29 mai 2009
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J'ai eu beau réfléchir et réfléchir pour faire cet article, j'en arrive toujours à la même conclusion : Katawa Shoujo ("Disability Girls") du studio Four Leaf n'est vraiment pas un visual novel comme les autres ! Tout d'abord par ce qu'il s'agit d'un projet « amateur » et non d'un studio professionnel, ensuite par ce que l'idée est originellement partie de membres de 4chan (je ne vous ferai pas l'affront de mettre un lien...ah en fait si !), l'antre mal famée du net que bon nombre d'entre vous ne peuvent pas ne pas connaître (à moins d'être encore purs et innocents mais je pars du principe que vous ne l'êtes plus XD), et enfin...par ce que c'est un visual novel de qualité !

Hisao Nakai est un lycéen on ne peut plus normal jusqu'à une belle journée d'hiver où la fille de ses rêves lui déclare son amour. C'est malheureusement à cet instant précis qu'il fait une crise cardiaque et découvre par la même occasion qu'il avait une arrythmie, une malformation du coeur, depuis sa naissance. Bien sûr il survit, sinon il n'y aurait pas d'histoire, mais reste alité à l'hôpital pendant quatre mois, oublié de ses anciens camarades, avant d ‘être envoyé dans un établissement un peu spécial accueillant uniquement des élèves « handicapés ». Il y fait très vite la connaissance des excentriques Misha et Shizune, délégués de sa classe, de la timide Hanako, de Lily, déléguée de la classe voisine, ainsi que d'Emi et de Rin, et enfin de Kenji, son étrange voisin de pallier. Evidemment chacun d'eux possède un handicap et une personnalité propre qu'Hisao tentera de découvrir petit à petit.
Katawa Shoujo se pose donc comme un visual novel de type harem et à choix multiples se déroulant dans une école, pourtant malgré ce côté très stéréotypé, les handicaps de chaque personnage apportent une petite touche de nouveauté bienvenue et offrent une grande fraîcheur par rapport au genre. Car il est évident qu'on ne se comporte pas pareil quand on est muette, aveugle ou qu'il nous manque des membres. Le plus grand point fort de l'oeuvre repose donc sur ses personnages. Du côté des garçons, on a le droit à un héros à la fois banal, mais pouvant parfois se montrer cynique, un peu à la manière de Yuuichi de Kanon, et à son « ami » complètement déluré. Oui Kenji est fou, ça se voit...et pas qu'un peu !

Kenji en train de soutirer de l'argent...
Pour ce binoclard un peu trop parano le monde est en prise avec un immense complot orchestré par les femmes pour prendre le pouvoir. Il fuit donc les femmes comme la peste et ne saisit généralement pas trop le sens de ce qu'il dit sinon que ça semble « cool ».
Face à cela nous avons trois binômes. D'un côté on a Shizune, sourd-muette, et son amie la frénétique Misha. Si l'une a l'avantage d'être plutôt calme (je me demande parfois si ce n'est pas un bien de lui avoir ôté la parole), la deuxième est tout simplement hystérique. Dès son arrivée le pauvre Hisao se fera harceler par cette jolie brune à lunette extravertie et sa complice aux cheveux d'un rose flamboyant pour rentrer dans le Conseil des Elèves dont elles sont les seuls membres. C'est bien simple, jours et nuits elles n'ont de cesse de lui demander de les rejoindre, usant parfois de ruse pour cela. A noter qu'il n'existe pas de route pour Misha (et heureusement).

A l'opposé, l'ennemie jurée de Shizune, Lily, est aveugle mais ne se démonte pas facilement, même face aux piques pas toujours gentilles de son adversaire (en effet elles se détestent pour une raison inconnue).

Le seul panty shot de tout le jeu, profitez-en bien !
Sa douceur et sa gentillesse contrastent très fortement avec la brutalité des excentriques et elle est toujours accompagnée d'Hanako, jeune fille à la timidité maladive qui cache d'affreuses cicatrices sous ses cheveux longs.

Enfin, le dernier duo est composé de l'énergique Emi, qui possède des jambes métalliques mais n'en aime pas moins faire la course de bon matin et traverser les couloirs le plus vite possible, et de son « pendant », l'apathique Rin, qui elle n'a pas de bras. Cette dernière est une des filles les plus surprenantes de par sa personnalité légèrement cynique et le fait que ce soit la seule qui accepte de parler ouvertement de son handicap, voire même de s'en moquer, alors que c'est un sujet supposé tabou chez les autres.

