26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 23:30

Lors de mon dernier dossier sur l’évolution des animes ecchi, j’ai remarqué que la discussion avait pas mal dérivé du côté des délires incestueux à la Kiss X Sis et quelle n’a pas été ma surprise en arpentant l’Internet de ne pas trouver d’analyse à ce sujet alors qu’il me semble assez présent dans la japanimation. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, eh bien je m’y colle !

 

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L’inceste étant considéré comme un tabou universel, il est normal qu’il déchaîne l’imagination. Toutes les cultures ont une vision différente de ce phénomène (la notion de famille varie pas mal) mais le prohibent d’une manière ou d’une autre. Pour certains anthropologues (comme Claude Levi-Strauss) c’est surtout une manière de dire : « Donne ta sœur en mariage à ton voisin » (merci Wikipédia pour cette belle citation). Un tel interdit ne peut que nourrir la mythologie, qu’elle soit grecque ou égyptienne, qui voit fleurir bon nombre de relations Zeus/Héra ou Isis/Osiris, puis la littérature et enfin le cinéma. Et une fois dans les mains de nos amis japonais, qu’est-ce que ça donne ? Réponse : de la facilité, beaucoup de facilité.

 

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Jeu : parmis ces 12 personnes, seules 2 ne sont pas soeurs (mais se taperont le héros quand même), sauras-tu les retrouver ? (thanks à Phatkap dont je pique honteusement les images)

 

Je ne sais pas si vous l’aviez remarqué avant (je suppose que oui) mais ce qui fonctionne très, mais alors très bien dans les histoires d’amour, c’est quand la dite histoire est impossible. La lutte de deux personnes amoureuses qui ne peuvent se rejoindre à cause de la famille, du destin, ou d’un passé torturé qui hante les protagonistes, voilà ce qui fait recette. S’ils finissent enfin ensemble après moult aventures, alors c’est un happy end, et dans le cas contraire c’est une fin tragique. Parce qu’une histoire d’amour trop facile se fait le reflet de la vie de tous les jours, on a toujours besoin du syndrome Roméo et Juliette pour pimenter tout ça : voir les amants se déchirer, hurler, s’arracher les cheveux, désespérément, en voulant quand même les voir finir ensemble, voilà le plaisir sadique du spectateur. Mais dès qu’ils sont ensemble, il n’y a plus rien de rigolo, ou presque, d’où l’intérêt de prolonger autant que possible ce plaisir vicieux, parfois de manière très artificielle, parfois avec talent, c’est selon. L’inceste c’est le summum de l’histoire d’amour impossible, l’excuse imparable. Ils s’aiment, ils veulent être ensemble mais leur amour est fortement réprouvé par la morale, voire la loi, donc ils se doivent de résister à leurs pulsions. Leur relation même interdit toute relation ! Si c’est pas ingénieusement diabolique ça quand même… Personnellement je suis plutôt friande de ce genre d’histoires, surtout quand elles sont bien traitées, parce qu’on y trouve à la fois une critique de la société (seulement quand c’est bien traité, hein), le thème des passions à la sauce cartésienne, et un pourcentage de « on s’aime mais on peut pas » (« il est un vampire et pas moi » façon Twilight ou « elle a des chaussettes dépareillées » étant le degré zéro de l’impossibilité) ubuesque. L’inceste c’est la garantie d’un portrait des vices humains encore plus gratiné qu’avec l’adultère.

 

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_Dis Papa, on peut aller faire des choses réprouvées par la morale derrière ce buisson ?

_Chut, pas tout de suite fiston, on nous observe et je n'ai pas très envie de finir en taule tout de suite tu vois. Retiens-toi deux minutes, tu veux ?

