Encore une fois je suis trop débordée pour rédiger le moindre billet, ce qui me pousse à délaisser mon blog perso. Cependant, une espèce de caprice curieux me donne envie d’expliquer le pourquoi du comment en détails. Cela fait bien 5 ans que je tiens ce petit coin de l’internet, même s’il vit au ralenti depuis un moment, et je me sens soudainement nostalgique. Je vous propose donc de partir en pèlerinage dans le passé, de la création de ce blog à aujourd’hui. Ce sera un post très « racontage de vie », je vous préviens, vous pouvez donc dès à présent passer aux dernières lignes si vous êtes là pour le contenu !
2009-2011
Je tiens La Mélancolie depuis février 2009, soit maintenant 5 ans. Je m’étais lancée dans l’aventure un peu au hasard alors que j’étais en première année de classe préparatoire littéraire (j’avais tout juste 18 ans). A l’époque, j’étais très mal. Mes années de collège et de lycée avaient été cauchemardesques, j’étais en dépression et complètement isolée, sans savoir quoi faire de ma vie. Je ne savais pas encore que j’étais née avec un handicap mais je le sentais déjà, tellement le monde entier (y compris ma propre famille) s’acharnait à me faire sentir que j’étais différente et que ce que je pouvais penser ou dire n’avait aucune foutue importance. Je vous épargne les détails larmoyants mais toujours est-il que j’étais venue chercher sur Internet quelque chose qu’on ne m’avait jamais accordé IRL : le droit de m’exprimer. C’était tout ce que je désirais.
Néanmoins, avec la faible estime de moi que j’avais, j’observais la blogosphère de l’époque avec une certaine admiration, j’essayais tant bien que mal de me fondre dans la foule et je n’osais pas réellement développer mon avis sur des sujets que je savais sensibles (si tout le monde trouvait tel anime génial, je ne pouvais pas avouer que ce n’était pas mon cas) ou même revendiquer une quelconque pertinence. Je n’étais qu’une poussière parmi d’autres.
Mais, ô surprise, il se trouve que l’exercice m’a plu bien au-delà de ce que je pensais. Je me suis rendue compte que j’aimais beaucoup écrire des pavés critiques sur mes animes préférés, j’ai fini par trouver mon style, mon rythme, ma voix, par prendre de l’assurance. Et en parallèle je pouvais discuter avec des inconnus, entrer dans de longs débats théoriques, avoir des contacts humains sans que mon handicap ne soit apparent. C’était vraiment tout bête mais ça m’a fait beaucoup de bien et j’ai commencé à aller mieux, à me dire que je servais un peu à quelque chose. J’ai donc continué à bloguer, plus ou moins régulièrement, de la classe préparatoire à ma 3e année de lettres modernes en essayant de m’améliorer.
2012
L’année 2012 aura vraiment été la charnière pour moi, le pivot, le moment où tout a commencé à changer. La mort dans l’âme, j’ai abandonné mon domaine de prédilection, la littérature, pour m’orienter vers une licence d’administration publique afin de me reconvertir en économie et en droit. Le choix aura été douloureux mais j’avais conscience de ne rien valoir pour le marché du travail et c’était finalement la seule piste que j’avais. Au final, je ne me suis pas si mal débrouillée puisque je suis allée jusqu’au Master 2, mais ce n’était pas non plus anodin.
Quelques temps après la rentrée, j’apprenais mon handicap chez un médecin spécialiste et toute ma vie a pris une nouvelle signification. Bien sûr, la nouvelle en soi ne changeait rien mais ce fut comme si on reconnaissait mon existence, comme si j’avais enfin le droit de vivre et de me défendre. Alors j’ai décidé de me battre, de lutter du mieux que je pourrais pour me faire ma place dans ce monde fou et chaotique. A cause du handicap, j’avais d’autant plus le devoir de donner mon avis, de faire entendre ma voix, de ne pas me laisser réduire au silence. Au nom de tous ceux qui n’ont pas eu ma chance, de tous ceux qu’on étouffe encore. C’est pour cela que j’ai redoublé d’efforts, je voulais être capable malgré tout de faire quelque chose.
Un peu plus tard, je fis la rencontre de la personne qui allait devenir mon associé dans le crime. J’avais toujours eu l’habitude d’être seule, parce que pas normale, parce que personne ne voudrait d’une handicapée, et cette personne a réussi à me prouver qu’il existait encore quelque part sur cette vaste planète des gens suffisamment tolérants et ouverts d’esprit pour ne pas juger selon la norme. C’était la première fois de toute ma vie que quelqu’un était prêt à me soutenir dans ce que je faisais, que je n’étais plus seule.
Dans le même temps, j’ai réussi à constituer une équipe de gens formidables, à me lier d’amitié avec eux et à doucement œuvré pour produire des visual novel, en commençant par un petit kinetic sans prétention. Ce n’était pas grand-chose mais c’était déjà le premier pas vers autre chose.
2013 – 2014
Depuis, ma cadence de travail ne s’est guère améliorée, oh non ! Tout d’abord, je suis mes études de master d’administration publique, je rédige des articles sur mon blog perso de temps en temps et j’essaye de réserver un peu de temps à ma vie sentimentale. En dehors de ce qui est pour l’instant toute somme classique, j’ai des activités plus éprouvantes telles que :
- Me battre au quotidien avec ce que je suis. Obtenir la reconnaissance de travailleur handicapé a été une petite épreuve et même avec le Saint Graal en poche les opportunités qui s’offrent à moi sont faibles – encore plus faibles que le peu dont disposent les personnes « normales », je vous laisse imaginer ce qui me reste (et la joie de devoir expliquer à ma famille que je ne mets pas de mauvaise volonté à ne pas trouver du travail). Je ne parle pas de la gestion au quotidien qui rend certaines tâches insignifiantes pour des gens normaux très fatigantes pour moi.