Graphismes
Il ne sert à rien de le nier, les graphismes de Katawa Shoujo ne sont pas extraordinaires et ça se comprend, ils sont néanmoins impeccables. Le chara design très soigné donne souvent l'impression d'avoir été fait par des pros sauf dans le cas d'Emi dont la matière « artisanale » transparaît peut être un peu plus que les autres. Le background est composé de photos légèrement retouchés mais qui n'opèrent pas un contraste trop important avec les personnages, donc juste comme il faut.
Musique
Les musiques sont très variés et on voit qu'elles ont été travaillées, malheureusement elles ne brillent pas vraiment par leur originalité et passent plutôt inaperçues. Je note aussi un léger défaut dans les boucles qui fait qu'on peut brusquement se retrouver coupé de toute musique pendant plusieurs minutes sans raison particulière (ce qui a tendance à m'agacer mais pas énormément non plus). A noter que s'il y a des bruitages, Katawa Shoujo ne possède aucun doublage, ce qui ne pose pas de problèmes particuliers et se comprend encore une fois très bien.
Histoire
L'histoire de Katawa Shoujo, loin d'être un simple prétexte est étonnement bien fouillée. Les mois que passent Hisao à l'hôpital m'ont très fortement rappelés Narcissu en ce qu'il décrit lui-même les comportements distants de sa famille et des anciens amis jusqu'à cette fille qu'il aimait et par qui tout a commencé, et qui le laisse ensuite tomber « comme les autres ». Pour un début (car oui seul l'acte 1 est paru) il y a énormément de matière ! On ne s'ennuie jamais en suivant les aventures d'Hisao auprès des différents protagonistes et sa lente intégration dans l'école. Contrairement à ce que l'on pourrait attendre de Four Leaf, qui est quand même issu de la culture 4chan, il n'y a qu'une poignées de références aux animes dans cet opus mais c'est déjà largement suffisant.

Ends
Comme seul l'acte 1 est disponible, on aurait aussi pu s'attendre à une certaine débâcle vers la fin, et bien pas du tout ! Certes, on a un goût d'inachevé dans la bouche mais pas par ce qu'on est déçu : on veut la suite ! Les développeurs ont trouvés l'astuce de mener ce qui ressemblent à des fins : en effet le dernier jour est celui du festival, la personne qu'on accompagnera durant cette journée dépend donc de toutes nos actions précédentes. Il y a donc une route pour chaque fille (sauf Misha, ouf), et donc plusieurs manières de finir le festival. Et le projet inachevé se paye même le luxe d'offrir une mauvaise fin. Pour un visual novel qui n'est pas fini j'ai trouvé l'effort remarquable ! Cette bad end n'apparaît que si on choisit de passer le festival seul (on se retrouve au final à picoler sur le toit avec Kenji et...non je ne dirai rien XD) et cela n'arrive que si on a envoyé balader quelqu'un à un moment ou à un autre. Le choix des options est donc délicat sans être trop difficile et il vaut mieux faire attention à la réponse qu'on donnera (quelques fois une phrase que l'on pense inoffensive amène à cette bad end et parfois une phrase que l'on pense cinglante ne le fait pas).
Extra
Après avoir fini le jeu, on dispose d'un jukebox, d'une petite galerie de Cgs et d'une bibliothèque permettant à la fois de revoir des scènes particulières et à la fois de vérifier l'avancement du jeu (un pourcentage indique si le jeu est entièrement fini ou non). Rien de sensationnel mais ce sont des bonus qui restent appréciables.
Général
Au final, Katawa Shoujo, pourtant inachevé se situe directement dans mes visuals novels favoris (il faut dire que je n'en ais pas vu des masses) par son ton parfois grave, parfois léger, son humour mordant, ses situations extravagantes, et ses dialogues décalés. Pour des « amateurs », je trouve que le studio Four Leaf a fait un boulot remarquable ! Le plus dur va être d'attendre la suite vu le temps qu'ils ont mis rien que pour le premier acte, cela risque d'être délicat...sans compter que certaines scènes érotiques désactivables seraient de mise pour la suite. Affaire à suivre, et de près !
