Je pense qu’il n’aura échappé à personne ici que je publie de moins en moins ces derniers temps. Il est donc inutile de cacher que La mélancolie d’une otaku agonise un peu et qu’il est grand temps de clarifier la situation. Je savais que le blog finirait par ne plus beaucoup tenir à partir du moment où j’ai arrêté de regarder des animes, faute de temps. Mais je voulais essayer d’aller le plus loin possible quand-même, je continuais à me forcer à mettre à jour régulièrement. Maintenant, ce n’est plus vraiment possible.
La raison principale est intrinsèque : à la base, le blog n’a été crée que dans une optique de transition.
Quand en 2009, j’ai démarré sur Gamekult, j’avais une idée très précise en tête. A l’époque, j’étais en première année de classe préparatoire et je passais mes journées à travailler, négligeant ainsi d’achever un roman que j’avais sur le feu. Roman qui par ailleurs était presque terminé. Je me disais que dès que je sortirais de prépa, je ferais de ce projet ma priorité (comme elle l’était au lycée). Sauf que je manquais de lecteurs. A la base, je n’aime guère montrer mon travail, donc ça ne me dérange pas de tout garder pour moi. Cependant, j’ai bien dû me rendre à l’évidence que si je tenais à réaliser mon rêve un jour (un rêve un peu fou), il fallait absolument que d’autres personnes lisent l’ouvrage, maximisation des chances oblige. La question était : qui ? J’ai toujours eu un style un peu particulier et le concept du roman était suffisamment bizarre pour que personne ne s’y intéresse, ce n’est clairement pas le genre de texte qui intéresserait une maison d’édition. Et puis, pour avoir participé à des concours littéraires (« juste pour voir »), je peux vous affirmer que le milieu est sacrément gangréné. A moins d’avoir des amis hauts placés et se livrer à une jolie petite masturbation intellectuelle, il ne pouvait y avoir qu’une seule façon de s’en sortir : écrire pour la masse (si possible en prenant les lecteurs pour des cons, ce que je suis incapable de faire, je ne supporte pas ça). J’ai alors pensé à l’internet, le seul endroit où tout est à peu près possible, le meilleur comme le pire. Mais voilà, ce n’est pas en construisant son joli petit site web et en mettant son texte dessus qu’on va générer de la visite.
Il se trouve qu’en parallèle, je lurkais la sphère otaku parce que j’adorais la japanimation. Pile au moment où s’est déclenchée la vague de la PASSION prônée par Kyouray. Et sous mes yeux ébahis, des tas de gens ont commencé un blog. Et ils avaient des commentateurs. Même quand la qualité de rédaction était discutable (ils n’étaient pas tous mauvais, hein, loin de là, mais, euh, voilà, vous savez que je suis une littéraire exigeante). Du coup, je me suis dit : « J’aime bien écrire, la japanimation est visiblement un créneau porteur et les lecteurs sont pas aussi exigeants que ça concernant la qualité des billets, et si je tentais le coup moi aussi ? ». Dans ma tête, l’équation était simple : un blog peut avoir un bon taux de visite, si tant est qu’on l’entretienne régulièrement sur le long terme. En commençant à l’alimenter en prépa, je m’assurais d’avoir une bonne base en sortant de mon cursus et si je tenais le cap quelques années supplémentaires, eh bien, lorsque mon roman serait achevé, je pourrais le poster sur Internet en proposant aux personnes qui suivent le blog d’y jeter un coup d’œil, si elles sont intéressées. Il ne suffisait que d’une poignée de lecteurs pour que mon objectif soit atteint. A savoir qu’à ce moment-là, je n’avais absolument pas confiance en moi et en mes écrits. Je ne pensais pas avoir un quelconque « truc » qui me démarque des autres. Alors j’ai tout simplement profité de mon sexe pour me cataloguer toute seule « fille qui joue à des eroges ». A mes yeux, il n’y avait que ça qui me donnait une once de personnalité.
Ce que je n’avais pas prévu, eh bien, c’est que j’allais finalement beaucoup aimer le tenir ce blog. Au début, j’étais hésitante, je faisais mon mouton, je cherchais à m’intégrer, à rencontrer des gens « comme moi ». Et petit à petit, je me suis débarrassée de ces considérations qui m’entravaient et j’ai développé mon propre style. Débiter des pavasses, ça me plaisait vraiment, beaucoup plus que quand je restais en mode « superficiel ». Je pouvais parler plus librement qu’IRL où je me sentais étouffée (scoop : la prépa n’est pas le meilleur endroit pour causer mangas), des gens répondaient même à mon avis et des discussions sympas pouvaient se lancer. J’aimais vraiment ça et je ne m’attendais pas à avoir des lecteurs si vite, à vrai dire. D’ailleurs, j’aime toujours beaucoup poster mon opinion, ça n’a guère changé.