- Essayer de survivre financièrement. Avec mes études, mon handicap et les faibles opportunités de travail à côté, je n’ai que très peu de marge de manœuvre pour subvenir à mes besoins. Et comme ma famille est décidément très tolérante, elle décide que je n’ai qu’à me débrouiller pour avoir un job d’été et préfère dépenser son argent ailleurs (quelle drôle d’idée d’être handicapée aussi). La famille de mon colocataire de fortune, qui est bien plus dans la panade que la mienne, m’aide davantage qu’eux, c’est dire à quel point je peux compter sur mon entourage…
- Et par-dessus le marché gérer à moi toute seule l’organisation, la gestion et la communication d’une équipe de visual novel comme mentionné plus haut. Quand je ne décide pas de filer un coup de main à d’autres projets en lien avec le VN (rédaction pour le Projet Saya) ou de promouvoir le média un peu partout (récemment je me suis lancée dans quelques critiques sur le forum IndieMag pour essayer de faire découvrir le visual novel à la communauté).
Les objets vendus à la Japan Expo que vous pouvez précommander sur notre Indiegogo
Si vous suivez avec attention les péripéties de mon équipe sur notre devblog, vous aurez peut-être remarqué que le programme que l’on s’est fixé pour l’année 2014 est juste dément : en l’espace de quelques mois nous avons sorti l’épisode 2 de Milk, un petit visual novel bonus à l’occasion du Nanoreno, lancé une campagne Indiegogo, et nous comptons encore sortir l’épisode 3 à l’occasion de la Japan Expo et rester toute la semaine là-bas pour vendre nos produits et discuter avec qui le voudra. Arriver à gérer tous ces paramètres en même temps que mon stage de fin d’études a été mon challenge personnel et je n’en reviens toujours pas de m’en être sortie à si bon compte. Je suis soulagée mais je pense en avoir tiré une bonne leçon : ne jamais se donner autant de choses en même temps au risque de se surmener et de péter un câble…Reste que je suis fière d’avoir pu mener mon équipe aussi loin et j’espère encore que nous pourrons nous améliorer car il nous reste beaucoup de marge de manœuvre !
Au final, nous ne sommes même pas à la moitié de 2014 que je suis déjà pleine de désillusions sur ma vie professionnelle. J’ignore si la fatigue a joué mais je me suis rendue compte que l’administration publique était réellement une maison de fous : les fonctionnaires sont plein de bonnes volontés mais les structures sont tellement contraignantes que ça ne colle vraiment pas à ma personnalité. J’étais venue pour changer les choses et on me répond que d’accord, mais pas trop vite, parce qu’il y a trop de relous qui refusent de changer et qu’il ne faut pas les bousculer, sinon ils vont tout faire foirer. Il faut y aller lentement…très lentement… Trop lentement pour moi… Dommage car la fonction publique est justement l’employeur le plus tolérant en matière de handicap. Ce qui ramène sur le tapis la question qui m’a toujours hanté dès le début de ma scolarité : que vais-je faire de ma vie ?
Etrangement, je ne regrette pas tout ce temps passé sur les bancs de la fac. C’était un temps nécessaire pour me permettre d’avancer sur le plan personnel et de faire mûrir mes différents projets. Je crois que je vais utiliser ma dernière année de bourses pour rester étudiante une ultime fois et m’inscrire en préparation concours A, histoire d’accorder à la fonction publique sa dernière chance, avant de sans doute créer ma propre entreprise. Avec mon associé, on se demande si lancer un bar geek ou un manga café dans note ville ne serait pas une bonne idée. Bien sûr, cela demande une grosse somme de travail et il faut avoir conscience des risques et du contexte actuel du marché, mais dans un monde où toutes les portes sont fermées, je crois qu’il n’y a rien de plus fort que de se bâtir un avenir à la force de ses mains (et de son cerveau). Ce n’est pas la motivation qui manque, restera à trouver les sous qui vont bien, mais ce sera pour plus tard
Quelles que soient les opportunités qui se présenteront à moi, je compte poursuivre La Mélancolie aussi longtemps que je le pourrais et j’ai toujours des idées d’articles qui traînent dans les placards. Donc voilà, je suis une éternelle débordée en course contre le temps mais je ne vous oublie pas ;). D’ailleurs, si vous voulez me rencontrer pour discuter, je serais à Japan Expo sur le stand exposant de mon équipe (jetez un œil sur notre page Indiegogo si vous voulez nous soutenir), alors n’hésitez pas. Je promets que je ne mords pas, je suis même plutôt timide X).
Concernant les articles que j’ai en tête, est-ce que vous avez une préférence ? Je pense que ça me motiverait d’autant plus si je sais que le sujet est demandé. J’hésitais entre commencer par une analyse des films d’animation Mardock Scramble ou de jeux-vidéo tels que Dark Souls et The Stanley Parable. J’hésite aussi à parler de sexe vanilla dans les eroges suite à ma critique de Grisaia ou même de refaire entièrement mon billet sur Ever17... D’autres suggestions ? Un petit commentaire pour m’aider serait la bienvenue (ou sur Twitter et Facebook pour ceux d'entre vous qui m'y suivent).