Homeward
Durée : Environ 5h
Un an après une bêta sortie en mai 2011, à laquelle je n’ai pas joué, débarque la version finale de Homeward, un nakige amateur pensé et élaboré par une seule personne. Je me rappelle avoir été intéressée par le projet en tombant sur le blog de son auteur, bien avant que la dite bêta ne soit publiée, parce que celui-ci décrivait son récit comme quelque chose qu’il avait vécu et éprouvé le besoin de raconter. Et puis, le temps a passé, j’ai oublié, pour finalement observer la sortie de loin avec indifférence et il a fallu que mon sbire numéro 3 me fournisse le lien de téléchargement sur un plateau pour que je m’y mette. Malgré la disparition de ma curiosité initiale, j’avoue que j’avais toujours un peu envie de voir ce que donnerait une formule aussi clairement japonaise réalisée avec une touche occidentale. La réponse est...la réponse est dans l’article que voilà, ce serait trop facile si je devais résumer mes impressions en 3 syllabes, non mais ho 8).
Richard – Riku – Saionji, fils d’ambassadeur, est trainé à travers le monde en permanence, aussi n’a-t-il jamais vraiment l’occasion de se faire des amis, faute de déménager à chaque fois que des relations commencent à se tisser. Ce détail qui aurait pu être anecdotique rend Riku renfermé et solitaire, du moins jusqu’à ce que, revenu au Japon après des années passées en Amérique, il croise à nouveau la route de Kitahara Nonami qu’il avait rencontré quand il était gamin. Nonami ne l’a pas oublié et à son contact, il sympathise avec une autre demoiselle de sa classe, Nakamiya Haruka. Comme si ça ne suffisait pas, s’ajoute à la fête Sora, sa petite sœur perdue de vue dont il doit à présent s’occuper. Avec ces trois présences à ses côtés, Riku surmontera petit à petit sa solitude...jusqu’à ce que l’inévitable pointe le bout de son nez.
Non, pas le dinosaure mecha, malheureusement, ça aurait fait un scénario awesome !
Homeward se découpe alors en deux parties : une première partie plutôt tranche de vie où on suit le quotidien de Riku qui doit réapprendre les us et coutumes japonais et qui fait un peu office de branche principale, puis une seconde partie de type dramatique qui change selon l’héroïne choisie. Les choix n’étant essentiellement présents que vers la fin de la première moitié, il n’y a qu’une fin par héroïne et probablement une bad end générale supplémentaire (si j’en crois les 2 variations de CGs que je n’ai pas encore débloqué) mais je n’ai pas eu envie de la tester et ne pourrait donc confirmer.
Nonami, juste Nonami...
Ce qu’on remarque d’emblée avec le scénario, c’est qu’il est extrêmement classique dans son déroulement. Tous les stéréotypes trouvables dans un anime quelconque s’y comptent à la pelle : on a une virée dans un combini, des activités de club, le voyage à Kyoto, le voyage touristique de la Golden Week (mit gag impliquant du vent et une culotte, s’il vous plaît), des évènements sportifs inter-classes, un voyage à la plage (mit gag impliquant un maillot de bain) un festival culturel et un rendez-vous amoureux (ou pas) au parc d’attraction. Tout y passe, il ne manquait bien que le meilleur ami pervers pour que la formule soit complète. Les héroïnes n’y échappent guère : Nonami est l’archétype même de la genki girl un peu bête mais sportive et avec un cœur d’or qui ne sait pas bredouiller un mot d’anglais(et c’est accessoirement l’élément comique principal) , Haruka est l’archétype même de la gentille déléguée de classe maladroite et bonne cuisinière qui rougit pour un rien mais que tout le monde décrit comme la femme parfaite (d’ailleurs, son grand rêve dans la vie c’est d’être femme au foyer, bonjour l’ambition), Sora est l’archétype même de la petite sœur tsundere à couettes qui aime fort son grand-frère sans jamais vouloir le lui montrer avec en bonus un penchant cooldere et hikkikomori, et comme si ce n’était pas assez attachant comme ça, elle se balade toujours avec une grosse peluche de tanuki. Le protagoniste lui-même est un protagoniste d’eroge lambda : il manque cruellement d’initiative et de personnalité, se montre hésitant et change finalement d’avis comme de chemise tout en faisant tomber le cœur de ces dames. Le chara-design de tout ce petit monde n’est en outre pas des plus inspirés.
Z'avez demandé un moeblob ? Haruka à la rescousse !