 

Dans n’importe quel anime harem lambda, vous trouverez un soupçon d’inceste. Quelques fois de manière innocente, quelques fois beaucoup moins. Car tout bon héros de harem a une petite sœur ultra canon qui l’allume (ou pas), c’est connu. Double bonus si c’est une loli. Il ne finira jamais avec elle à la fin de l’anime (morale oblige), par contre dans les divers doujins pornographiques dérivés c’est une autre histoire (le nombre de fois où Rito de To-Love-Ru se tape Mikan ou Lelouch de Code Geass Nunnaly est juste effrayant)…

 

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Pourquoi cet intérêt pour un tel tabou dans la japanimation pourrait-on se demander (du côté des scénaristes je veux dire). Mon hypothèse est la suivante : parce que c’est moins compliqué à imaginer en terme de scénario. Nous sommes dans une série, il y a un héros et pleins de haremettes. Comment justifier que toutes ces séduisantes nanas en pincent pour un looser invétéré ? Il faut bien trouver une explication, même minimale. Et quoi de mieux que de ressortir le bon vieux couple « amie d’enfance/petite sœur » ? L’amie d’enfance comme la petite sœur vit avec le héros depuis tellement longtemps qu’elle ne peut qu’être tombée amoureuse de lui à force de le côtoyer, il n’y a donc pas besoin de détailler ses sentiments avec profondeur, tout est déjà dit dans le titre. Mieux, on peut profiter du filon jusqu’à la moelle en faisant deux amies d’enfance ou deux sœurs par exemple, ce qui entraînera fatalement une lutte acharnée et donc des éléments hautement comiques à base de concours de cuisine (un classique) ou de jardinage. Et en plus le côté incestueux de la sœur fait immédiatement découler du drame, des rebondissements de situations incroyables (« En fait on est pas vraiment frère et sœur toi et moi » aka l’excuse la plus foireuse de tous les temps). Pourquoi se casser la tête à écrire un scénario quand on en a déjà un tout prêt à l’emploi ?

 

C’est encore plus flagrant quand l’anime en question est un peu ecchi, voire hentai. L’attirance hommes-femmes n’étant probablement pas le sujet de prédilection de certains scénaristes japonais, on a le droit à des facilités souvent…perturbantes. Quelques brefs (et mauvais) exemples :

 

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Kiss X Sis (il fallait bien que je le place celui-là depuis le temps) est l’exemple même du scénario tellement bien rôdé qu’il se mord la queue. On a un mec paumé qui vit depuis sa tendre enfance avec ses sœurs MAIS qui ne sont pas ses vraies sœurs. Du coup, elles sont forcément tombées amoureuses de lui et on peut jouer à loisir sur la carte sensible « J’te baiserai bien toi, joli morceau de viande » « Han mais non, on peut pas, on est de la même famille quand même » « Allez babe, et je te fais ta position favorite » « J’arrive tout de suite ! ». Les élèves les plus attentifs auront notés que le bonhomme a deux sœurs DONC deux rivales aux caractères forcément opposés. Ajoutez à cela qu’elles sont jumelles et hop, ça y est, vous pouvez vous croiser les doigts de pieds en éventail, vous avez X chapitres qui sont déjà écrits rien qu’en exploitant ce simple postulat de base. Tellement ingénieux que ça me fait peur...

 

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Ane to Boin et Kono mama ja Ane to SEX Shiteshimau!? sont deux eroges avec un postulat semblable : le héros a une douzaine de soeurs (bon d‘accord, une dizaine). Mais aucune n’est reliée à lui par le sang. D’ailleurs aucune n’est reliée à une autre apparemment…la mère devait répondre à un pari stupide (cap de faire 10 gosses avec un an d’intervalle à chaque fois et qu’aucun ne soit du même père ?). La suite coule de source. Pourquoi le héros se casserait-il la tête à aller séduire une étrangère et prendre donc le risque de se prendre un râteau quand il peut rester pépère chez lui devant sa console et se taper la première sœur qui passe dans le couloir ? On sent bien que le string qui sert de scénario a été pensé spécialement pour des otakus avec cette crainte du monde extérieur prédominante.

 

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Oh que c'est mignon...WAIT WHAT ?

 

Papa to Kiss in the Dark, le seul représentant yaoi de cette magnifique logorrhée, touche encore plus loin dans l’absurde et le gore puisque cette fois c’est de son père que le héros est amoureux. Oubliez tout de suite construire des histoires et des émotions, nous atteignons ici le paroxysme de la facilité. Mira est le jouet sexuel de son papounet depuis son plus jeune âge et le pire c’est qu’il en redemande et rêve d’être « la femme de papa ». Quand on lui dit que la bizarrerie de leur différence d’âge signifie peut être qu’il y a arnaque et que ce n’est pas son père, Mira a une réponse infaillible « Sur le triple problème de la pédophilie, de l’homosexualité et de l’inceste, il en restera toujours deux ». Des dialogues succulents « Papa a faim ! » « Allons au restaurant... » « Non, papa préfère rester à la maison, son plat préféré est juste ici ! » et un surjouement constant soupoudrent le tout d’un effet vomitif des plus réussis.

