Après avoir fini Narcissu premier du nom, j’attendais avec impatience de pouvoir tester le second. C’est maintenant chose faite. « Narcissu 2nd Side tient-il la comparaison avec son aîné ? » était une de mes principales inquiétudes, heureusement non seulement il égale Narcissu, mais il se révèle peut être même meilleur.
Nous voilà 7 ans avant les évènements de Narcissu. Setsumi est une jeune fille de 15ans qui n’a jamais pu avoir de vie ordinaire à cause de sa condition physique, pourtant elle garde encore un peu espoir de pouvoir, un jour, vivre comme tout le monde. Alors que sa santé s’améliore enfin un peu, elle est libérée de l’hôpital en plein été sans trop savoir quoi faire de sa nouvelle liberté. C’est alors qu’elle rencontre une certaine Himeko, résidente du 7F, qui l’entraîne dans son sillage. Pour Setsumi c’est le début d’une grande aventure mais aussi d’une longue série d’années remplies de larmes. A l’époque où tout était encore possible, quel chemin choisira la jeune fille ?
Graphismes
Narcissu 2nd Side possède les mêmes graphismes que son dernier volet, rien à y redire, ils sont toujours aussi beaux, aussi lumineux. Mais là encore les illustrations des différents protagonistes se font encore trop rares même s’il y en a plus.
Musique
Mêlant nouveaux thèmes et reprises des anciens, la bande son est toujours aussi belle, restant dans la même veine mélancolique. A noter que Narcissu 2nd Side dispose d’un opening chanté par le groupe eufonius mais qu’on ne verra jamais sous sa forme vidéo dans le jeu. Dommage.
Voix
Tout comme son prédécesseur, le jeu possède plusieurs traductions et peut être écouté avec ou sans voix. Si dans Narcissu, le peu de personnages rendait l’expérience intéressante, je dois dire qu’ici j’ai trouvé cette possibilité assez inutile : l’absence de voix embrouille même d’avantage quant à savoir qui parle.
La doubleuse de Setsumi, Rino Ayakawa, est toujours présente et rend toujours aussi bien le détachement de la jeune fille qui a été trop tôt coupée du monde extérieur. Elle est rejointe par des seiyuus allant du connu (Yuko Goto pour Chihiro, Mamiko Noto pour l’enfant malade) au moins connu (Natsumi Yanase pour Himeko, Yukiko Iwai pour Yuka). Petite surprise : Tanaka Ryoko qui double la mère de Setsumi officie sous le pseudonyme de Hikaru Issiki dans des jeux pour adultes tels que Tomoyo After où elle y interprète Tomoyo, mais aussi une certaine Mizuki Kirimiya dans Yume Miru Kusuri.
Chihiro
Histoire
Narcissu 2nd Side se montre un peu plus complexe que son premier volet mais garde en gros la même ligne directrice, c'est-à-dire l’histoire tragique de personnes qui doivent faire face à la mort alors qu’ils n’y sont pas du tout préparés. Je crois qu’on peut presque parler d’histoire à trois niveaux :
- D’un côté nous voyons les évènements par les yeux de Setsumi et nous apprenons plus sur son passé, sa façon de fonctionner, ses influences, ses coups durs, ce qui nous amène à mieux comprendre son comportement dans Narcissu et ce avec un enjeu de taille puisqu’à 15 ans, Setsumi ne sait pas encore qu’elle est condamnée, alors que le lecteur lui le sait.
- Or l’histoire principale ici reste celle d’Himeko, comme le montre le prologue (où on la voit vivre normalement, prologue un brin longuet soit dit en passant), de son comportement face à cette mort qui approche à grands pas et face à ses proches qu’elle refuse de revoir, mais aussi face à la religion en laquelle elle a crut pendant des années, étant catholique, et avec laquelle elle entretient un rapport ambigu.
- Enfin la dernière histoire, livrée sous forme de flashback, nous raconte comment Himeko, à l’époque où elle était bénévole au 7F s’est retrouvé à s’occuper d’une petite fille atteinte d’une maladie incurable et les conséquences de cette rencontre sur sa relation avec les autres et avec Setsumi.
La petite fille
Narcissu 2nd Side c’est le récit d’un héritage, l’héritage des fameuses règles du 7F qui se passent de patients en patients, de l’héritage spirituel aussi, de la petite fille à Himeko et d’Himeko à Setsumi, pour finir dans Narcissu par celui de Setsumi au protagoniste. Ce fil rouge qui unit tous les personnages est donc bien celui du souvenir. Contre la mort, ces êtres condamnés à être effacés par le temps, par leurs proches, qui n’appartiennent déjà plus au même monde, par la société, par la vie, ces êtres sans avenir arrivent à exister encore un peu dans la mémoire de leurs successeurs. D’où, sans doutes, cette phrase que Setsumi adresse à Chihiro, la petite sœur d’Himeko, qui ne comprend pas pourquoi celle qu’elle a soutenu pendant tant d’années refuse de la voir alors que cette petite écolière, cette inconnue, a le privilège de lui rendre visite tous les jours : « Parce que nous sommes différentes ». Chihiro, Yuka, la mère de Setsumi, tous ces gens appartiennent à la vie, alors qu’Himeko et bientôt Setsumi (mais à l’époque elle est encore prisonnière entre les deux), elles, appartiennent déjà à la mort, elles ont un pied dans la tombe, elles ne sont déjà plus des êtres humains mais des cadavres, et par là, quelqu’un qui vit ne peut plus les comprendre. Même en essayant très fort (le fameux exemple des frites que la mère de Setsumi lui prépare amoureusement à chaque repas alors que cette dernière déteste ça mais ne peut se résoudre à le lui avouer), les vivants ne peuvent plus les voir, elles sont déjà loin, trop loin, elles sont déjà parties par l’esprit.
Extra
Rien de spécial à signaler sinon la présence du jukebox des deux opus permettant d ‘écouter toutes les musiques avec plaisir. A noter également que les deux jeux, Narcissu 2nd Side et Narcissu, sont présents sur cette édition, ce qui est une initiative plutôt agréable. Toujours pas de galerie de CGs malheureusement .
Général
Narcissu 2nd Side me semble indispensable pour tout fan de Narcissu qui se respecte ou même pour n’importe quel amateur de visual novel qui aurait envie de découvrir une petite histoire (comptez environ quatre heures pour la finir si vous êtes rapides) sans prétention. Les larmes sont une nouvelle fois de rigueur tout au long du récit même si le final perd en majesté (celui de Narcissu reste définitivement plus marquant), ce qui est au fond assez normal pour un prologue.
La sublime chanson qui sert de générique de fin
Et devinez quoi ? La Kawa Soft qui s’est déjà occupée de traduire Narcissu en français a justement annoncé comme projet celui de s’occuper de Narcissu 2nd Side. C’est l’occasion idéale pour se jeter dessus.