Et c’est là le premier défaut d’Homeward, à mon sens : tout y est cruellement prévisible. L’auteur n’a pas cherché à réinventer l’eau chaude, il le dit lui-même, mais la formule qu’il a choisie pour raconter son histoire ne reflète au fond qu’assez peu son vécu. Si l’on ne se renseignait pas un peu sur le jeu pour savoir que le scénariste a lui-même beaucoup déménagé et a narré certaines de ses aventures au Japon, il serait impossible de le deviner en lisant le VN ! Le style d’écriture est loin d’être mauvais, il est même fort sympathique, et certains gags et références d’animes (malheureusement trop rares) font sourire, mais le tout est d’autant plus dépourvu de saveur que la partie romance tombe trop souvent à l’eau parce que tout y semble forcé. On a d’un côté la route de Nonami qui sent un peu le remplissage en ce qu’elle est parsemée de scènes de rêve inutiles sortant de nulle part et de passages où le héros se retrouve seul avec Haruka (passages qui ne sont même pas dans sa propre route !), et de l’autre celles d’Haruka et de Sora qui tendent à tomber dans du drame digne d’un soap-opéra avec des retournements de situations parfois étranges parce qu’on se dit qu’ils n’ont pas leur place là (souvent à base de suicide ou d’adultère). Les conclusions des différents arcs sont très satisfaisantes et on ne s’ennuie pas pour autant mais le tout manque de personnalité. Cela se voit d’ailleurs dans certains petits détails, comme les expressions japonaises non traduites qu’emploient les personnages, par exemple (iinchou au lieu de délégué ou des onomatopées de type « oy oy » ou « mah »).
C'est bien que tu parles d'Evangelion, Nonami, parce que je trouvais justement un vent de ressemblance entre Riku et Shinji...
Le second défaut...tient aux scènes de sexe. C’est un nakige, donc un jeu qui veut émouvoir, son but est donc tout sauf d’être un matériel masturbatoire. On pourrait alors s’attendre à une représentation réaliste de l’acte sexuel, sauf que tout est fait pour ruiner leur crédibilité. Le héros répète quasiment la même chose selon les routes, essentiellement des métaphores à base de chiots lapant du lait au moment où il embrasse sa copine et/ou lui lèche les seins (ce qui est complètement déplacé) ou une bonne centaine de fois le prénom de la demoiselle durant l’acte (ce qui fait tourner à vide les dialogues). L’acte en lui-même est complètement aberrant. Que le héros ait du mal à faire entrer son engin dans l’orifice de sa promise et glisse, ok, mais qu’il le fasse à chaque route et plusieurs fois, ça devient extrêmement lassant pour le lecteur (elle se lustre le vagin avec du savon ou quoi la madame ?). Mais si ce n’était que ça : pas de préservatif, l’organe génital féminin complètement effacé pour être remplacé par un vulgaire trou (même après labioplastie et rasage intégral de la pilosité, comme le font certaines actrices pornos, un sexe féminin ne peut PAS ressembler à ça, c’est anatomiquement impossible), absence de « préliminaires » (j’aime pas ce mot mais bon) vu que le héros embrasse sa copine, lui léchouillotte un peu les seins et lui introduit un doigt dans le vagin immédiatement après pour la pénétrer direct (Et les caresses, elles sont où ? Embrasser son corps, lui dire qu’elle est belle, faire monter la tension, c’est pas au programme non plus ? C’est pas un robot ou un sex-toy géant que t’as devant toi, hein...). Pour sa défense, Homeward arrive à faire des scènes de sexe un élément important du scénario. Il aurait été cependant bien plus agréable pour le lecteur comme pour l’auteur (surtout s’il ne sait pas dessiner d’appareil génital) de produire des images « soft », plus érotiques que pornographiques, comme l’a fait Katawa Shojo, par exemple. Certains HCGs sont bel et bien « soft »...mais pas tous, malheureusement.
Le cast au complet. Vas-y, vend-nous du rêve, Sora !
Et puisque je parle d’erreurs d’anatomie plus que flagrantes, je suppose que je peux poursuivre sur l’aspect graphique. Je ne voulais pas plomber le VN sur ce genre de considérations mais il est vrai que les dessins, sans être laids, paraissent assez rigides (j’ai eu du mal à me faire aux expressions des sprites au début). Les quelques erreurs par-ci, par-là ne sont pas si gênantes en dehors des scènes de sexe mais elles demandent un petit temps d’adaptation. Reste que pour un jeu amateur aussi long, la qualité et la quantité d’images est raisonnable...jusqu’à ce qu’on arrive à la conclusion de la route de Sora où l’auteur, peut-être lassé de son travail après des mois de développement, commande un sprite et un CG à un artiste expérimenté (que certains habitués de la communauté Lemmasoft reconnaîtront) pour juste la scène finale, ce qui nous fait un bond dans la qualité graphique assez surprenant.
Ce CG, oh mon Dieu, ce CG...
