourquoi pas ma mère ?
Et pourquoi pas le chat ?
[…]
Mots-clés : brèves de comptoir, l’Os à moelle, les frères Jacques