En attendant de pouvoir clore mon dossier Kara no Kyoukai, reporté encore une fois suite à des soucis techniques répétés (merci ordi chéri), j’entame une mini saga sur un thème que je trouve intéressant au plus haut point : le court métrage. Les usages et les formes que peut emprunter le genre sont tellement diverses que je ne prétends sûrement pas offrir une étude minutieuse et précise sur le sujet. Non, mon but serait plutôt de faire découvrir quelques perles méconnues (parce qu’une animation réalisée par un petit studio récent/amateur a forcément moins de visibilité, voire d’accessibilité, que la toute nouvelle série de –insert troll here- ) ou juste de donner des idées pour ceux qui n’ont pas le temps (et il n’y a pas besoin d’inventer 20 raisons pour ça ) et rechercheraient quelque chose de précis.
Voilà donc une liste non exhaustive d’une vingtaine de petites animations allant de 30 secondes pour le plus court, à 40 minutes pour le plus long.
1 ère partie – Voyages, chaleur et sourire
Ame to Shoujo to Watashi no Tegami
Rain the little girl and my letter
Durée : 6 minutes
Thème : Amour
Le spectateur suit les aventures d’une jeune fille amoureuse qui s’apprête à déposer une lettre dans le casier d’un garçon. Mais alors que la lettre lui revient, visiblement sans réponse, et qu’elle pense sa brève romance terminée, elle se rend compte petit à petit que la vraie histoire ne fait que commencer.
Si les personnages sont graphiquement un peu moches, avec un aspect parfois imprécis et un peu brouillon, voire avec un aspect cell-shade raté dans le cas de la petite fille, les décors sont globalement très jolis et très réussis. La ville dans laquelle évolue la protagoniste est charmante, elle palpite sous la pluie, tandis que l’atmosphère douillette de la bibliothèque sur fond de pluie est particulièrement bien rendue et donne envie de se lover dans sa couette, un sourire béat aux lèvres. De temps en temps de petits morceaux de musique très courts aux teintes métalliques rythment les différents moments de l’aventure. Bien sûr, il n’y a pas vraiment le temps de développer les personnages mais on se surprend à s’identifier à l’héroïne, à admirer la façon dont elle prend les choses, et à trouver la petite fille aux faux airs de fée clochette adorable.
Une pendule qui tourne lentement. Une petite mélodie guillerette. Des pilles de livres en désordre. La rencontre entre une fillette amatrice d’histoires et un écrivain en devenir qui vit son premier amour avec philosophie. La pluie qui tombe. Et puis cette lettre par qui tout commence. A partir de ces bribes émerge une incroyable sensation et on sort de ces quelques minutes le cœur réchauffé et avec une folle envie de boire du thé.
Born By Myself
Durée : 6 minutes
Thème : Etrange
Changement complet de thème en ce que Born By Myself est une animation macabre et surréaliste vraiment torturée et difficile à saisir. A côté Satoshi Kon passe pour un enfant de cœur, c’est vous dire. On ne comprend pas (enfin surtout moi) ce qui se passe à l’écran ni quelle signification cela peut avoir. Des créatures sombres, des bras, des jambes, des êtres sans tête, se meuvent, se dévorent, s’enlacent et se plaignent dans un décor qui n’évoque rien de connu et qui ressemble à une grotte. Quelques petites scénettes émergent : une créature cherche désespérément sa tête dans un amas de feuilles dans lequel elle s’enfonce inexorablement, une tombe ( ?) se remplit doucement, deux êtres dénués de jambes se regarde, l’un a une bouche énorme et s’apprête à dévorer le deuxième, et puis cette image récurrente d’une femme, enceinte ( ?) dans une sorte de métro et qui…mange des chips 0_o ? Ce manège étonnant se déroule au son d‘une boucle de 30 secondes de musique qui se répète sans arrêt et qui évoque des cris et des pleurs. Tellement insupportable que la tentation est grande d’échapper à la folie générale et d’arrêter la vidéo mais ce serait manquer le point culminant de ce voyage en enfer, lorsque la musique se tait et laisse place au silence et à la consternation, le bruit d’un train, puis d’une horloge, et plus rien.
J’ai cru repérer quelques pistes de lecture, comme la présence de ces deux escargots humanoïdes, bleu et rose, qui pourraient représenter l’interrogation concernant le sexe du nouveau-né, et du coup toute l’animation se passerait dans le ventre de la femme enceinte, mais la question demeure entière. Au spectateur de rassembler les fragments de cette drôle d’histoire.