Du reste, il n’y a plus grand-chose à dire : l’interface est simple mais efficace tandis que la musique, composée de pistes libres de droit et quasiment toutes des boucles de piano, se montre incroyablement répétitive. J’ai fini par couper le son une bonne partie de mon temps de jeu parce que je ne supportais plus d’entendre les mêmes airs lourds et dramatiques de piano en permanence. Si c’était voulu pour instaurer une ambiance, je dois dire que le résultat est plus que mitigé. Sinon on peut lire les notes de l'auteur et visualiser des scènes coupées dans les bonus, ce qui est toujours agréable pour en connaître plus sur le processus créatif.
En conclusion, Homeward est loin d’être un mauvais VN et il fait passer un bon moment pour peu qu’on ferme les yeux sur les quelques défauts de la réalisation, or son manque d’ambition l’handicape cruellement. Le thème du déménagement permanent était intéressant mais étouffé par pléthore de stéréotypes dont un lecteur averti se passerait bien. De surcroit, l’auteur passe clairement à côté de sa cible lors des scènes explicites, ce qui est fort dommage parce qu’elles ne s’inscrivaient pas trop mal dans la trame scénaristique et auraient pu avoir bien plus d’impact.
Sugar’s Delight
Durée : un peu plus d’une demie-heure
Toujours dans la catégorie « eroge », j’ai testé Sugar’s Delight, qui date cette fois de 2011. Contrairement à Homeward qui visait surtout à émouvoir, ici il s’agit de fapper, purement et simplement. Le scénario tient sur un coin de mouchoir (oh, tiens, j’ai été virée de la maison par mes parents riches et une belle étrangère m’accueille sous son toit sans rien demander en retour et m’offre même un job, ça alors, que le monde est bien fait) et sert de prétexte à du yuri sur le thème des sucreries. Miam.
En même temps, avec un uniforme pareil, comment veux-tu qu'elle n'ait pas de pensées sales en te regardant ?
Le jeu en lui-même est très court, ce qui fait que dès la présentation sommaire que nous fait Ichigo, l’héroïne, de sa situation, on saute dans l’humble pâtisserie nommée Sugar’s Delight qui est tenue par une jeune femme surnommée Chocoa (qui gère donc à la fois l’entretien d’une boutique et d’une maison sur la base d’un seul salaire, si c’est pas de la buisness woman, ça) pour découvrir leur quotidien (servir les clients en petite tenue, parce que c’est bien connu que toutes les boulangères vendent leur pain avec une mini-jupe pour appâter le chaland) et paf, scènes de cul aussi sec et de manière pratiquement ininterrompues jusqu’à la fin.
Gaspillons nos ressources pour le bien de scènes de sexe, yeah !
Porn oblige, les personnages sont stéréotypés et peu intéressants et le déroulement suit un schéma ultra classique : d’abord scènes à base de chocolat et de gâteaux où Ichigo orgasme (deux fois), puis scène de douche où Chocoa orgasme, puis un moment d’hésitation avec happy ending coquin où les deux orgasment ensemble, wouais... Evidemment le récit pullule de mythes et de fantasmes courants dans ce genre de production. On peut évidemment citer la toute puissante pénétration, of course. Seigneur, les lesbiennes ont forcément besoin d’un substitut de pénis dans leurs relations sinon elles risqueraient d’avoir une sexualité qui leur est propre, manquerait plus que ça, tiens (sarcasme). Il y a les sexes où rien ne dépasse dignes d’actrices porno aussi. Et évidemment, le récit pullule d’approximations comme si l’auteur avait peur des mots ; on retrouvera ainsi le traditionnel « womanhood » à côté de « most sensitive place » pour remplacer des termes hautement choquants comme « vulve », « vagin » ou « clitoris » (sarcasme). Du coup les images sont au final bien plus osées que le texte lui-même qui reste assez timide.
Quant à l’enrobage technique, il est plus qu’optimal. Les graphismes sont assez chouettes, la musique banale et l’interface remplit son job sans problème. Pour un nukige (VN orienté sur le sexe, à ne pas confondre avec le nakige de tout à l’heure), ce n’est pas trop mal même si Sugar’s Delight a très clairement été écrit par des hommes pour des hommes. A réserver à ceux qui ont un fétiche pour le yuri...
...et qui veulent voir une fille se faire pénétrer par un gâteau ? Sérieusement, cette scène me fait toujours autant écarquiller les yeux. Le vagin d’une femme n’est pas un garde-manger, et si des bouts restaient coincés, hein ? Vous imaginez l’odeur du gâteau pourrissant quand l’héroïne se décide enfin à aller chez le gynéco d’urgence ? Bon sang, rien que d’y penser, ça me fait mal, y a vraiment des gens qui trouvent ça attirant de baiser un gâteau ?