Dans la lignée de Narcissu, Planetarian ~Chiisana Hoshi no Yume, ou Planetarian ~The Reverie of a Little Planet dans sa version anglaise, est un petit visual novel de la catégorie « kinetic novel » (donc sans choix). Produit par le célèbre studio Key, il reste pourtant une de ses œuvres les moins connues, une des seules à ne pas avoir de contenu adulte avec Clannad et la seule à avoir Eeji Komatsu comme artiste, à la place d’Itaru Hinoue .
Dans un monde post-apocalyptique où la race humaine s’est auto-détruite le manque de ressources naturelles, les guerres et l’échec du programme d’exploration spatiale ont fait des survivants un peuple fantôme qui erre sans espoir sous une pluie acide qui ne s’arrête jamais de tomber. Pour survivre, certains deviennent Junkers, des pilleurs de ce qui reste des villes autrefois prospères ; un métier fort dangereux puisque ces cités désertes sont souvent gardées par des machines héritées de la guerre qui poursuivent la tâche désuète qui leur a été donnée : protéger une population qui n’est plus là. C’est dans ce cadre pessimiste que nous suivons un Junker dont nous ignorons le nom dans la découverte d’une ville abandonnée. Poursuivi par des rivaux, il se réfugie dans le centre commercial de Flowercrest Department Store où se trouve un planétarium. Il y rencontre Hoshino Yumemi (ou Reverie en anglais), un robot à forme humaine un peu cassé qui continue son travail avec bonne humeur sans s’apercevoir que le monde a changé…
Graphismes
Si les décors n’ont rien de transcendantaux, Yumeni, le seul personnage visible, est admirablement dessinée. Elle possède une grande variété d’expression qui lui donne un air vivant appréciable et, petit plus, son costume est assez original, simple, tout en traduisant bien le fait qu’elle soit un robot. Il se dégage tout de même des graphismes une certaine beauté et l’animation de la pluie est bien rendue. Galerie de CGs déblocable la partie finie.
Musique
Planetarian ne dispose que d'une dizaine de pistes mais elles sont de qualité et composées par Magome Togoshi qu’on retrouve au poste dans d’autres titres de Key. On a les petites musiques rigolotes, comme Honky Tonk ou Metronome, qui illustrent bien l’atmosphère détendue et électronique du planetarium, les musiques tristes, les musiques qui évoquent la pluie, telles que le début de The Rain and the Robot ou Gentle Jena, ainsi que la très belle piste qu’on entend à un moment clé, Perfectly Human, lorsque Yumemi nous parle de l’humanité, juste magnifique. Mon seul regret c’est qu’on entende quasiment que la première catégorie pendant près de la moitié du jeu alors que les autres sont bien plus belles. Jukebox déblocable la partie finie.
A noter qu’il existe plusieurs versions du jeu incluant soit juste la voix de Yumeni, interprétée par Keiko Suzuki, soit les voix de tous les personnages, mais cette dernière ne semble disponible que pour les téléphones portables japonais.
Personnages
Le récit se concentre essentiellement sur le couple atypique que forment le Junker, un homme désabusé, cynique, taciturne, et Yumeni, bavarde et pleine d’énergie. L’identification avec le protagoniste est quasi-immédiate et on se surprend souvent à penser la même chose que lui, identification d’autant plus facile que la jeune fille est au départ une vraie tête à claques. Elle ne peut s’empêcher d’ouvrir la bouche pour déverser un torrent de banalités toutes plus inintéressantes les unes que les autres quand elle ne se comporte pas en véritable boulet. De plus elle ne comprend absolument pas ce qui se passe à l’extérieur et croit donc encore à la venue imminente de clients. Il suffit de passer devant un magasin en ruines pour qu’elle se lance dans l’éloge de leur dernier article et propose au Junker des coupons de promotion pour manger des glaces ou des gâteaux qui ne sont, de toutes façons, plus fabriqués depuis trente ans. Ou alors elle panique quand il faut retarder la prochaine projection du planétarium alors qu’évidemment, personne ne va venir y assister. Mais petit à petit, comme le protagoniste, on s’y attache à cette bavarde invétérée et on découvre qu’elle en sait peut être plus sur la situation qu’elle ne le laisse paraître…
Histoire
Planetarian a un background très complet un peu difficile à saisir au début, début qui se révèle assez lent, cependant l’intrigue évolue de manière touchante vers un beau final. Des déboires du Junker pour réparer le projecteur du planétarium (environ la moitié du jeu) à sa fuite dans la ville abandonnée avec Yumeni, le message que délivre le robot face à la mélancolie et le désespoir ambiants reste celui de l’espoir. Planetarian c’est l’histoire d’un monde à l’agonie qui se cherche un nouveau ciel, d’un peuple dévasté qui rêve de revoir les étoiles et ne rencontre jamais que cette pluie incessante, l’histoire d’un homme qui se doit de survivre coûte que coûte, d’une machine qui a peut être plus de cœur que n’importe quel autre humain, l’histoire d’une rêverie…
Général
Avec une durée de vie de 4-5h environ, Planetarian ~The Reverie of a Little Planet est un Visual Novel très court mais une expérience assez prenante dont la fin vous fera sûrement verser quelques larmes.
Le plus gros problème de ce jeu pour moi réside dans le personnage de Yumeni. Une fille un peu chiante, j’en ai déjà une à la maison, alors si c’est pour entendre les mêmes balivernes, je n’irais pas me mettre devant un écran…et c’est probablement à cause de cela que j’ai si peu pleuré lors des derniers chapitres (mais j’ai pleuré quand même). Je pense qu’il manquait une dimension plus profonde pour me faire apprécier d’avantage ce personnage qu’on ne découvre au fond que trop tard. C’est dommage car Planetarian n’était pas si loin de la perfection, mais ça n’empêchera pas d’autres d’apprécier cette œuvre, et à juste titre ^^.