Aru Tabibito no Nikki
The Diary of Tortov Roddle
Durée : 6 X 3 minutes
Thème : Voyage
Tortov Roddle voyage à travers les chemins de Tortelina sur sa monture, un croisement de cheval et de cochon. Sur sa route il croise monts et merveilles : des hommes-lapins volant vers la lune dans leur bus à la mare remplie de grenouilles géantes portant des châteaux sur leurs dos, il y a de quoi raconter dans le petit carnet qu’il tient.
Le journal de Tortov Roddle est une des plus belles surprises de l’année pour moi. C’est tout pile le genre d’animation aux faux airs Miyazakiens qui fait ouvrir grands les yeux et qui replonge même les plus aguerris des spectateurs dans un état proche de l’enfance. Dans un enrobage qui ressemble plus à un livre d’images anciens qu’à un anime, égayé par des couleurs pastelles, Aru Tabibito no Nikki est une série très brève qui n’a pour seul but que de faire rêver. Aucun dialogue, mais une musique superbe, alliant piano, accordéon, guitare ou flûte, une musique qui colle parfaitement à l’histoire tout en faisant voyager. S’identifier avec le personnage de Tortov est d’autant plus facile qu’il partage notre étonnement face aux merveilles qui l’entourent (cf l’épisode du poisson dans la tasse de café dont il attendra le retour toute la nuit).
Des épisodes malheureusement trop courts : on en voudrait toujours plus =). A regarder seul ou en famille, au coin du feu ou dans son lit, de préférence juste avant d’aller dormir, afin de rejoindre Morphée des rêves pleins la tête.
Oshiruko
The Summertime Mischief
Durée : 1 minute
Thème : Eté
Celui-là porte bien son titre. Un jeune homme fond littéralement au soleil tant il fait chaud en cette belle journée d’été. Alors qu’il est sur le point de se mélanger au goudron, il aperçoit enfin un oasis dans ce désert : un distributeur de boissons. Mais quand il veut se servir, surprise…
Qu’il y a-t-il de beau à raconter sur Oshiruko (soupe chaude) ? A vrai dire pas grand-chose. Toute l’animation repose sur un gag qui montre combien les hommes peuvent parfois être méchants avec leurs semblables (mettre du scotch sur le bouton « Hot » du distributeur pour que le premier pigeon venu se retrouve automatiquement avec une canette de soupe par exemple). Il n’y a ni dialogue ni musique, juste le son des cigales et les graphismes sont corrects bien qu’un peu bizarres. A regarder vite fait entre le chargement de votre série abrégée favorite ou de la dernière vidéo commentée de votre testeur de jeux préféré.
Egao
Smile
Durée : 2 minutes
Thème : Vie
Une jeune femme décide un jour de s’acheter un hamster. Mais en le regardant jouer, elle ne peut s’empêcher de se sentir seule et de se souvenir d’un homme qu’elle a aimé.
Après She and her cat, Makoto Shinkai (la référence obligatoire en terme de court métrage) s’attaque à Hamtaro en nous contant le quotidien de cette jeune femme seule et de son hamster obèse tout mignon (quand elle le prend dans ses bras, on dirait qu’il a la taille d’un petit chien 0_o). L’histoire prend la forme d’un clip chanté par une certaine Hiromi Iwasaki. On aime ou on n’aime pas, personnellement je trouve la chanson jolie sans plus. Evidemment les graphismes et surtout les décors sont de toute beauté, dire le contraire serait troller, et regorgent de couleurs. On regrettera juste la petite erreur de proportion qui rend le hamster étrangement volumineux lorsqu’il se trouve en dehors du « cadre » mais j’imagine qu’il aurait été difficile de dessiner un hamster de manière détaillée s’il avait été encore plus petit…
Parler d’histoire est peut être un peu exagéré puisqu’il s‘agit d’avantage ici d’une ambiance, de sentiments, des choses simples du quotidien, avec ses hauts et ses bas. Agréable à regarder quand on a quelques minutes devant soi et qu’on ne sait pas quoi faire en attendant que les pâtes finissent de cuire ou que Machin rappelle comme il l’avait promis, ce n’est cependant sûrement pas un chef d’œuvre et les fans de She and her cat seront probablement un peu déçus si c’est ce qu’ils recherchent en visionnant Egao…
Maintenant que la Japan Expo est fini et que les lecteurs sont revenus, je sors de mon hibernation provisoire mais je crains que ce ne soit pas pour longtemps. En effet, comme vous devez le savoir, j'ai pas mal de choses à faire, dont préparer le projet Milk (dont j'ai pu sauver toutes les données, c'est déjà ça) et mes problèmes d'ordinateur handicapent sérieusement la fabrication d'articles pour le blog. Donc dès la fin de cette petite saga, je risque de me mettre en hiatus pour pouvoir gérer ça un peu plus facilement. En août je travaille donc si je ne fais pas ça au mois de juillet, je ne le ferais jamais !
La suite : 2e partie : Move your body