 

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Oh que c'est mign...MAIS...MAIS...WHAT ?

 

Immoral Sisters a une première saison plutôt réussie (à l’échelle d’un hentai de base, je veux dire) mais sa suite…oh mon dieu, quelle embrouille ! Genre t'as le mari impuissant qui revient et en fait il veut se faire sa fille mais en fait c'est pas sa fille, et c'est pas son père et l'autre fille non plus c'est pas sa fille, et la mère en fait c'est pas la mère non plus et...what ? Il en faut des excuses pour mettre en scène des orgies familiales de nos jours.

 

Whatever-02.jpg

 

On sent que l’inceste est un immense filon mais que l’ombre de la morale plane encore au dessus des scénaristes qui rusent à chaque fois pour nous sortir des familles bizarres qui ne sont pas des familles mais si quand même mais en fait non m’enfin si un peu quand même. Et je passe sous silence l’inceste « spirituel » avec tous ces personnages qui se comportent en petites soeurs (à grand renfort d’onii-chan le plus souvent) juste pour le fantasme des spectateurs (la loli aux cheveux roses de Mai Hime quelqu’un ?) parce que sinon on n’est pas couchés…Mais tant qu’à y aller, autant y aller franchement. Tant qu’il s’agira du domaine de la fiction, je ne vois pas pourquoi ils se gêneraient, vu que l’usage de fluides et autres tentaculeries deviennent monnaie courante (même en dehors du hentai, cf dossier précédent). A quand un inceste qui ne ferait pas semblant d’en être un ?

 

Comme dirait Pierre Dac dans sa parodie de Phèdre :

 

HIPPOLYTE
Ciel ! Qu'est-ce que j'entends? Madame oubliez-vous
Que Thésée est mon père et qu'il est votre époux?

PHÈDRE
C'qui fait que j'suis ta mer', c'est pour ça qu'tu t'tortilles ?
Ben comm' ça tout s'passera honnêtement en famille.

 

Et puis surtout, à quand des animes exploitant des histoires d’amour (ou de cul) qui cesseraient de rationaliser les sentiments en les justifiant de manière parodique façon « J’ai glissé dans les escaliers, il m’a rattrapé, depuis je suis trop en big love tu vois » (rajouter « Et pour le remercier je lui ai proposé de me prendre en levrette » dans le cas d’un hentai) ?  Heureusement qu’il existe encore des exceptions à cette tendance. Koi Kaze, par exemple, est une des seules oeuvres à ma connaissance qui traite le sujet de l’inceste avec pudeur et de manière fouillée. Mais c’est un cas plutôt isolé en fin de compte…

 

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En conclusion, je dirais, qu’à mes yeux le succès de l’inceste dans l’univers de la japanimation n’est pas tant une histoire de fantasme que de facilité. Chaque fille présente dans un harem lambda doit de toutes façons représenter un fantasme (la prof sexy, la petite soeur, l’amie d’enfance qui sait super bien cuisiner, la délurée à gros seins, la cooldere à lunettes, la tsundere armée de zettai ryouiki) et je ne vois l’inceste que comme un fantasme parmi d’autres. Ce qui m’inquiète, c’est surtout l’immense gâchis que l’on fait de ce thème en usant et abusant de ses causes et conséquences pour éviter de décrire la passion amoureuse dans un anime. Dans la vraie vie, on ne tombe pas amoureuse de son frère juste parce que c’est son frère, ni d’un garçon parce qu’il nous a surpris en petite culotte ou qu’il a eut la suprême amabilité de ramasser notre fourchette tombée par terre à la cantine : ça peut être le début d’une grande histoire, mais ce n’est qu’un début, l’imagination doit normalement prendre la suite et agrandir cette idée, pas la tuer dans l’oeuf et dire « Bon ça y est, j’ai amorcé la première rencontre entre les protagonistes, ils sont forcément amoureux, j’ai plus besoin de me casser la tête à penser à une évolution. Passons à notre prochain plan sein/culotte… ». C’est aussi là qu’on voit la différence entre un bon anime comique/romantique se passant forcément au lycée et un moins bon : dans un mauvais, on se cantonne aux apparences, à la superficialité, dans une production honnête on essaye d’aller un peu plus loin (et, même si j’utilise surtout ces exemples, ça ne découle pas forcément de l’utilisation abusive de fanservice ou d’ecchi).