En 2012, la seule chose qui a changé...c’est que l’objectif du blog a finalement été atteint plus vite que prévu. Mon roman est resté inachevé, supplanté par un nouveau projet qui a pris beaucoup d’ampleur mais qui, au fond, me satisfait bien plus parce qu’il me permet de rêver. Le marché du livre est totalement saturé, j’ai bien conscience de ne pas y avoir ma chance (ne parlons même pas du talent), mais le marché du visual novel n’a pas encore éclos en France. Le marché du visual novel japonais est déjà complètement pourri de l’intérieur par cet attrait pour les scènes de sexe que je ne m’explique pas et on ne peut guère lutter contre une direction solidement établie par le temps. En Occident, tout est encore possible. Et un média aussi malléable peut prendre une direction surprenante. Alors, j’ai encore ma chance, surtout si je profite des débuts balbutiants. C’est pour ça que j’ai décidé de saisir l’opportunité et que mon inspiration, longtemps démotivée, a finalement trouvé un terrain de jeu nouveau qui lui permette de s’amuser, ce qu’elle n’avait plus fait depuis trop longtemps. Cela peut paraître anecdotique mais un écrivain qui n’écrit plus perd un peu sa raison d’être. J’ai eu l’impression de la retrouver. Et tout ceci, je le dois à de biens étranges concours de circonstances. A ces gens qui ont démarré l’appel de la PASSION et entraîné l’idée farfelue initiale ; à ces gens qui ont bien voulu suivre mes billets durant toutes ces années, alors que je n’en comprenais pas moi-même l’intérêt ; à ces gens qui ont discuté avec moi sur le net, donnant ainsi du grain à moudre à mon cerveau en ébullition ; à ces gens qui m’ont fait sortir de ma tanière et que j’ai pu rencontrer IRL ; à ces gens qui se sont montrés curieux envers mes projets et m’ont proposé soit leur aide, soit leurs encouragements ; à tous ces gens que je ne connais même pas, pour la plupart, et qui m’ont influencée sans le savoir.
Aujourd’hui, la transition a été effectuée. Grâce à la vitrine que m’offrait mon blog, des artistes ont accepté de m’aider dans mes projets, ce qui n’aurait jamais pu être possible s’ils n’avaient pas déjà eu un aperçu de ma personnalité et de ma façon d’écrire. Projets auxquels je consacre tout mon temps. C’est ma priorité absolue, je désire les mener à bien, ce qui suppose forcément que je néglige mon blog personnel. L’annonce de Milk était le prélude à une fin imminente et à partir du moment où l’équipe a ouvert son dev-blog, ce n’était plus qu’une question de temps avant que je migre définitivement là-bas. Ce qui a achevé la brave bête en sursis, c’est tout simplement un changement dans ma vie IRL. Le peu de temps que je pouvais encore lui accorder a été dévolu à quelque chose d’autre. Ou plutôt quelqu’un.
Le ton de ce billet paraît peut-être définitif mais en réalité je ne compte pas vraiment fermer La mélancolie. Je n’ai certes plus beaucoup de temps à lui accorder mais c’est toujours mon espace personnel, il sert de défouloir quand j’ai envie de parler. Ce sera plutôt un hiatus indéfini. Je ne me forcerai plus à le mettre à jour, je ne passerai que quand j’aurais envie de discuter d’un sujet particulier. Par exemple, le test de Kara no Shoujo que j’ai récemment terminé, d’autres VNs amateurs, le jeu Ib qu’on me conseille avec tant d’ardeur, ou encore un projet très différent de ce que je propose d’habitude mais qui pourrait être intéressant. Je resterai toutefois active sur Twitter (pour ceux qui ne me suivent pas encore) et de temps en temps sur le dev-blog de l’équipe quand je me sens disposée à faire part des évolutions de Milk et du reste.
3 ans avant de basculer en hiatus...c’est pas trop mal, après tout. Et puis, qui sait, le temps et la motivation me reviendront ptet plus tôt que prévu, la vie est parfois mystérieuse