 

Twincest-02.jpg

 

Je dérive un peu, voire beaucoup, mais c’est toujours quelque chose qui m’a intrigué que de voir autant de suggestions d’inceste dans les animes (souvent inutiles et inutilisées d’ailleurs) avec cette mode du sister complex poussée à son paroxysme. Si quelqu’un a d’autres théories, je ne suis pas contre =<.

 


 

Pendant ce temps une traduction française de Saya no Uta voit le jour…

 


 

[3615 My Life on] En ce moment j’ai de gros, gros problèmes avec mon ordinateur et sa lente agonie fait que je ne peux plus trop l’utiliser, du coup il va falloir que je trouve une situation de remplacement avant de pouvoir faire de « vrais » articles. C’est donc normal si je mets du temps à répondre ou si je ne suis pas trop disponible, un peu de patience, je fais ce que je peux pour régulariser la situation [3615 My Life off]


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commentaires

J
Je. Ne trouve pas kono mama ha ane to sex shiteshimau
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C
Franchement, je suis d'accord avec toi.. après j'ai trouvé un animé, sur de l'inceste, et j'ai franchement bien aimé je me suis tapé des fous rire.. Son nom, et un nom a rallonge:"Ore No Imoto Ga Konna Ni Kawaii Wake Ga Nai", il est très soft, et plein d'humour :D
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K
Ça peut aussi s'appeler orelmo ^^ , pour faire plus court.
K
Je suis totalrment d'accord avec toi, et je te conseille de t'interesser à oreimo, qui est un manga parlant principalement de la culture otaku et aussi de l'inceste (sans ecchi) entre un frere et sa VRAI soeur.<br /> LeDieuHarem sur youtube te l'expliquera beaucoup mieux que moi, et sa video vaut vraiment le coup.
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K
Et je viens de me rendre compte que j'ai posté mon avis deux fois ^^'' Quel génie
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H
En effet, tu as posté ton avis deux fois et je ne l’avais pas remarqué non plus. Je dois avouer que j’ai tendance à éviter les articles comme celui-là parce que je reçois souvent des commentaires très bizarres auxquels je n’ai pas forcément envie de répondre, j’ai donc dû passer à côté du tien =’). Aussi, ce n’est pas forcément le texte dont je suis la plus fière…<br /> <br /> Malheureusement, depuis cet article j’ai visionné Koi Kaze en entier et j’ai été assez déçue par le traitement de l’inceste : je m'attendais à mieux. C’est certes plus fin que dans 90% des animes qui instrumentalisent le sujet de manière bien plus racoleuse, mais il y a quelque chose qui m’a quand-même dérangé =/. Je n’avais jamais entendu parler de Miyuki mais j’espère que l'oeuvre traite bien les choses !
K
Très bon article, il énonce assez bien les pensées que j'ai par rapport à ce thème. Les animes japonais parlant d'inceste, j'en connais à la pelle et y en a que j'ai adoré, d'autres rapidement détesté. Pourquoi? Parce que comme tu le dis, l'inceste est un thème sérieux et grave qui ne peut pas être traité à la légère ou avec vulgarité. Les histoires comme Koi Kaze ou Miyuki de Mitsuru Adachi abordent le sujet de manière totalement différente mais de façon légère et pudique. La psychologie des personnages est bien retranscrite, on sent que les choses vont plus loin qu'un "je te tombe dessus et t'as la main sur mon sein, çà y est c'est un signe, on s'aimera à la fin!"<br /> Tu as bien cerné l'univers, même si dans certains mangas les clichés ont tendance à nous sauter aux yeux. Encore une fois, bon article, il manquait juste une petite place pour Miyuki en dessous de Koi Kaze ^^
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